La Russie justifie la guerre hybride qu’elle mène contre les démocraties européennes, en se disant menacée par une extension de l’OTAN vers l’Ukraine. Je trouve extrêmement inquiétant que les dirigeants de l’OTAN continuent à retarder le moment de l’intégration de l’Ukraine dans leur organisation.
Ce moment est pourtant inéluctable puisque c’est la volonté de la majorité de la population ukrainienne d’intégrer l’OTAN. Je rappelle que l’OTAN est une organisation défensive qui ne menace personne. De plus, les grandes puissances occidentales comme la France, le Royaume Uni et les Etats-Unis ont garanti à l’Etat ukrainien à Budapest en 1994 la défense de son intégrité territoriale en échange de sa dénucléarisation. L’OTAN a promis à la Géorgie et à l’Ukraine de les intégrer déjà en 2008 à Bucarest. Elle ne l’a pas fait et le résultat a été la guerre déclenchée par la Russie en Géorgie en 2008 puis en Ukraine en 2014.
Le temps est donc venu de faire preuve de réalisme politique. C’est le sens de la déclaration de la ministre de la défense allemande Christine Lambrecht qui a déclaré le 19 décembre que la Russie ne pouvait pas "dicter aux partenaires de l’OTAN comment ils doivent se comporter". C’est également ce que répètent Jens Stoltenberg le secrétaire général de l’OTAN et Antony Blinken, le secrétaire d’Etat américain. Ce dernier a signé le 10 novembre avec son homologue ukrainien Dmytro Kuleba une charte stratégique commune garantissant à l’Ukraine la possibilité d’intégrer l’OTAN. Si les pays de l’OTAN veulent mettre fin à la guerre hybride menée par la Russie à ses frontières, elle doit intégrer l’Ukraine dans sa nouvelle stratégie lors de son prochain sommet à Madrid les 29-30 juin 2022.
Antoine Arjakovsky est historien, directeur de recherche au Collège des Bernardins, directeur émérite de l'Institut d'études œcuméniques de Lviv (Ukraine). Son dernier livre : "Essai de métaphysique œcuménique" (éd. Cerf). Il nous livre son regard sur l'actualité chaque semaine dans la matinale RCF.
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