En tant que catholique et intellectuel, et aussi en tant qu’islamologue, Frère Adrien Candiard porte une parole précieuse pour ceux qui font l'épreuve de l'incertitude. Ses essais ciblent les angoisses du monde occidental : la menace du fondamentalisme islamique ou la perte de sens qui touche notre société. À l'aube d'une nouvelle année, il livre un regard sur le monde avec espérance et exigence.
Quel regard sur un monde devenu pour beaucoup hyper dangereux ? Le dominicain Adrien Candiard admet "partager les inquiétudes" de ses contemporains. Mais en croyant, il rappelle que "ce monde-là, avec toutes ses imperfections, est aimé par Dieu…" En tant que chrétien et intellectuel, et aussi en tant qu’islamologue, Adrien Candiard livre une parole précieuse pour ceux qui font l'épreuve de l'incertitude. Depuis qu’il a publié en 2016, "Comprendre l'islam (ou plutôt : pourquoi on n'y comprend rien)" (éd. Flammarion), il est souvent sollicité en France pour expliquer les réalités de l’islam.
Plus largement, ses essais ciblent les angoisses du monde occidental : la menace du fondamentalisme musulman mais aussi le rapport à la vérité ou la désespérance qui touche notre société. À travers ses livres comme "Quelques mots avant l'apocalypse. Lire l'Évangile en temps de crise" (2022) ou "Veilleur, où en est la nuit ? Petit traité d'espérance à l'usage des contemporains" (réédité en poche en 2023), il réaffirme l'espérance au cœur de la foi chrétienne.
Et si la religion chrétienne était exigeante ? C’est la question qu’il soulève dans son dernier essai, "Sur la montagne - L’aspérité et la grâce" (éd. Cerf, 2023). Une méditation sur les chapitres 5 à 7 de l’évangile de Matthieu – le fameux Sermon sur la montagne. Ce sont des "chapitres extrêmement forts", dit-il et même "bouleversants et un peu intimidants". "Si Dieu nous aime gratuitement alors pourquoi nous demande-t-il des choses aussi compliquées ?" Le dominicain de 41 ans, prieur du couvent du Caire, s’exprime avec conviction et rigueur intellectuelle.
Une rigueur que l’on retrouve dans sa démarche de dialogue interreligieux. Adrien Candiard vit depuis une dizaine d’années au Caire, où il étudie à l’Idéo (Institut dominicain d’études orientales). "Nous sommes frères dominicains, prêtres catholiques, et on fait [de la recherche] en pays musulman, en monde musulman, avec des musulmans." Normalien entré chez les dominicains à 23 ans, Adrien Candiard a reçu pour mission d’étudier l’islam de la part de ses supérieurs.
Et pour un catholique immergé en terre musulmane, étudier l’islam c’est entrer de plain-pied dans une démarche de dialogue interreligieux. Sans ignorer qu'entre chrétiens et musulmans, "on a quatorze siècles de méfiance réciproque, de polémiques", résume le dominicain. "Si on veut parler sérieusement de théologie entre chrétiens et musulmans, on a toute une grammaire à construire, ce n’est pas du tout donné d’avance, la bonne volonté ne suffit pas !" Or, ces jours-ci "plus que jamais", "l’Occident peut être vu avec méfiance"...
Le dialogue, il est intéressant quand on croit qu’il y a une vérité !
Entre musulmans et chrétiens c’est souvent autour de la vérité que se joue. "Nul ne possède la vérité, chacun la recherche. J’ai besoin de la vérité des autres", a déclaré le dominicain Pierre Claverie, évêque d’Oran assassiné en Algérie en 1995. Des paroles qu’Adrien Candiard a insérées dans la pièce de théâtre qu’il a écrite en 2011, "Pierre et Mohamed".
Dans le rapport à la vérité, il y deux écueil dans lesquels on peut facilement tomber. Pour Adrien Candiard, "beaucoup de chrétiens se disent : ou bien on essaie d’être gentils et on se dit que tout est formidable mais on renonce du coup à croire que ce que l’on croit est vrai, ce qui est un peu gênant ! Ou bien on croit que ce que l’on croit est vrai et du coup on doit envoyer brûler tous les autres en enfer et on doit être agressif…"
Or, tout l’intérêt de la vérité, c’est de chercher ensemble ! "Le dialogue, il est intéressant quand on croit qu’il y a une vérité ! Je crois que la vérité est une, affirme le dominicain, je crois que j’ai de bonnes raisons d’être chrétien, et ces raisons je veux les faire valoir." Mais il ajoute : "Si je crois que j’ai raison, je respecte que la personne en face me dise la même chose."
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