Avignon
Depuis près de 20 ans, des frères dominicains animent les Rencontres Foi et Culture au Festival d’Avignon, chaque année au mois de juillet. Un espace de dialogue et de réflexion entre deux univers apparemment opposés, mais qui ont au moins un point commun : le goût de la parole et du Verbe.
Dès le début de son sacerdoce en 1947 comme prêtre du diocèse d’Avignon, Robert Chave - décédé en 2018 - suit le festival avec passion. C’est lui qui initie dans les années 1966, 1967, avec Jean Vilar les rencontres "Foi et culture" du festival In.
Au début des années 2000, se sentant vieillir, le père Chave passe le relais au dominicain Thierry Hubert (actuellement producteur du Jour du Seigneur NDLR) qui s’entoure d’autres frères et l’aventure devient alors communautaire.
"Thierry Hubert était pionnier dans cette aventure où nous l’avons rejoint au fur et à mesure, explique le frère Rémy Vallejo, l'un des quatre religieux. Nous sommes quatre frères investis sur la durée totale du festival, ce qui nous permet de voir un grand nombre de spectacles et d’avoir sur eux des regards croisés. Nous sommes aussi plus disponibles pour rencontrer des gens qui voudraient parler avec nous."
Aujourd’hui, la question spirituelle revient très fort en particulier parmi les jeunes metteurs en scène
Quels univers a priori plus éloignés que le théâtre et l’Église catholique ? L’intuition qui guide ces rencontres est justement de leur offrir des espaces de rencontres et de dialogue. "Car la parole portée par le théâtre d’une part, et celle – le Verbe – portée par l’Église d’autre part, peuvent consonner, ajoute Rémy Vallejo. Elles permettent de se retrouver sur l’essentiel."
Mais ce dialogue répond-il encore à un besoin dans une société où l’Église catholique est marginalisée ? "Dans les années soixante, quand ces rencontres ont été initiées, la question religieuse n’était pas du tout la bienvenue dans le festival, raconte Rémy Vallejo. Le festival comme la société étaient empreints d’anticléricalisme. Aujourd’hui, en particulier parmi les jeunes metteurs en scène, la question spirituelle revient très fort et ouvre un nouveau dialogue."
Cette expérience nous pousse à être toujours plus attentifs à notre mode d’expression
L'habit blanc de religieux dominicains est facilement repérable, mais il peut être confondu avec des costumes de scène, en particulier dans les rues du festival Off ! Pourtant, le seul jeu que Rémy Vallejo et ses frères de communauté sont censés jouer, à Avignon comme ailleurs, c’est celui de prédicateurs.
"Nous sommes très attachés au Verbe que nous portons à travers notre prédication, explique le religieux. Cette expérience nous pousse à être toujours plus attentifs à notre mode d’expression pour qu’il soit audible au-delà du cercle de prédication ordinaire. Dans le souci missionnaire qui est le nôtre, nous devons être attentifs au type de langage que nous portons, nous devons être compris et comprendre aussi le monde qui nous entoure."
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