Bordeaux
Une proposition de loi visant à interdire les polluants éternels, les per et polyfluoroalkylées communément appelés PFAS, sera examinée à l’Assemblée ce jeudi 4 avril. Cette proposition est portée par le député écologiste Nicolas Thierry. Les PFAS sont au cœur du débat à cause de leurs propriétés néfastes pour la santé et l'environnement. De quoi s'agit-il ? Pourquoi sont-ils nocifs ? Une émission Je pense donc j’agis présentée par Anne Kerléo.
À Lyon, la Métropole attaque en justice deux géants de la chimie qu’elle accuse de rejeter ces substances et auxquels elle veut voir appliquer le principe de pollueur-payeur. Une action a été menée début mars par Extinction Rebellion et Youth for climate contre l’une de ces 2 entreprises, Arkema.
Le 4 mars, la Préfecture du Rhône a demandé aux habitants de la zone proche de cette entreprise de ne consommer ni eau, ni fruits et légumes de leur potager à cause des risques de contamination aux PFAS.
Appelés "polluants éternels", ces produits chimiques sont composés, d’une part, d’atomes semblables chimiquement à l’huile. D’autre part, ils sont formés avec des molécules aimant l’eau et qui fuient l’huile. Avec cette composition, les PFAS sont particulièrement stables et difficiles à dégrader. "Ce sont des substances chimiques à longue durée de vie qui peuvent contaminer la nourriture et s'accumuler dans notre corps", explique Anne-Sophie Novel, journaliste et spécialiste des enjeux environnementaux et de leur traitement médiatique.
Ils peuvent contaminer la nourriture et s'accumuler dans notre corps.
En effet, désignés comme perturbateurs endocriniens, ces produits chimiques ont un impact évident sur la santé, créant des maladies et des cancers. Pourtant, ce sont des substances que l’on retrouve dans notre quotidien, dentifrice, poêle de cuisson, etc. Ce sujet est un problème de santé publique. D’ailleurs, sorti en 2019, le film de Mark Ruffalo, Darks Waters, met en lumière ces pratiques peu écologiques et très meurtrières pour l’homme et l’environnement.
Benoît Hervieu-Léger, journaliste à la revue Projet, revue jésuite éditée par le CERAS, explique que par le problème de santé public, la conscience écologique peut encore grandir et se dynamiser. Mais il s’agit aussi de mener des actions concrètes afin d'accélérer le changement. D’après le rapport du GIEC de 2023, les chercheurs montrent les priorités sur lesquelles se pencher. "Le modèle de production en amont est évidemment problématique", affirme Benoît Hervieu-Léger, proposant alors une amélioration à la source.
C’est un changement de mode de vie qu’il faut préconiser.
Par ailleurs, les gestes du quotidien à la portée de tous sont un bon point de départ. Par exemple, privilégier des produits respectueux de la santé comme une poêle en fonte ou en inox. "C’est un changement de mode de vie qu’il faut préconiser. Pour aider à une évolution, il faut aussi réinvestir le champ politique et pour ça on peut bien voter", préconise Anne-Sophie Novel. Devenir acteur pour éviter toutes contaminations au PFAS est accessible à tous.
"Sur la forme, au niveau local, il y a des acteurs qui mettent en place des actions", rassure Adrien Louandre, membre du jeune collectif chrétien écologiste "Lutte et contemplation". Des responsables politiques locaux et des activistes à Lyon luttent contre une pollution concrète, bien réelle. Ils utilisent différents outils : recours en justice, occupation d’usine, interdiction de consommation. En outre, les députés écologistes, avec le projet de loi débattu le 4 avril, veulent l'interdiction de la fabrication, de l'importation et de la mise sur le marché des produits contenants des PFAS. Cette loi permettra une amélioration concrète pour solutionner ces cas. Bien que votées, les lois ne sont pas toujours appliquées. Benoît Hervieu-Léger appelle à se méfier "d’une catégorie d'hypocrites qui déplorent les effets et ne s’attaquent pas à la cause."
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