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La cour de justice des Philippines, par Antoine Besson

Un article rédigé par Antoine Besson - RCF, le 26 mars 2024 - Modifié le 26 mars 2024
Loin des yeux, près du cœurLa cour de justice des Philippines

LA CHRONIQUE D'ANTOINE BESSON - On en parle moins depuis l’élection de Ferdinand Marcos à la présidence des Philippines, mais c’est une réalité : ce dernier a continué la guerre contre la drogue initiée par son prédécesseur Rodrigo Duterte. Dans son rapport annuel en 2023, l’association Human Right Watch estimait à 8 663 les victimes de cette politique initiées en 2016 qui autorisent les forces de l’ordre et certains citoyens armés à tirer sur les dealers de drogue présumés.

© Antoine Besson / DR© Antoine Besson / DR

Il faut rappeler que cette guerre c'est aussi dans les rangs des plus jeunes que cette guerre fait des victimes. Dans les gangs, nombreux aux Philippines, les enfants des rues sont recrutés et utilisés depuis toujours pour transporter et écouler la drogue. Si ces derniers sont rarement assassinés dans la rue, ils sont souvent raflés par la police et enfermés en prison en attendant un jugement qui tarde à venir tant les tribunaux sont submergés par le nombre d’affaires. Enfermé dans des conditions sordides, la violence et la radicalisation est leur seul recours.

Apporter une aide par l'éducation

Il y aurait sans doute beaucoup à faire et de nombreuses associations et médias indépendants tentent d’infléchir la situation. Chez Enfants du Mékong, notre manière d’agir est différente. Nous ne sommes pas une association de lobbying, mais d’éducation. Une rencontre cependant nous a convaincus récemment que l’éducation pouvait profondément changer les choses à tout niveau. C’est celle de Manuel Abapo.

Manuel est un ancien filleul. Il décrit son parrainage comme un miracle ni plus ni moins ! Manuel est l’ainé d’une famille de 8 enfants, son père conduit des tricycles dans le quartier d’Inayawan sur l’île de Cebu. Les tricycles, vous savez, ce sont ces vélos avec un sidecar utilisés pour transporter un passager d’un endroit à l’autre à la seule force des mollets. "Certains soirs, nous nous couchions sans manger. Très tôt, mon père m’a expliqué que l’éducation était essentielle, que sans instruction, j’aurai toujours du mal à faire vivre ma famille." À 9 ans, Manuel est chiffonnier et trie les déchets dans la décharge. Adolescent, il devient à son tour chauffeur de tricycle : "Je me répétais sans cesse que ce n’était pas le travail que je voulais faire toute ma vie. J’ai eu la chance qu’EdM m’aide !" nous confie-t-il.

Loin des yeux, près du cœurLa cour de justice des Philippines

La justice aux Philippines

Grâce à son parrain qui a accepté de soutenir Manuel alors qu’il venait de nulle part et entreprenait des études longues, ce dernier est devenu avocat et travaille au tribunal pour aider les juges à délibérer dans les affaires pénales notamment liées à la guerre contre la drogue.
"Grâce à Enfants du Mékong, j’ai non seulement pu casser le cercle de la pauvreté et devenir un avocat respecté, mais j’ai aussi appris à m’occuper des autres, à rendre ce que j’ai reçu et a faire la différence en le bien et le mal. Certaines nuits, je dors mal en repensant aux affaires que j’instruis. J’ai appris que tout le monde a droit à une seconde chance !"

Ce qu’avoue à demi-mot Manuel, c’est que lui aussi, dans sa jeunesse miséreuse, a succombé aux sirènes de la drogue, aux échappatoires chimiques ou de fumées. "Mais tout a changé quand j’ai été parrainé, affirme-t-il, parce que quelqu’un se souciait de moi."
Le voilà sans doute le vrai miracle : un enfant sauvé de la drogue grâce à un parrain et à l’éducation qui travaille aujourd’hui dans les cours de justice pour aider tous les autres enfants victimes des mêmes influences qu’il a connus par le passé. Comme quoi il faut toujours croire aux miracles sans oublier pour autant qu’ils ont rarement lieu là où on les attend !

Toutes les informations pour un parrainage possible sur le site de Enfants du Mékong

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