Pendant des années, Thibault Autric a eu le désir de devenir moine. Il a consacré une année à éprouver son désir : à l'abbaye du Barroux, à la Grande Chartreuse, chez les orthodoxes du mont Athos en Grèce, et enfin en Terre sainte. Un itinéraire spirituel au cours duquel il a appris à renoncer à une vision fantasmée de la vie monastique et de la foi. Ce dépouillement lui a permis de rencontrer Dieu.
La question le "tiraillait depuis quelques années". Thibault Autric voulait devenir moine. Bénédictin, chartreux ou autre, tout était possible. La vie monastique ? Il la voyait comme un idéal de vie sur terre. Quand il a découvert les Pères du Désert, à l'âge de 10 ans, il a été "frappé par leur folie, leur ivresse de Dieu, étrange, frappante, attirante". "J’ai désiré très fortement que ce soit mon appel", confie-t-il.
Son désir, il est allé l'éprouver à l'abbaye du Barroux, à la Grande Chartreuse, au mont Athos et jusqu'en Terre sainte. Un itinéraire spirituel qu'il raconte dans son livre, "Comme un pèlerin d'Occident" (éd. Artège). Aujourd'hui, il a fait le deuil de la vie monastique et a renoncé à "une vie dans laquelle on s’est projeté pendant des années". Il sait que sa vocation est ailleurs.
À l’abbaye bénédictine Sainte-Madeleine du Barroux, le jeune homme s'est heurté à une forme de sécheresse intérieure. "La difficulté que j’ai éprouvée au Barroux, c’est le manque de sensible", témoigne-t-il. Il s'attendait à "ressentir des grâces sensibles", à être "pris entièrement dans la prière" jusqu'à "être saisi". Même si la liturgie célébrée au beau milieu de la nuit l'a ému, il a renoncé à la vie bénédictine.
Après le Barroux, la Grande Chartreuse. C'est un vers un mode de vie encore plus radical que Thibault Autric s’est tourné. Les chartreux, en effet, mènent une vie quasi érémitique. "Le désert m’a refusé", écrit le jeune homme, qui a vécu "une expérience difficile et même douloureuse". "Le silence que je fantasmais, la solitude que je fantasmais n’étaient pas du tout celles des Chartreux… Le chartreux abandonne sa solitude, il la soumet à la règle... C'est cette dépossession de sa propre solitude et de son propre silence qui m’a beaucoup frappé."
Adolescent, Thibault Autric avait été touché par les théologiens orthodoxes, comme Olivier Clément ou Vladimir Lossky. Il a donc poussé sa quête jusqu’au mont Athos. Si l’idée de se convertir à l’orthodoxie l’a, un temps, effleuré, il admet qu'il y avait un "aspect romantique dans cet attrait", quelque chose de "très idéaliste" et de "très adolescent". Il a pu toutefois grâce à l'orthodoxie, "faire un petit pas de côté qui lui a permis de rafraîchir son regard sur les choses essentielles", dit-il, citant le pédagogue André Charlier.
Finalement, c'est en Terre sainte, un dimanche de Pâques, en pleine nuit, que "pour la première fois depuis des années", il a eu "l'impression de mettre les pieds sur un sol stable, solide". Il a compris alors que la foi n'est pas "une absence de doutes" mais "l'impression que le sol sous soi est solide et qu'on peut marcher avec confiance". Il a compris que c'est plus "une question de désir que de certitude".
Pendant un an, Thibault Autric a eu l'audace d'interrompre un parcours brillant et prometteur - il est agrégé de philosophie, diplômé de l'École normale supérieure de Cachan et de Sciences Po - pour discerner sa vocation. Cette année-là lui a surtout permis de "rencontrer Dieu", de diriger sa quête spirituelle non pas vers un absolu mais vers un dépouillement.
Il s'est aussi débarrassé d'une image idéalisée de la vie monastique. Il a compris que "les moines sont des hommes traversés par mille combats". "Au fond, ils invitent à renoncer à une paix idéalisée." Là où beaucoup recherchent dans le développement personnel "une paix absolue, sans trouble, une quiétude parfaite de l’esprit", il note que "dans la tradition chrétienne, on a rarement cette vision-là de la paix"...
Sa foi était "anxieuse, pleine de doutes" : lui qui voulait la combler, a fini par la redécouvrir, autrement. "Je crois qu’en fait la foi n’exclut pas le doute, elle n’est pas du tout un anxiolytique métaphysique, elle n’est pas là pour calmer les angoisses. Au contraire je crois que souvent elle les attise mais c’est bien en réalité, parce que ça nous empêche de tomber dans une tiédeur qui nous tue à petit feu."
Chaque semaine, un chrétien témoigne de sa foi. Qu’il la vive dans des circonstances très particulières ou en toute simplicité, qu’il ait vécu des choses extraordinaires ou pas, il raconte pourquoi la rencontre avec le Christ a changé sa vie. Une dizaine de producteurs du réseau RCF réalisent à tour de rôle cette émission.
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