Près de 200 États sont représentés à Charm el-Cheikh, en Égypte, pour participer aux débats sur le climat dans le cadre de la COP27. Quelle réponse peut apporter la foi chrétienne devant le dérèglement climatique et la catastrophe écologique ? Dans son encyclique Laudato Si', publiée en mai 2015, le pape François invite à ne pas nier la gravité de la crise. Son texte, très politique, est aussi éminemment spirituel. Il nous rappelle que Dieu a un projet pour l'humanité et la création tout entière.
Ce n’est pas le premier texte de l'Église catholique consacré à la crise écologique. Mais avant Laudato Si’, il manquait quelque chose. L’encyclique a "permis de donner une parole beaucoup plus forte et reconnue au-delà de la sphère catholique", estime Sœur Hélène Noisette. Religieuse auxiliatrice, agroéconomiste de formation et ancienne membre du Ceras (Centre de recherche et d’action sociale), elle est particulièrement sensible aux questions environnementales. "La question de la justice écologique me travaille depuis longtemps."
Saluée dans le monde entier, l’encyclique que le pape a publiée en mai 2015 est devenue un texte de référence en matière d’écologie intégrale. Cette lettre s’inscrit dans le corpus de la Doctrine sociale de l’Église (DSE). Il s’agit d’un ensemble de textes, la plupart écrits par des papes, qui observent et méditent sur la façon dont l’Évangile s’incarne dans notre monde. Il y est question de dignité de la personne, de responsabilité partagée, de bien commun et d’option préférentielle pour les pauvres : les quatre piliers de la DSE. Avec toujours la même méthode : voir, juger, agir.
Du 6 au 18 novembre, se tient la COP27 à Charm el-Cheikh, en Égypte. Il s'agit de la conférence internationale de l'Organisation des Nations unies. Pour vous tenir informés de l'actualité de cet événement, RCF se mobilise et vous propose une programmation spéciale.
Laudato Si’ ne s’adresse pas qu’aux catholiques, mais à "tous les habitants de la terre", comme le dit le pape François. Au début de son texte, le pape dresse un état des lieux "un peu rude". Il s’agit "de nous laisser affecter, d’éprouver de la souffrance pour les créatures humaines et non humaines qui souffrent". Le pape analyse les causes profondes de cette situation : un "anthropocentrisme dévié" où l’humanité se fait "le maître parfois tyrannique de la création", le "paradigme technocratique, où le tout-technologique a envahi nos vies"... Si ce texte est très politique, il y est question de conversion : conversion personnelle et collective, écologique et spirituelle.
Publiée quelques mois avant la COP21, l’encyclique Laudato Si’ invite chacun à prendre ses responsabilités. Le pape le répète, il faut écouter la clameur de la terre et la clameur des pauvres. "Tout est lié", répète-t-il. Il ne dissocie jamais les questions écologiques et les questions sociales. "Les questions sociales ne vont pas se résoudre juste par la croissance économique, surtout si cette croissance économique conduit à prélever davantage de ressources, explique Hélène Noisette, il nous faut interroger cette croissance économique, elle ne va pas résoudre la pauvreté simplement parce qu’il y a plus de richesses, si ces richesses ne sont pas réparties d’une meilleure manière."
D’un autre côté, le pape nous met en garde contre "une manière de faire de l’écologie qui oublierait les plus pauvres", précise la religieuse. Ainsi, avec Laudato Si’, on comprend que "l’humanité a deux défis devant elles : à la fois permettre aux populations les plus pauvres d’atteindre un niveau de vie digne et en même temps le faire sans déplacer les plafonds environnementaux". "Le grand enjeu c’est un enjeu de réduction des inégalités mondiales."
Dieu a choisi de nous demander de collaborer à son œuvre de création. Il a demandé à l’humanité de faire réussir la Création, c’est lui qui va compléter les vides de nos œuvres
Mais cette encyclique est aussi spirituelle. "Elle est traversée par un souffle", selon Hélène Noisette. La sobriété heureuse à laquelle le souverain pontife encourage peut être difficile à mettre en œuvre mais elle est bonne car "elle nous oriente vers plus de vie pour tous". En considérant la création et sa fragilité, le chrétien est invité à méditer le projet de Dieu pour l’humanité et toutes les créatures. Ce faisant, il revient aux sources de la foi. "Notre foi nous invite à croire au salut pour toute la création, pas seulement pour l’humanité. Toute la création est appelée à la communion en Dieu, cette « fête céleste », comme le pape le dit."
En matière d’écologie, il est tentant de céder au découragement. Mais "Dieu a choisi de nous demander de collaborer à son œuvre de création, rappelle Sœur Noisette, il a demandé à l’humanité de faire réussir la Création, c’est lui qui va compléter les vides de nos œuvres, comme le dit un psaume. Ce n’est pas de nous seuls que nous attendons le résultat de notre action, et ça c’est précieux sur les questions écologiques…. Et en même temps ce n’est pas sans nous." Laudato Si’ nous invite à comprendre l’écologie comme "une collaboration entre Dieu et nous". Comme dans l’épisode de la multiplication des pains, raconté dans l’évangile. "Nous apportons ce que nous pouvons, nos conversions écologiques personnelles et communautaires, tout en les remettant à un autre qui en fera quelque chose de plus grand."
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