République démocratique du Congo
Il est des femmes et des hommes qui sauvent le monde. Véronique Margron évoque aujourd'hui ces "colosses d'humanités". Ce voisin, ce collègue ou cet ami qui nous sauve chacun et chacune. Ces rencontres qui changent la vie. Elle raconte notamment sa rencontre avec l'un deux, le docteur Denis Mukwege.
Chers amis,
Il est des femmes et des hommes qui sauvent le monde. Dont l’humanité pleine, la présence, l’action, la pensée, donnent encore courage en notre temps, malgré tout. Malgré les cyniques, les menteurs ou ceux qui ne semblent n’avoir pas d’autres intérêts qu’eux-mêmes, quitte à en précipiter d’autres dans le désespoir, la mort, la misère.
Il est des femmes et des hommes qui nous sauvent chacune et chacun quand nous nous perdrons nous aussi dans les calculs, les replis, l’indifférence et la défiance.
Si nous y regardons bien, je crois que chacun de nous en connaît. Dans ses proches, ses voisins, ses collègues, ses amis. Dans l’ordinaire du temps.
J’ai eu le privilège immense de rencontrer, il y a maintenant bien des années, un de ces colosses de l’humanité. Tête de pont de tout un peuple de vies meurtries et pour beaucoup relevées, aujourd’hui militantes et combattantes de la justice, des droits et de la dignité.
Cet homme est désormais bien connu et j’en ai déjà parlé dans cette chronique, le docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix, gynécologue à la clinique Panzi de Bukavu dans le sud Kivu
de la République démocratique du Congo.
Inlassable combattant pour sauver et restaurer le corps mutilé des femmes et des enfants. Le corps, mais alors l’âme aussi dans une approche
toujours globale de la personne. Depuis l’ouverture de Panzi, plus de 55 000 femmes et enfants y ont été soignés.
Au cours de ce printemps, Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste, s’est rendue à Bukavu afin que tous deux mettent en place ensemble un travail de recherche sur la capacité psychique de relèvement des femmes victimes de violences sexuelles extrêmes, de viol comme arme de guerre.
Ils ont ainsi créé une chaire de philosophie afin d’étayer la compréhension ce qui vient aider ces femmes, spécialement les chants, la danse, les arts. Car dire les mots, raconter le trauma est bien souvent impossible pour elles et pour longtemps.
Avec ces recherches, c’est bien de transformer la vulnérabilité en compétence dont il s’agit, s’appuyant sur le « savoir expérientiel » forgé au cours de ce que ces femmes ont subi de déflagrations, mais aussi à travers les parcours de soins. C’est encore tous les soignants qui font face à ces traumatismes d’au-delà du pensable qu’il s’agit de soutenir et d’accompagner afin qu’ils puissent continuer leur engagement.
Dire alors mon admiration et ma gratitude immense à toutes celles et ceux qui de par le monde mettent leurs excellences autant que leur humanité et leur courage au service de toutes les vies meurtries ou abandonnées. Ils sont notre socle pour, à nos mesures, ne rien céder à la lassitude, à la violence, au mépris.
Durant l’été gardons le cœur éveillé je suis sûre que nous allons croiser de ces colosses de l’ordinaire !
Sr Véronique Margron est religieuse dominicaine, présidente de la Corref (Conférence des religieux et religieuses de France). Chaque semaine, écoutez son édito dans La Matinale RCF.
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