Six mois après sa création, l’Inirr (Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation) a présenté sa composition et son fonctionnement lors d’une conférence de presse ce mercredi 1er juin. Elle a insisté sur le caractère inédit de son travail pour prendre en compte notamment le témoignage de victimes de faits prescris.
Lancée officiellement lors de l’assemblée plénière des évêques de novembre 2021 à Lourdes, l’Inirr (Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation) avait déjà présenté un premier bilan en avril, devant les évêques réunis à Lourdes pour leur assemblée plénière de printemps. L’Inirr est l’une des instances créées au sein de l’Église catholique après la publication du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Église, le 5 octobre dernier. Elle est née de la volonté de la Conférence des évêques de France (CEF) de proposer une réparation aux victimes, de façon pécuniaire et symbolique.
"Ce qui a été souhaité et mis en place par les évêques est inédit", peut-on lire dans le communiqué de presse de l’Inirr. Si l’instance accord un soin tout particulier à l’information quant à son fonctionnement, c’est que ses membres sont en train d’inventer quelque chose d’inédit. "Les membres de l’Inirr inventent une nouvelle forme de réponse pour prendre en compte des victimes de faits prescrits ou jugés. Il n’y a pas de comparaison possible en France", est-il écrit toujours dans le communiqué de presse.
Psychologue, magistrat, haut fonctionnaire, soignant ou prêtre : les membres du collège de l'Inirr sont tous bénévoles. Parmi eux, le Père Jean-Luc Souveton, prêtre du diocèse de Saint-Étienne. Figure de la lutte contre les abus sexuels dans l’Église, il a révélé en 2018 les abus dont il a été victime à l’âge de 15 ans, de la part d'un prêtre. Il anime des parcours de reconstruction pour les personnes abusées.
Depuis l’ouverture d’une adresse mail au début de l’année 2022, 736 personnes ont sollicité l’Inirr. Pour les victimes, l’envoi de ce message est la première étape d’un parcours individualisé. Une fois la demande reçue, un dossier est ouvert et la victime est dirigée vers une personne référente qui écoute son histoire. Les dirigeants de l’Inirr évaluent ensuite la vraisemblance des faits auprès de l’évêque ou de l’Enseignement catholique.
Puis les échanges se poursuivent avec la victime pour établir sur une échelle de 1 à 10 :
- la gravité des faits : d’une exhibition sexuelle à des viols répétés pendant plus de 5 ans ;
- la gravité des conséquences : des perturbations de courte durée à des hospitalisations ou une invalidité ;
- la gravité des manquements dans le traitement de ces faits par l’Église : qu’elle ait reconnu les violences et agi pour les faire cesser ou à l’inverse qu’elle les ait niées totalement.
Des grilles d’évaluation qui permettent "d’objectiver" la souffrance des victimes. "L’exercice c’est de réussir à objectiver à partir des personnes, explique Marie Derain de Vaucresson au micro de Clara Gabillet, si on s’était arrêté à la gravité des faits, par exemple, nous n’aurions pas été dans la justice, la justesse et l’équité des réponses que nous devons apporter. C’est prendre en compte ce que la personne a vécu et les conséquences, les retentissements que ça a pu avoir dans sa vie."
Les victimes peuvent percevoir une réparation financière allant jusqu’à 60.000 euros, le même plafond que pour la commission reconnaissance et réparation (CRR). Aucun montant plancher n’est fixé. Une fois que le collège de l’Inirr valide la somme, le fonds Selam abondé par les évêques se charge du virement. Les 10 premiers dossiers seront transmis au Selam le 10 juin.
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