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De Matignon au Vatican, la communication ne pourra jamais remplacer l’action

Un article rédigé par Benoist de Sinety - RCF, le 12 janvier 2024 - Modifié le 16 janvier 2024
Tribunes chrétiennesDe Matignon au Vatican, la communication ne pourra jamais remplacer l’action

Quelle que soit la composition du nouveau gouvernement, il aura la tâche lourde tant les attentes sont élevées et impatientes. C’est qu’il y a un moment où la communication ne peut remplacer l’action.

Benoist de Sinety / Hans Lucas - P GaillardinBenoist de Sinety / Hans Lucas - P Gaillardin

A tort ou à raison, la défiance s’amplifie envers toutes les institutions. Pour la regagner on peut tabler sur des opérations de séduction mais l’effet est de courte durée et se conclue souvent par un rejet encore plus grand. Ou alors en essayant la vérité. Dire la vérité : voilà un programme. La vérité sur là où l’on est. La vérité sur ce qu’il se passe. La vérité sur les défis à venir demain et après-demain. 

Les mots forts doivent être suivis d’actes concrets

Beaucoup soulignent la manière qu’a eu l’ancien ministre de l’Éducation Nationale de parler en vérité sur les problèmes de l’école : baisse du niveau, nécessité d’une plus grande discipline et du respect... Il n’y aurait rien de plus catastrophique que cette manière de procéder ne soit qu’une stratégie de communicant ou une posture. Elle doit être suivie d’actes très concrets. Et que ces actes ne se réduisent pas à des décisions verticales qui descendent du sommet de l’Olympe parisien pour s’imposer à tous. 

Mais que l’on prenne le temps non pas simplement d’écouter mais bien de réfléchir avec. Avec ceux qui sur le terrain connaissent la vie quotidienne loin des sirènes et des cortèges officiels. Avec ceux qui s’inquiètent de constater que malgré un dévouement et une imagination infatigable, leurs conditions de vie et celle de leur entourage se dégrade mine de rien. Avec ceux qui s’épuisent à aider les autres et qui sentent de plus en plus la lassitude de la goutte d’eau qui peine à former l’océan.

Il y a quelque chose d’un peu déconcertant à voir combien le débat sur la bénédiction entame le peu de crédit qu’il restait aux chrétiens dans notre société.

Et il en va de même en Eglise. Il y a quelque chose d’un peu déconcertant à voir combien le débat sur la bénédiction entame le peu de crédit qu’il restait aux chrétiens dans notre société. On avait naguère ferraillé sur le sexe des anges. Qu’on en soit arrivé à se demander si tel ou tel pouvait être béni alors qu’on agite volontiers le goupillon sur des cartables ou des troupeaux de bétails en dit long sur notre déclin.

La responsabilité de chaque baptisé

Ne sommes-nous pas appelés à porter sur la création et donc sur l’homme le regard que Dieu lui porte ? Et ce regard n’est-il pas bénédiction ? Lorsqu’à la fin de la messe le prêtre bénit l’assemblée il ne bénit pas une masse informe, mais des personnes. Leur demande-t-il avec qui ils ont passé la nuit et ce qu’ils feront la nuit suivante ? Est-il donc impossible de croire que la Parole de Dieu et la Présence du Christ ressuscité puissent nourrir les consciences et éclairer chaque croyant sur ce à quoi il est appelé ?

On ne gouverne pas un peuple en lui faisant croire qu’il est de plus en plus adulte, tout en se gardant bien de l’associer à la conduite des affaires importante

Comment peut-on dire qu’il est indispensable que chacun puisse s’enraciner dans une relation personnelle avec le Seigneur, se laisse conduire par lui, et dans le même temps s’entêter à savoir pour les autres quelles limites poser à cette relation ? On ne peut pas dire aux baptisés « Annoncez l’Évangile du salut » et décréter que l’Eglise, au nom d’une expertise de plus en plus conceptuelle, ne permettrait cela qu’à ceux réputés sans péché. Pas plus qu’on ne gouverne un peuple en lui faisant croire qu’il est de plus en plus adulte tout en se gardant bien de l’associer de trop à la conduite des affaires importantes. Comme si le suffrage suffisait à la compétence, ou la grâce seule à donner la capacité.
 

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