Dans l'Évangile de ce dimanche, premier dimanche de Carême, Jésus est conduit au désert. C'est le lieu de l'épreuve : mais dans le langage biblique une épreuve, en soi est quelque chose de bon, elle permet d'éprouver l'amour de Dieu. C'est le diable qui essaie de transformer cette épreuve en tentation... Mais qui est le diable ? Explication de Dominique Collin, dominicain.
Évangile du dimanche 6 mars (LC 4, 1-16)*
Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.
Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain. » Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre. Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. »
Jésus lui répondit : « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. » Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.
Lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. Il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge. Il vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture.
*Source : AELF
Dans le chapitre précédent de l'Évangile de Luc, il est écrit : "L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »" (Lc 3, 22). Des paroles fortes qui sont prononcées au moment du baptême du Christ. Pourquoi donc au chapitre suivant, c'est Dieu lui-même, par l'Esprit saint, qui conduit Jésus au désert, un lieu d'épreuve ?
Le désert, c'est le lieu du retour sur soi. "Un espace inhospitalier, sauvage, où il y a plein de lignes de fuite mais pas de fuite possible, la personne qui y est doit faire un retour sur elle-même." Passer 40 jours dans le désert c'est être dans une unité de temps et de lieu où il n'y a pas d'autre issue que d'être confronté à soi, que de s'éprouver soi-même.
40 jours, c'est le temps qu'il faut pour accéder "à cette reconnaissance que je suis aimé sans mérite, gratuitement, absolument, radicalement". Cela explique qu'après avoir reçu l'Esprit saint, le Christ passe par cette épreuve du désert : pour éprouver le fait d'être aimé par Dieu.
Au désert, Jésus est éprouvé sur sa filiation : "Si tu es Fils de Dieu...". C'est à ce sujet que le diable le titille. Mais qui est le diable ? Le diable est ici "une figure symbolique et métaphorique". Pour Dominique Colin il faut oublier toute représentation fantastique comme on peut en voir dans les films. "C’est une figure pour personnifier extérieurement quelque chose qui n’a lieu que dans la conscience intérieure."
Dans le langage biblique, "une épreuve, en soi c’est bon", rappelle le dominicain. « Être dans le désert, c’est éprouver la vérité de qui je suis, en me regardant au miroir de la parole qui me dit "tu es mon fils bien aimé" ». Or, le diable transforme l’épreuve en tentation : quand on en vient à refuser l’offre qui nous est faite d’être enfant de Dieu. "L’épreuve devient une tentation quand je me dis : est-ce que c’est si bon que ça d’être fils ? Si c’est pour crever de faim dans le désert pour ne pas être comblé de mes besoins, à quoi ça sert finalement ?"
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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