Dans l'Évangile de ce dimanche 19 septembre, les disciples ne comprennent pas le message de Jésus. Ils le perçoivent comme un chef politique, alors que Jésus leur fait entrevoir la perspective renversante du Royaume de Dieu. Leur malentendu dit quelque chose de notre malentendu à nous, comme nous l'explique le dominicain Dominique Collin.
Partis de là, ils traversaient la Galilée, et Jésus ne voulait pas qu’on le sache, car il enseignait ses disciples en leur disant : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. »
Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger. Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand.
S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »
Source : AELF
Dans ce passage de l’évangile de Marc, Jésus traverse la Galilée avec ses disciples après une escapade en terre païenne. Il est donc de retour sur sa terre natale. En fait, l’évangéliste Marc situe le ministère public de Jésus essentiellement en Galilée. "Toute son activité, les prédications, le ministère, les guérisons sont toutes en Galilée." Même s’il décrit quelques incursions en terre païenne.
Mais même sa terre natale, Jésus ne fait que la traverser. Il ne se fixe jamais. "Ça traduit l’urgence de la proclamation du Royaume de Dieu, explique Dominique Collin, l’idée c’est de communiquer au plus grand nombre cette joie, cette confiance en l’Évangile, cette ouverture au Royaume de Dieu, on ne peut pas rester en place et sur place."
Pourtant, il est dit dans ce texte : "Jésus ne voulait pas qu’on le sache". Au chapitre précédent, le chapitre 8, il a été annoncé que "le Fils de l’homme" irait à Jérusalem pour y "être livré au pouvoir des hommes". D’ailleurs, dès le début de l’évangile de Marc la tension est déjà très présente. Ainsi, quand il écrit : "Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes" on ne s’étonne pas de ce verbe au présent. En un sens Jésus est "livré depuis le départ", suggère Dominique Collin.
Or, Pierre est violemment opposé à cette perspective, synonyme d’échec. Il faut comprendre que, selon les disciples, Jésus est comme un chef politique. "Les disciples sont en fait grosso modo les suiveurs d’un homme politique dont on attend quelque succès."
Dans l’Évangile de Marc, les disciples sont particulièrement rudoyés, plus encore que les autres personnages. Ils ne comprennent pas, ils ne peuvent pas comprendre. Pour Dominique Collin, ils "grandissent dans le malentendu". Mais qui peut le leur reprocher ? Il y a "un tel inouï de l’Évangile" : pourquoi faut-il être le dernier ? Pourquoi faut-il perdre sa vie pour la gagner ? Le message du Christ nous fait entrevoir la perspective renversante du royaume de Dieu. "Ça dit notre incompréhension à nous, notre malentendu à nous."
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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