Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus appelle Pierre, André, Jacques et Jean à devenir ses disciples. "Aussitôt ils le suivirent", écrit l'évangéliste. Peut-on, en instant, tout quitter pour suivre le Christ ? Comment comprendre ce geste de ces artisans pêcheurs qui ont lâché leurs filets pour la grande aventure de leur vie ? Réponses du Père Michel Quesnel, bibliste et théologien.
Évangile du dimanche 22 janvier (Mt 4, 12-23)
Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations ! Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée.
À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
De là, il avança et il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque avec leur père, en train de réparer leurs filets. Il les appela. Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent. Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.
Source : AELF
Dans ce texte, il y a une phrase qui étonne : "Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent". Peut-on, en un instant, tout quitter pour suivre le Christ ? Avec ce "aussitôt" le rédacteur veut montrer "la radicalité de la réponse", explique Michel Quesnel. Cependant, "il est très peu vraisemblable que les choses se soient passées exactement comme c’est raconté là !" Comment interpréter cette phrase ? Pour le bibliste, les disciples "ont perçu à travers ce qu’ils avaient déjà connu de la personne de Jésus une voie d’avenir pour eux et pour le monde dans son ensemble".
Ce texte se situe au début de l’évangile de Matthieu. Jésus vient d’apprendre l’arrestation de Jean-Baptiste, dont il était le disciple. "Jésus et ses premiers disciples ont certainement fréquenté les cercles baptistes, raconte Michel Quesnel, c’étaient des gens qui étaient à distance du culte de Jérusalem : les milieux saducéens, les grands prêtres qui animaient le Temple, étaient des milieux très conservateurs, assez collaborateurs du gouvernement romain. Et Jésus a pris ses distances par rapport à ça. Le culte était devenu très formel et Jésus a voulu renouveler l’approche du judaïsme par rapport au milieu du Temple."
Jésus est de retour en Galilée, sa région natale. Michel Quesnel précise que les habitants de Galilée en général étaient plutôt méprisés par les juifs. "C’est une terre de passage, où il y avait beaucoup de païens qui circulaient, beaucoup de gens non juifs, donc on risquait toujours de côtoyer l’impureté. Et finalement c’est là que Jésus a envie d’être."
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Quand Jésus dit "Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche", il ne fait que répéter ce qu’a dit Jean-Baptiste auparavant. Mais il y a une différence entre les deux messages. Jésus accompagne ses mots de gestes : il va opérer des guérisons. "La prédication de Jésus, qui reprend celle de Jean-Baptiste, est associée aux gestes qui montrent que les êtres humains sont destinés au bonheur, ne sont pas destinés à a maladie, ne sont pas destinés au mal, etc."
C’est ainsi que l’on peut comprendre cette phrase que Jésus dit aux disciples : "Je vous ferai pêcheurs d’hommes". "Dans la mentalité juive de l’époque, précise le Père Quesnel, l’eau est un lieu où on meurt." Être pêcheur d’hommes, c’est sortir les hommes et les femmes du monde du mal.
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