POINT DE VUE DE MARIE-HELENE LAPAGE - Le 4 avril dernier, une proposition de loi visant à interdire les PFAS a été adoptée à l’Assemblée nationale. Les révélations de différents médias ont permis de découvrir le problème de ces substances utilisées par les industries.
Depuis quelques semaines on parle beaucoup d’eux ! Les PFAS sont une catégorie de composés chimiques synthétiques. Ils n’existent donc pas à l’état naturel : à partir des années 40, on s’est mis à les fabriquer en liant des atomes de carbone et de fluor. Dans le jargon, on parle de substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées. Les molécules ainsi obtenues ont une exceptionnelle stabilité et sont difficiles à altérer.
On comprend bien pourquoi elles ont été largement utilisées par les industriels ces dernières décennies – avec des milliers de variantes - dans l’élaboration de produits « résistants » : des textiles, des emballages, des revêtements antiadhésifs, des vêtements et équipements de lutte contre les incendies, des cosmétiques, des produits phytosanitaires… Et bien sûr on pense au revêtement anti-adhésif qui a fait le succès d’une certaine marque de poêles bien connue... Mais l’extrême résistance des PFAS est aussi leur problème : c’est ce qui en fait des « polluants éternels », qui persistent autant dans l’environnement que dans le corps humain.
On n’est qu’au début des découvertes scientifiques sur les impacts des PFAS sur la santé ! Quand il s’agit de composés de petite taille en particulier, ils pénètrent facilement dans l’organisme. Ils peuvent alors agir comme des perturbateurs endocriniens, qui déstabilisent le système hormonal. Ils ont des effets cancérigènes, un impact sur l’augmentation du taux de cholestérol, des effets sur la fertilité et le développement du fœtus, sur le foie et sur les reins. On parle déjà du problème des PFAS comme du plus grand scandale sanitaire du siècle, parce qu’ils sont partout, à plus ou moins haute dose ! En 2019, une étude menée par Santé Publique France a en effet montré que nous sommes toutes et tous contaminés, avec au moins un type de PFAS détecté dans le sang.
Les sources de contamination, au-delà des produits qui les contiennent, sont les usines qui en fabriquent et en utilisent comme à Lyon ou à Rumilly en Savoie, mais aussi l’eau et l’environnement où ils sont rejetés et, par là même, notre alimentation… C’est pour ça que c’est une question de santé environnementale – de santé liée à la qualité de notre environnement.
La proposition de loi du député écologiste Nicolas Thierry, adoptée le 4 avril dernier, est une première victoire contre les PFAS, sur le terrain de la pollution industrielle. Elle permet d’interdire la fabrication, l’importation et la vente d’un ensemble de produits contenant des PFAS à échéance 2026 – cosmétiques, textiles, habillement, farts pour les skis – ou sinon 2030 – par exemple pour les vêtements de protection des professionnels, comme les pompiers. Elle s’appuie sur le principe de pollueur-payeur pour faire payer aux industriels le traitement des pollutions, notamment dans l’eau. Elle généralise les contrôles sur l’eau potable.
Même si la forte mobilisation du groupe SEB contre le texte, relayée par certains députés, n'a pas permis d’inclure les ustensiles de cuisine dans la loi, elle a l’immense mérite d’avoir sensibilisé l’opinion, en envoyant un message aux industriels. Reste à présent le passage au Sénat. Reste aussi, par ailleurs, que les pesticides en contiennent une dose croissante, qui se retrouve dans notre alimentation. On est ici qu’au début d’un combat politique, pour l’écologie et la santé.
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