Strasbourg
À l’hôpital, dans l’armée ou en prison, ils accompagnent, consolent et soignent les âmes. Ils sont une présence discrète et une écoute attentive. Présents pour répondre à des questions existentielles et spirituelles, les aumôniers agissent dans l’ombre. Qui sont-ils vraiment ? Quel est leur rôle dans ces lieux publics ? Une émission Je pense donc j'agis présentée par Pauline de Torsiac et Melchior Gormand.
La présence d’aumônier est régie par la loi de 1905 de séparation de l’Église et de l’État. Souvent bénévoles, les aumôniers connaissent des difficultés lorsqu'ils sont salariés : ils travaillent très souvent à temps partiel, et multiplient parfois jusqu’à cinq ou six contrats pour être payés l’équivalent d’un temps plein. Pourquoi cette vocation reste si forte malgré des conditions difficiles ?
L’aumônier a une vocation de soutien moral dans l'univers carcéral, à l'hôpital et au sein de l'armée. Laïcs, diacres, prêtres, ces hommes et ces femmes permettent à ceux qui le souhaitent de vivre leur culte, de trouver du réconfort dans ces lieux de fragilité humaine. Selon Jeanne Mombelli, responsable de la pastorale de la santé du diocèse de Montpellier : "C’est au cœur de la souffrance que l’on va trouver tous les questionnements existentiels. On ne peut pas laisser ces personnes seules avec leurs questions". Avec la loi de 1905, l’État stipule que toute personne à le droit de pratiquer son culte. "L’État assure les conditions pour cela et les aumôniers deviennent ensuite les sujets de leurs hôtes", explique Bruno Lachnitt, aumônier national catholique des prisons, aumônier à la maison d’arrêt de Lyon-Corbas.
C’est au cœur de la souffrance que l’on va trouver tous les questionnements existentiels.
La première mission de l'aumônier militaire est de permettre aux croyants de vivre leur culte. Il a ensuite un rôle moral et spirituel auprès de tous les militaires. Enfin il a une mission de conseils au commandement. "User de la force, porter des armes, prendre la vie et faire don de la sienne, tout cela donne un certain questionnement sur le sens de la vie", affirme le Père Pierre Nicolas Chapeau, aumônier militaire du deuxième régiment d’infanterie de la Légion étrangère situé à Nîmes. C’est ici que les aumôniers entrent en jeu pour accompagner les militaires dans des moments traumatisants et difficiles. L’aumônier militaire ne fait partie d’aucune hiérarchie : "il ne donne pas d’ordre et n’en reçoit pas. C’est une relation fraternelle", selon le Père.
Les aumôniers sont aussi très présents dans les hôpitaux, la majorité est bénévole. Selon un rapport publié par le ministère de la santé en mars 2022, on comptait, en 2018, 3 311 aumôniers hospitaliers en France, dont 855 salariés. Les autres sont tous bénévoles. À l’instar de l'armée et des prisons, les aumôniers en hôpital vont chercher à écouter les questionnements de la part de personnes en souffrance. Une confiance forte se développe dans l’échange : "Les soignants ont bien conscience qu’il se passe quelque chose de puissant dans ces rencontres", selon Jeanne Monbelli.
Derrière les murs de la prison, l’aumônier est habilité à rendre visite aux détenus. Ils sont autorisés à aller en cellule. Pour Bruno Lachnitt, aumônier national des prisons, "c’est un véritable tête-à-tête avec le détenu. On a affaire à des gens en situation de fragilité". Ces détenus ont tout autant de questionnements que les patients d’hôpitaux : le sens de la vie, comment ils en sont arrivés là. Comme le précise Bruno Lachnitt, "la prison n’est pas un lieu favorable au retour sur soi. Notre présence leur permet ce questionnement". Pour l'aumonier national catholique des prisons, cette mission dans l'univers carcéral est un lieu de croissance de sa foi.
Avec un aumônier, beaucoup de personnes ont pu avoir des échanges forts et lourds de sens. Ils sont vus comme des gens importants dans leurs établissements et occupent une place centrale au sein de celui-ci. Evelyne, auditrice de RCF, témoigne : "En le regardant, j’ai immédiatement compris que l’aumônier était là pour m’aider. Cela nous donne une grande confiance en eux".
Pour beaucoup d’aumôniers, les rencontres ont aussi été des expériences mémorables et enrichissantes. Présent dans un premier temps pour servir et aider, lui aussi mûrit et se retrouve enseigné autant qu’enseignant. L’expérience du Père Pierre Nicolas Chapeau en témoigne : "J’ai rencontré des militaires qui étaient secoués par leur première expérience du feu. À ma grande surprise, beaucoup ont souhaité se confier. J’ai grandi et beaucoup appris auprès d’eux". Si les aumôniers sont là pour aider, c’est souvent eux qui ressortent transformés par les histoires de vie et la confiance de ceux qu’ils écoutent.
Ceux que j’ai accompagnés ont transformé ma vie.
Écoutez la seconde partie de l'émission Je pense donc j'agis :
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