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Éric-Emmanuel Schmitt, sa "deuxième conversion" à Jérusalem

Un article rédigé par L.D. avec Thierry Lyonnet - RCF, le 4 avril 2023 - Modifié le 16 août 2023
VisagesÉric-Emmanuel Schmitt, sa "deuxième conversion" à Jérusalem

Plusieurs années après la sortie de son livre "La nuit de feu" (2015) dans lequel il raconte sa rencontre avec Dieu dans le désert du Hoggar, Éric-Emmanuel Schmitt évoque une "deuxième conversion" à Jérusalem. Elle est survenue au cours d'un pèlerinage effectué sur invitation du pape François. Voyage qui a conduit le célèbre écrivain de rencontres en surprises. Des moments de grâces et de fraternité qu’il raconte dans son nouveau livre "Le défi de Jérusalem" (éd. Albin Michel).

 

Éric-Emmanuel Schmitt à Jérusalem ©Afif H. AmirehÉric-Emmanuel Schmitt à Jérusalem ©Afif H. Amireh

 

C’est un coup de téléphone qui a donné le top départ de ce pèlerinage. Plus particulièrement un appel du Vatican, au cours duquel un haut responsable a indiqué à Éric-Emmanuel Schmitt qu'au Saint-Siège on aimait la foi et la liberté de l'écrivain et qu’on voudrait bien lui proposer de faire un pèlerinage en Terre sainte. C’est ainsi qu'Éric-Emmanuel Schmitt, habité par la spiritualité mais encore pétri par l’athéisme dans lequel il a grandi, s’est retrouvé en Israël pour un séjour en trois temps : d’abord en tant que pèlerin parmi les pèlerins, puis seul, avant d’aller à la rencontre d’habitants. 

 

 

 

Pèlerin parmi les pèlerins

 

Le voyage d'Éric-Emmanuel Schmitt a commencé à Nazareth avec un groupe de croyants réunionnais. "Je faisais profil bas, confie-t-il, je ne voulais pas faire mon intello, mon penseur, je voulais ressentir les choses." Dans cette ville a priori banale où Jésus a grandi, l’écrivain a constaté, fasciné, "que le creuset de l’extraordinaire c’est toujours l’ordinaire"... 

 

Son voyage l’a ensuite mené sur les sites incontournables de la chrétienté : le mont Thabor, le lac de Tibériade, Capharnaüm ou encore le mont des Béatitudes. Des endroits dont, souvent, on ne peut certifier avec exactitude l'authenticité. Qu’importe pour Éric-Emmanuel Schmitt : "On s’en moque, sourit-il, parce qu’on va de lieux douteux en lieux incertains mais ces lieux sont à chaque fois l’occasion de réfléchir à certains épisodes de l’Évangile. Et au fond le sens compte plus que la pierre ou le lieu, et on finit par éprouver une certaine liberté."

 

 

 

Éric-Emmanuel Schmitt raconte son "moment de grâce" au Saint-Sépulcre

 

Mais c’est à Jérusalem, au Saint-Sépulcre, que la "deuxième conversion" d'Éric-Emmanuel Schmitt a véritablement eu lieu. "Là, tout d’un coup ma foi spirituelle et intellectuelle prend quelque chose d’incarné. Tout devient concret. Je sens un regard sur moi, je sens une odeur d’homme, la chaleur d’un corps comme s’il était près de moi", raconte-t-il. Une expérience forte face à laquelle l'écrivain a d'abord réagi en se mettant à l’écart et en pleurant.

 

Ce n’est que plus tard qu’il a réalisé les changements que ce moment de grâce a provoqués en lui : "Ça fait habiter la vie différemment, avec encore plus de confiance, d’enthousiasme, de sérénité. Ça donne confiance dans l’amour qu’on peut essayer d’apporter aux autres", dit-il. 

 

 

 

Rencontre avec le pape François : Éric-Emmanuel Schmitt, "chrétien imparfait" devant le chef de l'Église catholique

 

Quelques jours après son voyage en Terre sainte, et après le patriarche de Jérusalem, l’historien Vincent Lemire et les dominicains de l’École biblique et archéologique, une autre rencontre hors du commun attendait Éric-Emmanuel Schmitt. Un rendez-vous avec le pape François ? Impressionné, l'écrivain a repoussé l’invitation. "Je me sens comme un chrétien très imparfait, donc c'est difficile", explique-t-il.

 

 

 

→ À LIRE : L’École biblique et archéologique française de Jérusalem, point de rencontre entre science et foi

 

 

 

Ce n’est que trois semaines plus tard qu’Éric-Emmanuel Schmitt a fait connaissance avec le pape François. "Il m’a écouté comme si j’étais intéressant. Son écoute fait sortir le meilleur, parce qu’elle est aussi profonde que sa parole", commente-t-il. Ému par l’humilité du souverain pontife et riche de sa "deuxième rencontre" avec Dieu, Éric-Emmanuel Schmitt s'est mis à écrire dès son retour : "Quand il se passe des mouvements spirituels, on a intérêt à les communiquer aux autres, non pas pour leur parler de soi mais pour leur parler d’eux et leur ouvrir des portes."

 

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