LE POINT DE VUE DE BLANCHE STREB - François Bayrou souhaite scinder en deux le texte de fin de vie concernant les soins palliatifs et le suicide assisté. Blanche Streb, auteure de Grâce à l'émerveillement, nous touche quelques mots sur la solitude, phénomène qui selon elle favorise les idées noire chez les jeunes et les plus âgés.
Jeudi 23 janvier était la journée mondiale des solitudes.
Elle n’a jamais été aussi répandue. Plus d’un Français sur quatre souffre d’un sentiment de solitude. 530 000 aînés sont en situation de mort sociale, c’est-à-dire ne rencontrant personne. Ces
chiffres sont de l’association Petits Frères des Pauvres qui appelle même les pouvoirs publics à créer un observatoire de la mort solitaire, parce que le stade ultime, c’est mourir seul. En 2024, trente
personnes ont été retrouvées mortes chez elle, plusieurs jours, mois ou années après leur mort… Plus d’un tiers des 25-39 ans se sentent particulièrement seuls, soit deux fois plus que les 60-69 ans, selon l’étude de la Fondation de France publiée hier.
Plus d’un Français sur quatre souffre d’un sentiment de solitude.
C’est multifactoriel. La dislocation des familles, l'éloignement géographique, les ruptures, la précarité, le télétravail, le chômage, l'individualisme, le tout écran. Ça s’installe petit à petit. Par nos modes de vies. On peut tout faire seul, à distance. Ses courses, ses papiers. En virtuel. On perd l’habitude du lien réel. On ose plus aller vers l’autre, on a peur de déranger.
L’importance des liens, justement, avec les lois sur la fin de vie, c'est dire et savoir qu’on a du prix, tous et chacun. Parce que même si les demandes d’euthanasie ou suicide assisté sont extrêmement rares, il n’y a de demandes que quand il y a souffrance non soulagée. Or, parmi les souffrances, on ne peut occulter celle du sentiment de solitude. Un sentiment qu’on peut ressentir même si on n’est pas seul. On constate aujourd’hui, et c’est préoccupant, que de plus en plus de personnes se voient comme un poids pour les autres ou pour la société. Ce sentiment-là est terrible, mortifère. Il s’installe sournoisement dans notre culture. Et la société de la solitude l’aggrave. Et on le sait, il s’amplifie dans les pays qui autorisent suicide assisté ou euthanasie.
De plus en plus de personnes se voient comme un poids pour les autres ou pour la société.
Claire Fourcade témoigne de l’importance cruciale de son métier et lutte courageusement pour rappeler qu’euthanasie et suicide assisté ne sont pas des soins mais un abandon, disait aussi que son travail consiste à rappeler à ses patients qu’ils comptent pour elle. Et au-delà, qu’ils ne comptent pas seulement pour les soignants, mais pour toute la société. L’enjeu est là. C’est un enjeu de société. D’humanité. De fraternité. De civilisation.
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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