Si l'évangéliste Marc est souvent représenté accompagné d'un lion, c’est parce que son évangile parle de la "voix de celui qui crie dans le désert" - comme le mugissement d’un lion. Cette voix est celle du prophète Jean Baptiste. Mais pourquoi crier dans le désert ?
Évangile du deuxième dimanche de l'Avent (Mc 1, 1-8)
Commencement de l'Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. Il est écrit dans Isaïe, le prophète : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin. Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.
Alors Jean, celui qui baptisait, parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés.
Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »
Source : AELF
Ce n’est que 40 ans après la mort de Jésus que l’on a commencé à mettre par écrit ses enseignements. Des quatre évangélistes, Marc est le premier à avoir rédigé son évangile, autour de 70, sans doute à Rome. Il s’est appuyé sur des recueils de paroles de Jésus et aussi les prédications de Pierre. "On dit de Marc qu’il est le narrateur de la prédication de Pierre, selon Michel Quesnel, prêtre oratorien, bibliste et théologien, parce que finalement, il a pas mal accompagné Pierre."
L’évangile de Marc s’ouvre avec un titre : "Commencement". Cela renvoie à l'idée répandue dans l'Église du premier siècle qu'une ère nouvelle commence avec la prédication de Jean Baptiste. "C'est donc le commencement d’une série d’événements liés à la personne de Jésus", nous dit le bibliste. Dans le Premier Testament, il y a un autre commencement : le récit de la Genèse. Avec Jésus, on entre dans une nouvelle création.
Dans la tradition juive, le désert a une très grosse importance. C’est vraiment le lieu de la purification
Si Marc est souvent représenté accompagné d'un lion, c’est parce que son évangile parle de la "voix de celui qui crie dans le désert" - comme le mugissement d’un lion. Elle est celle de Jean Baptiste : la voix, c’est en effet l’attribut par excellence des prophètes, dans les Écritures.
Mais pourquoi crier dans le désert ? "Dans la tradition juive, le désert a une très grosse importance, précise Michel Quesnel, c’est vraiment le lieu de la purification." Par exemple, le désert du Sinaï, "qui a une très grosse portée symbolique", est le lieu qui permet au peuple hébreu de passer de l’esclavage à la liberté. Ici, dans l’évangile de Marc, le désert, c’est aussi "le lieu loin de la ville" que choisit Jean Baptise pour prendre de la distance avec Jérusalem.
Le père de Jean Baptiste était prêtre au Temple de Jérusalem : le fils, lui, a choisi de prêcher dans le désert. "Il prêche un baptême de conversion pour le pardon des péchés." Et cela n’a rien d’anodin puisque dans le temple, on faisait, pour le pardon des péchés, des sacrifices.
À ce titre, Jean était véritablement "un dissident", admet le bibliste. Il reste le plus célèbre des prédicateurs des mouvements baptistes antiques. Des courants nés au sein, voire à la marge, du judaïsme, et dont les membres partageaient "une volonté de retrouver une espèce de pureté, d’essentiel de la foi juive".
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Le mot "péché" semble aujourd'hui un peu trop connoté, ou bien à force il ne veut plus dire grand-chose pour beaucoup de nos contemporains. On l’a souvent associé à l’idée de "désobéissance" aux commandements : pour Michel Quesnel, on peut considérer, à la suite de Paul, que "le péché n’est pas d’abord une désobéissance".
Le péché, nous dit le bibliste, "c’est refuser d’inventer ce qui fait du bien aux autres et à soi-même. C’est une espèce de repli, dans une espèce de bulle personnelle, un isolement qui fait que la relation à Dieu et aux autres, pratiquement n’est plus possible."
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