LA CHRONIQUE DE BENOIST DE SINETY - L’une des plus grandes catastrophes de la modernité est la complexification considérable des formalités administratives.
Bien sûr, Astérix en témoigne, la tendance ne date pas d’hier. Dès lors qu’il y a des codes, des lois, des personnes pour veiller à leur application, les questions d’interprétations, de légalités, et la notion d’exception, ouvrent sur de vastes débats et des démarches qui parfois n’en finissent pas.
Quand plus personne ne comprend, c’est là que la complexité commence
Mais l’accélération du temps et la démultiplication des possibles provoquent un emballement des normes et des décrets que personne n’a plus le temps d’assimiler. Et quand plus personne ne comprend c’est là que la complexité commence.
Les tracasseries auxquelles nous sommes tous exposés dans notre quotidien viennent des difficultés d’abord à trouver des interlocuteurs compétents, disponibles et disposés à perdre du temps avec des citoyens qui ne comprennent pas grand-chose aux articles et aux procédures.
Il y a trois ans, je cherchais à céder ma vieille voiture. Le site Internet par lequel obtenir un certificat de cession fonctionne bien. Quelques données rapidement saisies. Tout semblait devoir se passer au mieux. Mais, patatras, un message en lettres rouges s’affiche en m’informant que la cession n’était pas autorisée, tout en m’invitant à chercher par moi-même la raison du refus. Un ami, gendarme, regarde si ma voiture est signalée pour quelque délits ou contravention : rien ne s’affiche. Il faudra des mois de démarches - coups de fils qui se perdent dans les limbes, portes closes, service pourtant signalé à telle adresse sur les sites autorisés et qui finalement a déménagé – pour découvrir qu’il y avait eu sur les vingt années quelques PV non réglés. Résultat des heures de perdues, une patience rudement mise à l’épreuve. Et après on s’étonne que des gens laissent leur voiture en épave dans la forêt ou y mettent le feu.
Autre exemple : un jeune entrepreneur, encouragé par la ville où il est installé, à demander une bourse pour lancer son affaire. La promesse est alléchante. Mais jour après jour, la procédure se dévoile dans sa complexité délirante : des tableaux, des formulaires qui exigent d’avoir sur son ordinateur les logiciels adéquats pour les lire, et des compétences dans tous les domaines qu’un auto-entrepreneur a du mal à réunir à lui seul. Des semaines de travail qui lui font prendre un retard considérable sur la pratique de son métier.
Les agriculteurs s’étranglent devant les normes et les carcans administratifs qu’on leur impose, chaque année plus insupportables. La simplification c’est d’abord l’accès rapide et simple à la bonne information. Est-ce pour autant compatible avec un comportement individuel qui exige toujours plus de garanties et d’assurances contre le moindre risque ?
Il est assez paradoxal d’exiger d’autrui ce que nous rechignons à porter nous-mêmes, de vouloir être toujours plus protégés contre les moindres risques tout en nous révoltant contre les conséquences que cela provoque, par contagion, à tous les degrés de notre société.
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