Dans notre société déchristianisée, l'Évangile est devenu une valeur ou un récit, des histoires que l'on croit connaître. Pour le dominicain Dominique Collin, on oublie que c'est un texte qui agit en nous, toujours inouï, qui nous à chaque fois fait quelque chose. "C'est une annonce à effet de joie", nous dit l'auteur de "L'Évangile inouï" (éd. Salvator).
"Ce modèle de chrétienté qui a duré plus de 1.000 est en train de s'essouffler, il y a quelque chose d'une grande lassitude", observe Dominique Collin. Les Évangiles sont pour beaucoup de croyants des texte maintes et maintes fois entendus - tel ou tel épisode de la vie de Jésus que l'on entend et réentend depuis les années de catéchisme. Finalement, dans notre société déchristianisée, "l'Évangile est passé dans l'opinion dans la mentalité, dans l'art, dans la géographie, dans nos institutions, comme valeur, comme récit qu'on croit connaître".
Finalement, on est en venus à "réduire l'Évangile", selon les mots de Dominique Collin, "à une biographie ou à un catéchisme, c'est-à-dire finalement une extraction de croyances ou un recueil de normes". Précisément, ce que le dominicain souhaite montrer dans son livre, c'est que "l'Évangile n'est ni un catéchisme, ni une doctrine morale".
Le moment est venu d'entendre "l'inouï de l'Évangile". Inouï au sens de "ce que l'on n'a pas encore entendu". Les évangélistes rapportent souvent cette parole du Christ : "Celui qui a des oreilles, qu’il entende !" Entendre avec un effet de surprise, de choc, d'étonnement.
On dit que l'Évangile est neuf "parce qu'il oriente autrement notre marche de l'histoire et il le fait en remettant à neuf notre rapport à l'origine". D'où venons-nous ? C'est "la grande question de l'être humain : d'où est-ce que je puis tirer la valeur de qui je suis ?" Pour le Frère Collin, "c'est en nous rapportant à ce qui nous a fait être humain que l'Évangile est original".
"Bien plus qu'un message ou une biographie, l'Évangile et une opération, il agit en nous", écrit Dominique Collin dans son livre. "On a oublié que c'est un acte de parole, un événement de parole, une opération." Les Écritures ne sont pas tant à prendre comme une information qui nous serait communiquée mais comme un texte qui agit en nous, qui "nous partage une sensation, qui nous fait quelque chose". C'est "une annonce à effet de joie".
Un texte qui "vise d'abord à nous faire ressentir quelque chose" à une époque où l'on ne sait plus ce que vivre signifie. Dans cette "une crise de la modernité, vieillissante elle-même", vivre c'est le plus souvent "vivoter", ou "attendre la fin et le cataclysme". Ou encore "dévivre", un néologisme que Dominique Collin aime employer et qui est cette façon de nous soumettre "aux passions tristes", à "cette envie d'en finir qui est en train finalement de gangrener notre société et qui lui enlève cette capacité d'être dans un rapport à l'avenir".
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