Annoncer la "Bonne Nouvelle" de la résurrection et faire connaître la foi chrétienne n’a jamais été chose simple. Et dans une société de plus en laïque et individualiste, en proie à des crises politiques, écologiques et spirituelles, l’évangélisation est d’autant plus compliquée. Comment faire ? Quels moyens utiliser ? Le Frère Jean-Michel Poffet prend l’apôtre saint Paul en exemple et décrypte sa stratégie.
Apôtre des nations. Le surnom donné à Paul de Tarse est révélateur de la personnalité de celui qui deviendra saint. Mais avant de parcourir les pays méditerranéens pour évangéliser les païens, saint Paul persécutait les chrétiens, dont Étienne, le premier martyr. C’est après cette persécution, sur le chemin vers Damas qu’il a été ébloui par la lumière de Dieu et s'est converti. Cette expérience forte et peu commune est devenue la base de sa foi et de sa motivation pour évangéliser. C'est à la façon dont Paul a annoncé l'Évangile que s'intéresse Frère Jean-Michel Poffet, dominicain, bibliste, et auteur du livre "Évangéliser oui, mais comment ? Une pastorale paulinienne" (éd. Cerf).
Pour être crédible auprès de ceux qui ne sont pas croyants ou croient en plusieurs dieux, saint Paul, qui était autrefois violent, va devoir "porter les signes" de la communion. C’est ainsi qu’il créé des ecclesia, autrement dit des communautés auxquelles ils s’adressent en disant "mes frères". "Quitter une manière de vivre à la païenne pour vivre à la chrétienne, ça vous isole. Et c’est d’autant plus important de trouver un appui pour faire cette expérience de frère et sœurs dans la foi", explique Jean-Michel Poffet. Convaincu qu’il faut prêcher l’évangile deux par deux, Paul n’hésite pas à s’entourer et valorise aussi ses collaborateurs, tel un manager, plaisante le bibliste dominicain. Et d’ajouter "c’est essentiel dans la transmission d’un message, surtout quand c’est celui de Dieu ami des hommes".
C’est grâce à son humilité que Paul parvient à convertir certains païens, explique Jean-Michel Poffet : « Puisqu’il a lui-même fait l’expérience de se laisser aimer, il peut aller vers les autres, y compris les non juifs, pour leur dire "vous êtes aussi les bien-aimés de Dieu". » Ce discours "touche ces esclaves", analyse l’ancien dirigeant de l’École biblique française de Jérusalem : "Ils ont trouvé dans l’annonce de la résurrection de Jésus et dans un Dieu, père de chacun et chacune, une source d’espérance et une dignité que le paganisme ne leur offrait pas."
Pour l’apôtre, évangéliser n’est pas une sinécure pour autant. Paul craint que tout cela soit vain et doit faire face "aux forces du mal qui veulent faire échouer ce message de communion", relate le frère dominicain. "C’est le combat de Jésus qui continue, mais ce n’est pas un combat d’agression des personnes, c’est un combat au service de la vérité, qui ne sera crédible que si en même temps il est plein de tendresse et d’affection pour les frères et sœurs à qui on s’adresse", ajoute-t-il.
Face à "l’abîme d’indifférence" auquel les évangélisateurs font face, Jean-Michel Poffet les appelle à "tenir bon". "Vous n’êtes pas seuls", dit-il, tout en les invitant à s’appuyer sur les vertus théologales que sont la foi, la charité et l’espérance. En somme, pour évangéliser, il faut, résume-t-il, "que les évangélisateurs soient en communion les uns et les autres. Il faut veiller à ne pas tomber dans un autoritarisme clérical mais dans un Évangile de fraternité, en étant portés par la prière, avec cet horizon d’espérance."
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