Jusqu’à ses funérailles solennelles, le 19 septembre à Westminster, feue la reine Elizabeth nous quitte accompagnée des larmes britanniques et des grands éloges de nos médias. Mais plusieurs de nos médias sont moins chaleureux envers son successeur. Pourquoi cette tiédeur envers le roi Charles III ? Et pourquoi ces médias se demandent-ils (je les cite) s’il "sera à la hauteur" - c’est-à-dire : s’il aura de bons sondages ? Selon cette presse, c’est que Charles sera fragile parce qu’il a de vigoureuses convictions sur le système économique et l’état de la planète, alors que la règle du jeu à Londres veut que le souverain soit muet sur ce genre de sujets...
Mais dès ses premières paroles de roi, Charles a souligné qu’il imiterait la "loyauté" avec laquelle sa "maman chérie” ("my darling Mama") a respecté "les principes constitutionnels qui sont au cœur de cette nation". Autrement dit : selon la coutume, le roi ne dira rien qui puisse gêner les gouvernements ou diviser l’opinion.
D’ailleurs Charles III n’aura pas besoin de parler. Quand il était prince de Galles, il s’est tellement exprimé (et a tellement agi) pour le social et l’environnement, que tout le monde connait ses convictions. Il continuera à les incarner, même s’il ne les exprime plus.
Or les convictions de Charles III sur le social et l’environnement, de même que sa sensibilité visible et ses dons d’empathie, rejoignent l’esprit de notre époque et même les opinions d’une grande partie des populations du Royaume-Uni, surtout dans la jeunesse. C’est un atout considérable.
D’autant plus que cette sensibilité aux besoins de la planète paraît étrangère à la nouvelle Première ministre, l’ultralibérale Liz Truss, dont les premières annonces expriment une idéologie froide et un mépris évident envers la protection de l’environnement : mépris qui date des années 1980 et ne tient aucun compte du danger climatique. Par contraste avec une Liz Truss qui ramène quarante ans en arrière, le roi Charles III, malgré ses 73 ans, fera figure de défenseur moderne de la nature et de la société. C’est un beau paradoxe.
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