Dans l'évangile de ce dimanche, fête du Christ-Roi, Matthieu fait dire à Jésus des paroles décisives. En racontant la parabole dite du jugement dernier, il nous fait comprendre que toute personne rencontrée parmi les plus fragiles d’entre nous est le visage même de Dieu. Explications de Frère Alain Durand, dominicain.
L’évangile de ce dimanche, fête du Christ-Roi, est un célèbre passage : il s’agit de la parabole dite du Jugement dernier. Elle se situe à la fin de l’évangile de Matthieu, qui compte vingt-huit chapitres. Le texte adopte une tonalité apocalyptique dès le chapitre 24. Il est question en effet de la fin des temps et de la venue du "Fils de l’homme". C’est une allusion directe, et même une "actualisation", selon le dominicain Alain Durand, d’une phrase du Livre de Daniel, dans le Premier Testament. "Je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme." (Dn 7, 13)
Évangile du dimanche 26 novembre (Mt 25, 31-46)
Jésus disait à ses disciples : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !”
Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?” Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”
Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.”
Alors ils répondront, eux aussi : “Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?” Il leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.” Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »
Traduction : AELF
Ce qui est "en jeu" dans le chapitre précédent (le 24) de l’évangile de Matthieu, explique Frère Alain Durand, "c’est de savoir quand est-ce que ce changement considérable et ce bouleversement du monde va avoir lieu". Les disciples veulent avoir une date. Les trois réponses que leur donne le Christ "ne sont pas cohérentes entre elles", souligne le dominicain. Il déclare que "ce sera avant la fin de cette génération", il dit aussi "que ce sera lorsque la Bonne nouvelle sera proclamée à l’ensemble du monde". Troisième réponse, celle que l’on a plus facilement retenue : "Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure" (Mt 25, 13).
Tenez-vous prêts, prévient donc Jésus. Mais qu’est-ce que cela signifie ? Que faut-il faire pour être prêt ? Trois paraboles de Jésus visent à nous éclairer sur le sujet : il y a celle du serviteur fidèle, celle des dix vierges ou des vierges folles et vierges sages, et enfin la parabole des talents. Ce dimanche, "la parabole du jugement dernier va apporter un éclairage plus précis comme réponse à la question que veut dire être prêt", prévient Frère Alain Durand.
Il ne s’agit pas d’aimer les pauvres pour l’amour de Dieu mais de les aimer pour eux-mêmes, d’abord
Cet évangile est "une révélation", estime Frère Alain Durand, car "le comportement qui est prôné" dans ce texte, "n’est pas de l’ordre de la connaissance". Le "Royaume de Dieu" dont il est question ici n’a rien à voir avec "un pouvoir". Il s’agit d’une manière d’être au monde selon Jésus, une manière d’aimer, de pardonner. "C’est un lieu de service mutuel de l’humanité par Dieu et les uns par les autres."
Et quand Jésus dit : "Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait", il nous apprend que dans le service du frère il y a un "premier destinataire", explique Frère Durand, qui est l'autre, le prochain, le frère. Et "derrière, de façon inconnaissable et innommable", il y a le Christ. Aussi, "il ne s’agit pas d’aimer les pauvres pour l’amour de Dieu, précise le dominicain, mais de les aimer pour eux-mêmes, d’abord. Et c’est justement en les aimant pour eux-mêmes qu’ils sont aimés dans l’amour de Dieu."
Servir son frère de manière gratuite, sans rien attendre en retour : "Chaque fois que de tels actes sont posés, ajoute le dominicain, le Christ est là." Et la présence du Christ se fait "ipso facto", précise Alain Durand, "quelles que soient les convictions religieuses ou pas religieuses des personnes qui posent ces actes".
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