Pourtant, l’affluence des JMJ 2023 à Lisbonne et la hausse des catéchumènes semble démontrer que les catholiques ne sont pas tous vieux. La prochaine visite du Pape François à Marseille sera, par ailleurs, l’occasion de voir si l’Eglise est vectrice d’un rassemblement de la jeunesse catholique française.
On a tous déjà entendu "il n'y a que des vieux à l’église". Et bien au déjà au delà du fait qu’on peut largement déconstruire ce préjugé, il appuie un discours qui peut être réutilisé pour des théories bien plus questionnables et dangereuses comme celle notamment du grand remplacement.
Généralement quand on l’exprime c’est qu’on laisse entendre que le christianisme ne se transmet pas aux plus jeunes et que quand nos aînés ne seront plus là, le christianisme risque de petit à petit disparaître. Ce préjugé tient ses racines du recul progressif de l’influence du catholicisme dans nos sociétés dû notamment à la sécularisation progressive qui a connu un tournant majeur avec 1905. Mais attention, il est important de rappeler que sécularisation ne
signifie pas disparition du religieux. Les commentaires varient entre une partie qui considère que le religieux tendrait à s'affaiblir et une autre qui considère que le religieux ne disparaît pas mais se transforme et occupe une place différente dans la vie des gens.
Souvent les indicateurs pour identifier la place qu'occupe la religion consiste à analyser la fréquentation des lieux de culte. Mais en réalité, il existe d’autres indicateurs bien plus parlants.
Une enquête de la Conférence des évêques de France sur le catéchuménat publiée le 5 avril 2023 fait le constat d’une hausse de futurs baptisés adultes. Et ca va plus loin, 33 % de ceux qui se préparent actuellement au baptême ont entre 18 et 25 ans, contre 23 % en 2019. Si on regarde de plus près les statistiques, même si rappelons-le les enquêtes sur les appartenances religieuses sont très encadrées, on peut voir dans un rapport produit par l’INSEE, qu’en 2019‑2020, 29 % des personnes âgées de 18 à 59 ans se déclarent catholiques et 39% des 18-59 se déclarent chrétiens. Sur les 29% de catholiques, seuls 8 % des catholiques de 18 à 59 ans fréquentent régulièrement un lieu de culte.
Finalement, la fréquentation des lieux de cultes ne permet pas vraiment de voir ce qu’il en est sur la place qu’occupe une religion dans la société. Et surtout, ce sondage ne concernait pas les personnes de plus de 59 ans catholique qui sont peut-être plus visibles dans les églises. Donc finalement est-ce que les jeunes catholiques ne sont pas ailleurs que dans les églises ? Deux événements d’actualité permettent encore plus de déconstruire notre préjugé du jour.
D'abord, les JMJ qui se sont déroulées cet été au Portugal. Elles
ont rassemblé plus d'un million de jeunes du monde entier. Avec 43 000 jeunes et 75 évêques présents, la France est le 3ème pays le plus représenté derrière l'Espagne et l'Italie. Et le deuxième ? Si je vous dit stade vélodrome, vous pensez sûrement Olympique de Marseille, Johnny Hallyday, Beyoncé ou encore JUL … Et bien figurez-vous que le Pape lui-même sera la tête d’affiche d’une grande messe prévue le 23 septembre et qui attend près de 60 000 personnes dont très certainement de nombreux jeunes.
L’évolution du paysage ethnoreligieux est bien plus complexe qu’il n’y paraît et il faut se méfier des préjugés qui laissent entendre des vérités toutes faites qui ne se vérifient pas. Aujourd’hui, aucune projection statistique réaliste ne prévoit la disparition d’une identité religieuse qui représente la plus grande proportion de croyants en France. On ne le voit pas venir mais ce petit préjugé peut se combiner à d’autres idées qui peuvent en venir à alimenter des discours ultra-nationalistes, identitaires et peuvent même aller jusqu’à inspirer des actes de terrorisme.
Alors la prochaine fois, même pour dire quelque chose qui nous semble totalement inoffensif, on tourne sept fois sa langue dans sa bouche ! J’en profite pour souhaiter une très belle semaine
aux jeunes et aux jeunes depuis plus longtemps qui nous écoutent.
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