Les cellules d'accueil et d'écoute (CAE) ont été créées à partir de mars 2016 dans certains diocèses de France, pour répondre aux besoins et attentes formulées par des personnes victimes d'abus sexuels. Qu’apportent ces lieux d'écoute et comment fonctionnent-ils ? Une émission Je pense donc j'agis présentée par Melchior Gormand.
Les cellules d’accueil et d’écoute ont pour vocation de permettre une liberté de paroles à toutes les victimes d’abus sexuel dans l’Église et de les aider à accepter leur traumatisme et de guérir en confiance.
Annick Van Styvendael, coordinatrice de la cellule d’écoute de Savoie précise que les choses se font progressivement dans l’Église : "Certains évêques n’avaient pas réalisé l’ampleur des dégâts sur les agressions sexuelles et les emprises sur les victimes", d'où la création de la cellule seulement en 2020.
Les cellules d’écoute sont une mise en œuvre concrète de l’aide de l’Église pour les victimes. Elles permettent un premier pas vers la guérison. Elles s’adressent tant aux victimes d’abus qu’aux proches qui vivent par répercussion le traumatisme. Pierre, un fidèle auditeur de l’émission Je pense donc j’agis, témoigne du traumatisme qu’a vécu son fils et des conséquences sur leur relation : "Mon fils a été abusé pendant un camp MEJ (Mouvement Eucharistique des Jeunes) et il nous accuse d’être encore en contact avec l’Église et de l’avoir envoyé dans ce camp. Nous sommes en pleine rupture avec lui et nous le vivons très mal." Une histoire difficile qui fait partie des nombreux témoignages reçus dans les cellules d'écoute. "Ce n’est pas simple de parler de l'intimité et pourtant c’est très important", explique Annick Van Styvendael.
Certains évêques n’avaient pas réalisé l’ampleur des dégâts.
Comment les cellules d’écoute sont-elles apparues ? L’Église a fait un gros travail sur le sujet. La Conférence des Évêques de France a créé un site internet permettant d’offrir un large éventail d’explications sur les préventions, sur l’aide possible, sur les personnes à contacter. La préoccupation première était vraiment d’apporter un secours aux personnes victimes d’abus sexuel. "On en aura toujours besoin quoi qu’il en soit, même s’il n’y en a pas une par diocèse", affirme Annick Van Styvendael.
Les cellules d’écoutes sont constituées d’écoutants et de coordinateurs qui se mettent à disposition des victimes. Ils arrivent à créer un lien et à encourager le dialogue pour être une véritable aide. Ce sont des laïcs et parfois, en fonction des diocèses, il peut y avoir un prêtre. Mais ça ne s'improvise pas. "La formation du CLER Amour et Famille forme les écoutants ; nous lisons beaucoup, nous sommes en lien avec le Conférence des Évêques de France", expose Eudes Bouvier, psychothérapeute et membre de la cellule d'écoute de Savoie.
Il témoigne aussi de sa formation donnée par Stop aux Violences Sexuelles (SVS). Cette association a été créée par des élus et est présente dans chaque département. De même, "il faut avoir une base pour faire de l’écoute, en tant que thérapeute ou infirmier par exemple", indique-t-il. Annick Van Styvendael insiste sur l’importance "de se former et de comprendre la réalité".
On aura toujours besoin quoi qu’il en soit des cellules d'écoute.
Par ailleurs, ces lieux d'écoute communiquent avec d’autres associations et d’autres organismes qui ont le même objectif. Il y aussi eu la création de l’Inirr qui a pour objectif de porter le devoir de justice et de réparation à l’égard de victimes mineures de violences sexuelles dans l’Église. Enfin, les cellules d’écoute et d’accueil sont aussi en lien avec France Victimes, une association créée en 1986, qui fédère un réseau de 132 associations d’aide aux victimes d’infractions pénales. Elles ont pour missions l’écoute, l’information juridique, le soutien psychologique et l’accompagnement des victimes d’infractions pénales en France.
L'Instance Nationale Indépendante de Reconnaissance et de Réparation (INIRR) pour les personnes victimes de violences sexuelles au sein de l’Église a présenté son rapport pour l'année 2023 le 14 mars dernier. Comment se passent les indemnisations de victimes suite au rapport Sauvé ? Qui sont les personnes qui se manifestent et comment sont-elles accompagnées ? Écoutez la seconde partie de l'émission Je pense donc j'agis :
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
Intervenez en direct au 04 72 38 20 23, dans le groupe Facebook Je pense donc j'agis ou écrivez à direct@rcf.fr
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