LA CHRONIQUE DE BENOIST DE SINETY - Il y a quatre ans jour pour jour commençait le premier confinement. Des études récentes viennent confirmer ce que beaucoup constatent au quotidien : l’immense malaise de la jeunesse.
Malaise psychologique : plus de 40% des trois millions d’étudiants recensés dans notre pays, souffrent ou ont souffert de dépression.
Malaise économique lorsque les prix de l’immobilier explosent dans la plupart des villes étudiantes et que les jobs se font de plus en plus précaires. Il n’est plus rare d’entendre des étudiants expliquer qu’en contrepartie de leur embauche on exige d’eux qu’ils acceptent que leurs heures supplémentaires ne soient pas rémunérées et un certain nombre de conditions illégales et iniques.
Une solitude pesante dans un mode de vie de plus en plus virtuel où tout semble accessible depuis son écran : depuis la livraison de pizza aux aventures amoureuses. Devant la dépression souvent, trop souvent, l’entourage se contente d’encourager : "Allez, prends sur toi, ça va aller". On oublie qu’il s’agit d’une maladie et pas d’un caprice. Celui qui en souffre vit souvent cette pathologie comme une honte, surtout s’il est jeune et réputé en bonne santé : "Mais enfin, tu as tout pour être heureux, entend-il murmurer autour de lui. Franchement, secoue-toi un peu !".
Il y a sans doute la fameuse question du sens, l’actualité qui s’affole, les bruits de bottes. Oui il y a tout cela et sans doute le sentiment qu’un nouveau chapitre de notre histoire est en train de s’ouvrir sans que nous en sachions encore le récit. Et pour cause : c’est à eux de l’écrire en grande partie.
Ce futur ne sera que dans la fraternité : ils le savent eux qui souvent, se tournent vers celui qui n’a rien. Maraudes, séjours de coopération à l’étranger, engagements associatifs pour venir en aide aux démunis... les idées ne manquent pas et l’enthousiasme non plus si j’en juge par la demande de vente de gâteaux dans les églises de centre-ville !
Mais les actes de générosité, pour nobles qu’ils soient et sources d’espérance aussi, ne peuvent exempter du regard vigilant et bienveillant sur celui qui s’assoit à mes côtés dans l’amphi, au "décrocheur" qui disparait sans prévenir d’un groupe de TD, au souci de faire place à celui qui est seul, à l’écart, un peu blafard et le regard inquiet.
Être le gardien de son frère, c’est apprendre à repérer les petits signes de détresse, de tristesse, qui ne s’affichent pas mais qui percent parfois quand on parle, quand on rencontre. Quand on se rencontre. Ils sont nombreux ceux qui disent ne pas échanger avec un seul de leurs camarades en une longue journée. L’enjeu missionnaire au sens le plus noble du terme, c’est-à-dire au sens de témoignage de notre foi, me semble être pour chacun et notamment pour les étudiants qui veulent suivre le Christ, de chercher à être disponible aux silences de leurs frères, de ne pas avoir peur des ténèbres non plus où parfois la rencontre de l’autre nous entraine.
Car nous avons entre nos mains, la lumière qui ne s’éteint jamais. Fragile, parfois à peine perceptible, elle nous donne toujours d’y voir assez clair pour avancer pas à pas sur un chemin compliqué où nous entraine Celui qui nous rassure. Elle nous dévoile, cette lumière, la vie de l’autre comme un trésor à chérir et à respecter.
Chaque jour, dans la matinale RCF, la parole est donnée à un membre de l'Église catholique ou de l'Église protestante.
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