Chaque année, le 2 novembre, l’Église catholique commémore les fidèles défunts, un moment fort qui suit de près la Toussaint. Cette journée de prière pour les défunts répond à une longue tradition chrétienne qui invite les vivants à se souvenir de leurs proches disparus, mais aussi à les accompagner de leur prière. Et honorer ses morts par une démarche au cimetière est une façon de l’incarner. Explications avec Don Alban Dyèvre, vicaire de la paroisse Saint Aubin aux Ponts-de-Cé.
L'Église a toujours recommandé la prière pour les défunts. Mais c'est un moine, un père abbé de Cluny, Saint Odilon, qui a institué cette commémoration de tous les fidèles défunts, le 2 novembre, où traditionnellement, un prêtre peut célébrer 3 messes pour les défunts. L'Église pour cela se fonde sur l'écriture sainte. Elle a toujours recommandé de prier pour les défunts, pour les confier à la miséricorde du Seigneur, parce que l'Église dit qu'au moment de notre mort, nous ne pouvons plus rien pour nous-mêmes et que les âmes en ont besoin si elles traversent cette étape de purification que l'on appelle le purgatoire. Le curé d'Ars disait, le purgatoire, c'est l'infirmerie du bon Dieu. Il ne faut pas se faire une image terrible du purgatoire. Mais une âme qui est au purgatoire ne peut plus rien pour elle-même et a besoin de prière. Et c'est pour ça que l'Église appuie sur ce sujet pendant ce mois de novembre, le 2 novembre, mais aussi pendant tout le mois. De même que nous sommes en octobre où nous avons prié tout particulièrement la Vierge Marie.
La première intention pour laquelle un prêtre célèbre la messe, c'est pour tous les vivants et les défunts de l'humanité. Mais nous, hommes, nous avons besoin de de faits marquants, la liturgie, par exemple, les cycles liturgiques comme Noël, Pâques, nous font rentrer plus profondément dans les mystères.
Je distinguerais deux choses sans rentrer dans les détails. Par exemple, Saint Jean-Paul II a été canonisé, il est au ciel. Je peux lui demander des grâces. En revanche, pour les âmes du purgatoire, la question est n'a pas été tranchée par l'Église. L'Église maintient deux options : soit une âme est au purgatoire et a besoin de prière et ne peut absolument pas prier pour nous, mais c'est une fois qu'elle arrivera au ciel qu'elle le pourra. Et la deuxième, c'est qu’une âme qui est au purgatoire ne peut plus rien pour elle. Mais alors même qu'elle est au purgatoire, elle peut intercéder pour nous. Et l'Église n'a pas tranché d'ailleurs sur cette question-là.
Je suis prêtre depuis bientôt 15 ans. Je suis marqué, le jour de la Toussaint du nombre de personnes, croyantes ou pas, qui vont se recueillir ou prier sur la tombe de leur défunt. Et je suis marqué aussi, en tant que prêtre, de voir des non-croyants qui se déplacent et qui viennent nous voir, nous prêtres, en demandant une prière pour leurs défunts. Donc oui, c'est que c'est un moment qui est important et nous sommes fait de de chair. Nous avons besoin de signes. Je visite beaucoup de personnes en deuil et je pense à toutes ces personnes qui vont chaque jour sur la tombe de leurs défunts pour déposer un bouquet de fleurs ou prier pour cette personne. Je crois que c'est une façon concrète de manifester qu'on est encore en lien avec elle. I
On arrive aujourd’hui à peu près à 50% de crémation. L'Église a longtemps été très sceptique sur cette question-là, en tout cas opposée dans la mesure où elle était faite dans un refus explicite de la résurrection des corps. Après pour des questions pratiques, pour des questions budgétaires, ou autres, l'Église l'accepte. J'ai été chapelain au sanctuaire Notre-Dame de Montligeon dans le Perche, où j'ai accompagné pendant 6 ans des personnes en deuil et dont certaines, selon le souhait du défunt, avaient vécu une crémation et elles me parlaient de ce traumatisme de de voir juste après la célébration, leur mari, leur femme, leur enfant, leur père, leur mère dans une petite boîte. Je pense que pour faire son deuil, ça n'est pas la meilleure des façons. Et puis aussi, l'Église dit que, en contemplant Jésus que le corps de Jésus a été enseveli. C'est peut-être une façon plus normale de de faire son deuil et puis de d'accompagner les morts. Mais encore une fois l'Église n'est pas opposée à la crémation.
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