Chers amis, tu n’as qu’à décider d’arrêter de fumer ; tu n’as qu’à travailler et tu retrouveras le moral ; tu n’as qu’à voir la misère et tu penseras moins à tes soucis ; tu n’as qu’à prier et tu sauras quoi faire... Pire encore : tu n’as qu’à me suivre et tu ne pourras te tromper ! C’est le diable qui inventa ce procédé : les courts-circuits.
La Bible le raconte dès les commencements, avec la mère des vivants, Ève, face au serpent qui lui insinua : prends donc de ce fruit et vous serez comme des dieux… Fascinant. Le serpent, le médisant, le démon, même combat : diviser l’homme en lui-même et le séparer de la source. La femme et l’homme mangèrent, donc, et virent qu’ils n’étaient que des humains, désormais craintifs.
Du jardin antique ils entrèrent au désert. Ce premier dimanche de Carême rappelle combien les déserts introduisent doutes et peurs. Plus rien n’est sûr, la vie vacille, les forces manquent pour traverser, le cœur ne sait où scruter le chemin pour sortir de là. Déserts des solitudes trop arides, des douleurs d’affection, des crises de l’existence.
Alors si nous pouvions exercer un sortilège pour nous les épargner ? N’est-ce pas que vendent tant de marchands du temple et d’illusions, qui font fortune ? Solutions immédiates : tu n’as qu’à… Fascination du serpent. Ce qu’ont fait aussi tant de prédateurs dans notre Église.
Jésus, fils d’Adam, est conduit là. Affronté à sa condition limitée par la faim, le temps, la mort ; homme, seulement, qui pour espérer vivre, aimer, découvrir, doit consentir aux interdépendances. C’est l’homme mortel qui est vivant ; non le surhomme.
Pourtant. Magie des imaginaires de toute-puissance qui aujourd’hui toujours bafoue la primordiale dignité, pervertissent la Parole qui sauve. Envoûtement réussi du vieux menteur, rampant dans nos inconscients, qui susurre des raccourcis - il suffit que tu me suives, que tu m’obéisses, qui mènent dans l’abîme. "Revenir au Seigneur - nous disait le prophète Joël au mercredi des Cendres - c’est refuser les raccourcis de ces perprétrateurs qui ont brisé des vies et piétiné des espérances.
Jésus est et reste un homme et c’est ainsi que le Satan, vaincu, s’écarte. Le fils demeure fils, d’Adam et de Dieu. Il ne se laisse pas égarer par le mensonge de ce diviseur, qui sait si bien se servir de la Parole de Dieu, à l’instar des charlatans et prédateurs. Tous, ils pervertissent le meilleur du cœur de l’homme, sa générosité, son goût de comprendre, de croire, pour le retourner contre lui.
Le Christ signe sa vie d’homme. Pas d’autre voie pour dire son amour, le partager, l’offrir. Pour nous, 40 jours pour quitter la fascination du serpent, de tous les serpents, y compris ceux du dedans de l’Église. Marcher humblement, laborieusement souvent, avec tous et avec notre Dieu.
Seuls les mortels, faillibles, sont des vivants.
Véronique Margron op
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