Chers amis, il y a quelques jours, j’ai eu la chance d’être à Rome à l’Assemblée plénière internationale de supérieures générales. Des femmes responsables de près de 800 instituts religieux dans le monde. Avec elles alors un petit peuple de dizaines de milliers de religieuses engagées sur toutes les terres, sous toutes les latitudes humaines...
Très beau visage de toutes les couleurs de la vie religieuse. À travers lui, se dit avant tout une solidarité d’humanité. Toutes ces sœurs se font les proches de femmes et d’hommes, de toutes religions et situations. Tous sont estimés, épaulés de la même manière, et ces milliers de femmes leur sont présentes avec passion et générosité. Dans les quartiers, les villes, banlieues ou campagnes les plus lointaines.
Peut-être que là est le propre la vie religieuse, ce qui lui est commun, à travers une infinie diversité : faire du lien, tisser un réseau d’amitié, de solidarité. Bref d’humanité. Là est ce que j’aime par-dessus tout de cette vie. Son incarnation. Avant tout discours. Se faire proche et engagée. Une fraternité universelle, à l’aune de celle qui se célèbre ce dimanche à Rome avec la canonisation de Charles de Foucault.
Pourtant, je ne crois pas ignorer tous les problèmes qui traversent la vie religieuse comme l’Église catholique dans son ensemble. Scandales des abus de pouvoir, de conscience, spirituels ; sexuels aussi. Crises de gouvernance, infantilisation des personnes … Bref la liste est longue des maladies de la vie religieuse. Il faut les regarder en face pour espérer y remédier, un peu du moins.
En même temps il y a toutes ces femmes magnifiques, de tous âges. Y compris les plus vieilles aux rides mémoires de leurs présences actives auprès de vies douloureuses, trop seules, trop pauvres, trop cassées.
Le thème de cette assemblée - à Rome - était la vulnérabilité, cette vérité de chacun, de nos sociétés, de notre planète, de notre histoire. Si souvent nous la masquons, ou prétendons la dominer. Alors penser la vie et la vie religieuse à partir d’elle ce n’est pas déclarer que nous serions des toutes petites choses - ce que nous sommes tous en fin de compte ; des "bulles de savon" dit Sylvain Tesson - mais c’est dire qu’elle recèle un potentiel magnifique de transformation de nos existences.
Devant les mutations sans précédents auxquelles nos générations sont confrontées, le chemin de la vie religieuse n’est pas de s’adapter, mais bien de se transformer, du creux de la reconnaissance de notre vulnérabilité, de nos chaos. Le faire ensemble et pas sans d’autres que nous. Pas sans notre Dieu, lui qui est toujours neuf. Pas sans notre courage autant que notre créativité et notre ténacité. Invitation profonde et risquée. Celle de la vie fragile, précaire et belle dont nul ne peut prévoir le chemin.
Qu’espérer alors de toutes mes forces sinon qu’à sa très modeste mesure, la vie religieuse en ce temps et en ce monde réel contribue à l’histoire où nous sommes, à la rendre plus humaine.
Véronique Margron, op.
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