
Les inondations ont refait la une de l’actualité ces dernières semaines, après d’importants épisodes cet automne. L’Ouest de la France a été fortement touché, et notamment la ville de Redon. Marie-Hélène Lafage aborde ce sujet sous l’angle des solutions.
En France, le risque d’inondations concerne un habitat sur quatre. C’est considérable !
A chaque fois qu’une inondation se produit, on assiste à la rencontre de deux éléments : d’une part, de fortes pluies ; d’autre part, un terrain dans l’incapacité de les absorber. La rivière sort de son lit, les sols sont gorgés d’eau, l’eau monte au lieu de s’évacuer. C’est là qu’intervient le changement climatique : parce qu’on sait, avec les rapports du GIEC, que les fortes pluies sont de plus en plus fréquentes, notamment à l’automne. Plus l’air est chaud, plus il se charge en vapeur d’eau, susceptible de déclencher des pluies intenses.
De l’autre côté, sur le terrain, on a aussi construit ces dernières décennies dans des secteurs exposés aux inondations, changement climatique ou non. Enfin, le fait de bétonner et d’imperméabiliser les sols a encore augmenté le problème. Donc oui, avec le changement climatique, il y a plus de risques d’inondations aujourd’hui, mais on doit aussi s’intéresser à l’urbanisme.
Il existe bien des plans de prévention des risques, des plans locaux d’urbanisme, des aménagements comme des digues. Il y a des obligations légales du côté de l’État et des communes. On dispose de cartes des zones inondables. Les documents d’urbanisme les prennent en compte. Les collectivités peuvent aussi réaliser des Programmes d’Actions et de Prévention contre les Inondations, pour anticiper les risques et mettre en place des actions d’aménagement, avec des fonds de l’État. Tout n’est pas parfait, mais en tout cas, ce qu’on peut dire aujourd’hui, c’est que le changement climatique nous demande de mettre à jour nos prévisions ! Les modèles existants, où l’on prend comme référence telle grosse crue dite centennale - parce qu’elle arrive tous les cent ans en moyenne - s’avèrent dépassés. Il y a aussi l’évolution de l’urbanisation, qu’on a déjà évoquée, qui empire le problème : la destruction de zones humides qui jouaient un rôle de tampon, la bétonnisation de zones qui auparavant servaient à absorber les crues… C’est ce qu’a notamment dénoncé l’association Eau et Rivières de Bretagne, à propos de la situation à Redon.
Pour faire face aux inondations, les collectivités vont devoir amplifier leur action et auront grandement besoin du soutien de l’État. Mais parmi les solutions existantes, il va falloir aller vers des solutions que l’on appelle « transformationnelles », parce qu’elles constituent un changement profond. Cela signifie bien sûr d’intervenir sur l’aménagement : on sait que des quartiers vont devoir être délocalisés dans les années à venir, et on ne peut plus urbaniser comme avant. Mais il y a une autre voie qui est de plus en plus explorée : celle de ce que l’on appelle les "solutions fondées sur la nature" : restaurer les zones humides, redonner aux rivières de la place, recréer des méandres au lieu de canaliser l’eau. On redonne aux milieux des capacités pour absorber l’eau. Et bonne nouvelle : c’est positif pour la biodiversité et pour les sociétés !
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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