Véronique Margron réagit aux propos d'Éric Zemmour sur le port du voile, le 7 février dernier sur France inter : il qualifiait les "bonnes sœurs" de "professionnelles de la religion".
Lors d’un entretien à France inter le 7 février dernier, un candidat d’extrême droite s’est prononcé contre le port du voile dans l’espace public affirmant que son refus ne concernait pas, selon ses dires "les bonnes sœurs car elles sont des professionnelles de la religion, elles ne sont pas des gens comme les autres…"
La journaliste Sophie Lebrun, de l’hebdomadaire La Vie, a fait une très belle interview de Sr Françoise Petit, supérieure générale des supérieure générale des Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul (les Filles de la charité). Celles-ci sont présentes dans 96 pays, sur tous les continents et mêlées à toutes les cultures. Avec et sans voile, selon les situations donc.
Nous ne sommes pas des professionnelles de la foi mais juste de baptisées, essayant de vivre le plus pleinement possible une vie donnée au Christ et aux autres
Sr Françoise Petit affirme bien simplement et fortement que les religieuses ne sont pas, que nous ne sommes pas, des professionnelles de la foi mais juste de baptisées, essayant de vivre le plus pleinement possible une vie donnée au Christ et aux autres. Rien de plus. D’ailleurs, ajoute-t-elle avec plein de bon sens – évangélique – "je ne pense pas que ça existe".
L’habit ne peut être un absolu. Juste un signe possible qui doit respecter la culture et l’espace public. Il n’est nullement fait pour provoquer. Car "le plus beau signe - ajoute encore la supérieure générale de la compagnie de Vincent de Paul - c’est notre attitude".
Tout est dit. La vie religieuse - celle des femmes et celle des hommes - n’est au-dessus de personne. Elle n’est professionnelle de rien. Juste, autant qu’il est possible, chercheuse du Dieu de Jésus-Christ, avec bien d’autres. Désirant être un modeste et malhabile témoin de sa tendresse, de sa proximité, avec tout homme délaissé, esseulé, souffrant ou désirant. Témoin de l’amitié de Dieu.
Sur tous les continents, avec ou sans voile, avec ou sans habit spécifique, mais avec cœur et courage, la vie religieuse cherche à servir l’humanité de l’homme, afin qu’il vive et soit solidaire. Afin qu’il puisse croire et comprendre ce qu’il croit. Elle voudrait être signe que l’espérance n’est pas vaine. Qu’au creux des tragédies humaines, il est possible de traverser.
Un modeste et opiniâtre signe que notre Dieu se tient là, pour tous, au-delà de nos catégories, de nos confessions et religions. Invitant alors avec insistance au respect de chacun, de chaque tradition et de ses signes, dans la mesure même où ceux-ci honorent la liberté profonde de qui les portent. Dans la mesure même où chaque tradition religieuse s’engage du côté du respect de tous, de l’intégrité et de l’inviolabilité de la conscience de ses membres et de tout autre.
La vie religieuse, où qu’elle se trouve, est là pour être en conversation amicale avec ce temps, avec les femmes et les hommes dont elle partage l’existence. Elle n’a pas de leçon à faire et n’existe pas pour elle-même, mais bien pour humblement laisser paraître que l’Évangile du Christ est une nouvelle qui fait vivre aujourd’hui toujours.
Véronique Margron, o.p.
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