Une nouvelle décision juridique est intervenue la semaine dernière à propos de l’exposition des mineurs à la pornographie. De quoi s’agissait-il ?
C’est une étape dans une affaire au long cours. Le "gendarme de l’audiovisuel", qui s’appelle maintenant l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) s’oppose à cinq sites pornographiques qui ne mettent pas suffisamment de barrières pour empêcher l’accès des mineurs à leurs contenus.
En effet depuis la loi du 30 juillet 2020, l’Arcom a le pouvoir de demander le blocage d’un site pornographique s’il constate qu’il est accessible par les mineurs. Or, depuis décembre dernier, l’Arcom demande - en vain - à ces cinq sites de mettre en place des systèmes de contrôle efficaces.
La semaine dernière, la Justice n’a pas tranché dans le sens d’une interdiction et a enjoint l’Arcom de rencontrer un médiateur pour renouer le dialogue avec ces sites et trouver ensemble un moyen d’empêcher leur accès par les mineurs.
Vont-ils trouver un terrain d’entente ? La réalité est qu’il n’existe pas de solution technique pour filtrer efficacement les mineurs à l’entrée des sites. La loi de 2020 a reporté sur les sites la charge de trouver des solutions. Certains pays, comme la Grande-Bretagne, ont tenté de mettre en place des solutions avec le numéro de la carte bancaire, par exemple. Mais cela pose des problèmes de protection des libertés individuelles. Comment sortir de ce dilemme ?
Nous sommes devant une grande hypocrisie : si la pornographie est mauvaise à 18 ans moins un jour, elle l’est aussi à 18 ans et un jour ! La pornographie est une gangrène dans les relations homme-femme, une addiction sans produit extrêmement puissante. Le problème de fond est sa tolérance sans frein sur les réseaux et son accès par tous en quelques clics.
À la demande des AFC, l’Académie de médecine s’est emparée de ce sujet au début de l’année 2022 pour tenter de documenter l’impact de l’exposition des jeunes à la pornographie. Nous leur avons demandé à cette occasion de reconnaître la pornographie des mineurs comme un problème de santé publique. Espérons que l’avis des académiciens contribuera à une prise de conscience de ce fléau.
Pour les parents, les AFC viennent de faire paraître "12 questions à se poser pour protéger ses enfants de la pornographie" (éd. Téqui). À acheter en librairie ou auprès de son AFC au prix de 5€.
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