"On a résolu le problème de la faim et de la pauvreté dans le monde ? On a supprimé les armes
nucléaires ? Oui ? J’ai l’impression que non, répond son père. Et alors pourquoi diable avoir changé d’année ?" C’est cet aphorisme de Mafaldita qui me vient à l’idée en ce début d’année 23.
La guerre en Ukraine bat son plein de désespoir et de destruction, la pauvreté n’a jamais été aussi
haute dans notre pays, les scandales de notre Église ont décidé de ne pas même attendre le jour de
l’Épiphanie, la manifestation de notre Dieu au monde. Alors diable pourquoi avoir changé d’année ?
J’imagine que vous connaissez Mafalda ? Cette petite fille argentine - qui vient donc de gagner la
Coupe du monde de foot - , enfant du dessinateur argentin Quino, décédé en septembre 2020. "Les Aventures de Mafalda" ont été dessinées entre 1964 et 1973. Quino livre à travers les yeux de cette fillette philosophe universelle, issue de la classe moyenne argentine sa propre réflexion contestataire sur le monde. Mafalda n'aime pas la soupe et critique la gestion de la planète par les adultes ; elle est très concernée par les problèmes économiques et sociaux, les inégalités, l'injustice, la corruption, la guerre, l'environnement…
Alors que nous sommes dans le temps de Noël, de l’enfant-Dieu, peut-être serait-ce le temps de l’écouter, Mafalda, et avec elle d’entendre pour de vrai les enfants, leurs angoisses et les espoirs.
Entrer non tant dans des résolutions – que nous ne tenons à peu près jamais - que dans une éthique
de la promesse. Celle-là même à laquelle nous invite l’enfant-Dieu. Lui qui tiendra sa promesse : se
faire le proche de tous, donner sa vie et ne rien prendre, rapter.
Entrer dans une éthique de la promesse. Au nom des enfants. Des enfants de demain, des enfants martyrs d’hier et d’aujourd’hui. De l’enfance qui demeure en chacun de nous, blessée trop souvent, heureuse mémoire aussi. Promesse de prendre soin de l’autre, de la terre, de l’avenir. Prendre soin de la dignité de tous, de l’intégrité, de la parole. Juste tenter de devenir, non sans chaos, non sans faille, des femmes et des hommes de la promesse d’être suffisamment fiables, d’ouvrir l’avenir, de respecter infiniment chacun, promesse de l’amitié. La promesse que nous ne déserterons pas le combat en faveur de l’humanité, de chaque humanité de chair et de sang.
Promesse qui oblige, nous oblige. Simplement faire notre métier de femmes et d’hommes. Faisons tout notre possible pour bâtir, planter, croire en vérité. Pour nous fatiguer pour ce temps. Il est celui de Dieu pour nous, avec nous, lui le Dieu de la promesse faite chair. Je vous laisse sur cet autre aphorisme de Mafalda : "Pourquoi au cours de cette nouvelle année ne nous mettons-nous pas une bonne fois à la construction si souvent différée d’un monde meilleur ?"
Véronique Margron op.
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