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Édito - Le rapport de la Ciivise, par Aymeric Christensen

RCF, le 22 septembre 2022 - Modifié le 17 juillet 2023
Le point de vue de 7h20Édito - Le rapport de la CIIVISE, par Aymeric Christensen

Souvenez-vous : il y a presque un an, Jean-Marc Sauvé remettait le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église catholique, qu’il présidait. On garde en tête ce chiffre choc : 330.000 victimes estimées depuis 1950. Et déjà, il y avait un autre chiffre, une autre estimation bien moins commentée à l’époque : 5,5 millions. Oui, 5,5 millions de personnes victimes de violences sexuelles, dans l’ensemble de la société française, avant même leur arrivée à l’âge adulte.

Aymeric Christensen est le directeur de la rédaction de La Vie ©Profil Facebook d'Aymeric ChristensenAymeric Christensen est le directeur de la rédaction de La Vie ©Profil Facebook d'Aymeric Christensen

Pourquoi reparler de ce chiffre en particulier aujourd’hui ?

 

Parce qu’hier, une autre commission, la Ciivise, a remis à son tour un premier rapport. La Ciivise, c’est la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants. Présidée par un magistrat, Édouard Durand, elle a été lancée dans la foulée de la Ciase pour faire la lumière sur ce qui est hélas le principal lieu d’agressions sur mineurs : les familles… Son but : mieux comprendre et lutter contre un phénomène qui détruit en silence des dizaines de milliers d’enfants – la Ciivise estime qu’ils sont 160.000 à subir ces violences chaque année.

 

Concrètement, la commission a recueilli en un an plus de 16.000 témoignages. Parmi les personnes entendues, 9 sur 10 sont des femmes ; 13% sont en situation de handicap ; et un quart des cas d’inceste ont débuté avant l’âge de 5 ans. Toutes décrivent des souffrances physiques et psychiques qui perdurent. Car les violences sexuelles ne sont pas seulement des agressions brutales, elles sont aussi un poison qui détruit la santé, la vie scolaire, professionnelle, familiale et sexuelle des victimes. Toute leur vie. Avec des répercussions sur celle de leurs proches. C’est bien pour cela qu’il est urgent de tout faire pour les éradiquer.

 

Malgré tout, ce rapport n’est qu’une étape dans le travail de la commission…

 

Mais une étape qui mérite toute notre attention. Si la Ciivise publie un premier bilan, c’est autant pour informer sur son travail et alerter que pour marteler des préconisations. Il s’agit aussi de peser sur les arbitrages budgétaires du gouvernement, qui ont lieu en ce moment, pour se donner des moyens à la hauteur de l’ampleur du problème.

 

Parmi ces recommandations, 5 sont urgentes :
1. Repérer systématiquement les violences sexuelles infligées aux enfants ;
2. Créer une cellule de soutien pour les professionnels, souvent isolés ;
3. Mieux lutter contre la pédocriminalité en ligne ;
4. Prendre en charge les soins spécifiques des victimes, dont le coût est souvent un obstacle à la reconstruction ;
5. Mener une campagne d’information nationale.

Et bien évidemment, ces préconisations ne sont que les plus urgentes…

 

Actuellement, l’Église catholique fait un travail de reconnaissance, de réparation et de prévention en son sein. Viendra le temps d’évaluer ce travail. Mais toute la société doit se saisir de cette question, et cela concerne là encore les chrétiens. Il faut lire les témoignages recueillis, il faut accepter de se confronter à l’horreur, c’est le seul moyen de l’éprouver pour nous sentir, tous, concernés. Nous avons des mots pour cela : compassion, conversion. Ils ne sont pas trop forts. Parce qu’un enfant abusé et agressé sexuellement, c’est une vie brisée en morceaux. Une seule, c’est déjà trop ; alors imaginez des centaines de milliers.

 

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