Face à un échec, une déception ou une épreuve, nous pouvons nous traiter avec douceur et bonté. C'est le principe de l'auto-compassion, qui se développe de plus en plus aujourd’hui, notamment en psychothérapie. Elle nous apprend à briser le cercle vicieux de l'autocritique. Et à développer une voix intérieure plus soutenante.
Qu’est-ce que l’auto-compassion ? L’auto-compassion, c’est "se connecter à sa propre souffrance et mettre en place des choses pour essayer de nous apaiser, de nous réconforter, de nous soulager", explique Marine Paucsik au micro d’Anne-Laure Drouard-Chanel. Psychologue clinicienne et psychothérapeute, elle est enseignante à l'école des psychologue praticiens et co-auteure d'un livre à paraître sur la thérapie fondée sur la compassion (éd. Elsevier). Elle observe que l’auto-compassion se développe de plus en plus aujourd’hui, notamment en psychothérapie.
Plutôt que d’être aidante, l’autocritique a tendance à nous isoler, à inhiber nos comportements
Souvent, lorsque l’on est face à un échec, une difficulté ou une déception, on entend cette voix intérieure qui nous dit : Tu n’aurais pas dû, il n'y a qu'à toi que ça arrive, tu es vraiment trop nul(le)... Des paroles qui nous blâment et nous critiquent. Nourrir un tel dialogue intérieur, c’est s’imposer une double peine. On ne fait qu’ajouter à notre souffrance un sentiment de culpabilité ou de découragement.
Pourquoi est-on parfois si dur avec soi-même ? "Ça fait partie de notre éducation ou de notre société", selon la thérapeute, qui note que l’on est "dans une société qui est très compétitive, finalement et qui nous pousse à faire tout pour réussir".
Certes, cette autocritique est "associée au désir de s’améliorer, de se remettre en question, de faire mieux". Mais quand elle prend trop de place, elle a pour conséquence de "resserrer notre champ attentionnel". Par exemple, quand on échoue on a tendance à repenser à tous les échecs que l’on a déjà essuyés. "Mon champ énergie va se focaliser là-dessus. Plutôt que d’être aidante, l’autocritique a tendance à nous isoler, à inhiber nos comportements."
Il existe une solution pour développer un mieux-être. Pour sortir du cercle vicieux de l’autocritique, il faut d’abord prendre conscience de ses effets, recommande la thérapeute. "Nos pensées ne nous disent pas toujours la vérité ! Ce n’est pas parce qu’à un moment j’ai cette pensée, je suis nul(le), que cette pensée me définit entièrement." Il est donc nécessaire de "prendre de la distance par rapport à ces pensées" pour en générer de nouvelles "plus aidantes et plus constructives".
Pour cela, il existe trois "attributs" : la pleine conscience, la bienveillance et le sentiment d’une commune humanité. La pleine conscience, c’est-à-dire "une orientation de l’attention dans le moment présent", nous aide à "reconnaître et identifier ce que nous ressentons". Il est parfois difficile de se connecter à ses émotions surtout quand elles sont désagréables. Mais cela s’apprend et peut se faire progressivement.
La bienveillance, c’est se parler à soi-même comme à un ami. Avoir "des pensées plus gentilles, plus douces envers nous-mêmes". Et enfin, le sentiment de commune humanité, c’est se rappeler qu’autour de nous il y a un voisin, un collègue, un membre de notre famille qui souffre également. Cette "connexion aux autres" invite à considérer que la souffrance est inhérente à notre condition humaine et à accepter la part de vulnérabilité qui est en nous.
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