Cette année, l'Amitié judéo-chrétienne de France (AJCF) fête ses 70 ans. Une fédération d'associations qui n'a pas attendu Vatican II et Nostra Ætate pour relire les relations entre christianisme et judaïsme et désirer qu'elles s'apaisent.
L'AJCF pouvait toutefois s'appuyer sur "Les Dix Points de Seelisberg", le texte né de la conférence de Seelisberg (Suisse). Un rassemblement qui s'est tenu au sortir de la Seconde Guerre mondiale, entre le 30 juillet et le 5 août 1947, pour étudier les causes de l’antisémitisme chrétien.
Il aura fallu 70 ans pour "qu'on se retourne", comme le dit Moché Lewin. 70 ans pour "aller contre 2.000 ans de haine, pour progresser, étape par étape". Et se dire, en étant "novateur", d'après le mot du rabbn, que ce passé ne peut nous empêcher de construire des relations d'amitié. La Shoah, aura été à ce titre "un catalyseur important qui a remis en question la pensée anti-judaïque".
La déclaration Nostra Ætate a eu 50 ans en 2015. Un texte issu du concile Vatican II (1962-1965) qui rappelle le lien spirituel qui unit les juifs et les chrétiens et constitue l'une des étapes essentielles du dialogue entre croyants des deux religions. â"On ne peut pas être un bon chrétien si on ne sait pas ce qu'est le judaïsme" : c'est Moché Lewin qui le dit.
En 2016, la Conférence des rabbins européens (CER) a apporté une réponse à Nostra Ætate, en adressant au pape François le texte "Entre Jérusalem et Rome". Une réflexion sur les relations entre le judaïsme et le christianisme, où les rabbins rendent hommage à la déclaration conciliaire.
"Les premiers chrétiens sont juifs, rappelle Alain Massini, c'est une évidence qu'il faut rappeler !" Mais alors si c'est une évidence pourquoi l'a-t-on oublié à ce point? "Il y a pas si longtemps, raconte Moché Lewin, les prêtres n'avaient pas le droit de citer le Premier Testament, l'enseignement était un enseignement anti-judaïque théologique, avec le peuple juif qui était considéré comme déicide."
C'est que l'anti-judaïsme des premiers chrétiens était d'ordre identitaire. Le Père Louis-Marie Coudray, directeur du Service national pour les relations avec le judaïsme (SNRJ), parle d'un "anti-judaïsme d'identification", où "définir son identité" pour les chrétiens c'était se définir "contre le judaïsme". Par ailleurs, ces premiers chrétiens "ont lu leur foi chrétienne comme étant l'accomplissement, ce qui venait avant était terminé".
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