Prêtre des Oblats de Saint-Vincent-de-Paul et aumônier de collège dans l'Ain, le Père Fabrice Letellier a été toute sa jeunesse habité par une quête de sens. Aujourd'hui, il a à cœur de susciter chez les jeunes un étonnement, un questionnement spirituel... Dans une époque caractérisée par une "absence de repères", il a cette "obsession" de "faire connaître la figure du Christ". Rencontre avec un homme de terrain qui fait au quotidien l'expérience de l'évangélisation.
Le jour de la rentrée, Le Père Letellier a surpris les élèves en leur disant qu’il "les aimait déjà alors qu’il les connaissait à peine". "Je leur ai répondu que le simple fait de les voir devant moi, explique-t-il, de savoir qu’on va passer une année ensemble c’était pour moi une grande joie et que j’avais déjà le désir de les aimer, c’est-à-dire de les servir, de leur apporter tout ce dont ils ont besoin." Aumônier des établissements Saint-Joseph et Jeanne-d'Arc à Bourg-en-Bresse, dans l’Ain, le Père Fabrice Letellier a à cœur de susciter des réactions parmi les élèves.
Susciter des réactions, c’est pour cela que le Père Letellier porte la soutane. "Pour une question, je pense tout simplement, de témoignage… Parce que j’ai remarqué que l’habit pouvait susciter toutes sortes de réactions, un intérêt, un étonnement" au risque d'essuyer "parfois même un rejet, disons-le, ou une moquerie…" À une époque caractérisée par une "absence de repères" et une profonde "quête" chez les jeunes en particulier, le Père Fabrice Letellier a cette "obsession" de "faire connaître la figure du Christ qui les aime, qui veut les sauver, qui veut leur bonheur éternel". Selon lui, "nous aurions tort de nous priver de ce témoignage, d’autant plus que le Christ nous y appelle !"
Ainsi, à chaque rentrée, le Père Letellier bénit les élèves. C’est "un moment impressionnant pour certains, décrit-il, parce que beaucoup ne savent pas de quoi il s’agit, d’autres qui savent n’osent pas forcément s’afficher en tant que chrétiens". Cette bénédiction est aussi une façon de "rappeler" aux jeunes "qu’ils sont dans des établissements catholiques et que l’on va tâcher d’apporter une spécificité à... tout l’aspect éducatif qui nous distingue de l’enseignement public".
Il faut le dire très simplement : je pense que les musulmans sont moins complexés pour témoigner de leur foi et cela suscite de beaux échanges
Dans les établissements de l’Enseignement catholique où il intervient, "la proportion d’élèves inscrits au catéchisme est assez faible", note le Père Letellier. D’ailleurs, ce n’est pas obligatoire. Et tous les élèves ne sont pas issus de familles catholiques. Ce qui est obligatoire en revanche, c’est la "Formation humaine et chrétienne", que l’aumônier dispense à raison d’une "douzaine d’heures par semaine". C’est "l’occasion d’échanges avec d’autres croyances, d’autres philosophies". La différence avec le catéchisme, "c’est la foi", précise-t-il : on "va proposer des moyens plus efficaces pour nourrir leur foi", comme la prière ou les sacrements.
"En assurant les cours de formation humaine et chrétienne", le Père Letellier souhaite "pouvoir susciter éventuellement au sein d’un public plus large un intérêt pour la personne du Christ. Et éventuellement de s’inscrire par la suite au caté, poursuit-il, donc c’est aussi une véritable mission d’évangélisation, en fait." Et cette année, certains se sont inscrits au catéchisme suite aux cours de formation humaine et chrétienne...
Quant aux élèves d’autres religions, les jeunes "musulmans représentent dans certaines classes 20 à 25% des effectifs… ce qui n’est pas négligeable", relève l’aumônier, qui se réjouit de "l’intérêt" que ceux-ci manifestent pour la foi chrétienne. "Je dois dire que ça fait partie de mes plus belles surprises, de mes plus belles expériences, se félicite le prêtre, il faut le dire très simplement : je pense que les musulmans sont moins complexés pour témoigner de leur foi et cela suscite de beaux échanges, des échanges profonds avec les élèves."
J’avais opté pour la médecine sans savoir que le Bon Dieu m’appellerai pour une vocation encore plus haute, le service des âmes
Quand il parle du Christ aux jeunes, le Père Letellier est "étonné par leur attention", signe pour lui d’un "véritable désir d’approfondir ces questions-là, spirituelles, existentielles..." Un désir qui fait écho à celui qui a marqué sa jeunesse. Né dans une famille catholique "non pratiquante", Fabrice Letellier a été, tout au long de son adolescence, habité par "une quête vraiment existentielle". Jusqu’à sa première année en études de médecine : "Je vois vraiment la main de la Providence qui m’a conduit jusqu’à mon engagement comme religieux et prêtre."
Il a pu trouver au sein du foyer d’étudiants des Religieux de Saint-Vincent-de-Paul, l’occasion "d’approfondir" sa "culture chrétienne" et "la foi" qu’il avait "en germe". Un moment décisif dans sa vocation. "La quête du spirituel a rapidement pris la place sur mes études de médecine." Et le jeune homme a consacré les deux années qui sont suivi au discernement de cet appel, avant de s’engager chez les Religieux de Saint-Vincent-de-Paul. "J’avais opté pour la médecine sans savoir que le Bon Dieu m’appellerai pour une vocation encore plus haute, le service des âmes."
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Il a été ordonné en 2012 par Mgr Bagnard pour les Oblats de Saint-Vincent-de-Paul. Un Institut religieux clérical rattaché à l’évêque de Belley-Ars. Et dont la mission "est l’évangélisation des pauvres et des jeunes" avec une "priorité pour les milieux populaires". Depuis trois ans, Fabrice Letellier vit à Bourg-en-Bresse, où il est vicaire à la paroisse du Sacré-Cœur, en plus de sa mission d'aumônier. "Je dois dire que mon expérience depuis trois ans est très belle, très riche de rencontres, et même déjà de fruits, j’en rends grâce au Seigneur." Par "fruits", le prêtre entend "la conversion de certains cœurs, des jeunes qui avaient au fond d’eux-mêmes cette soif d’absolu qui me rappelait un petit peu mon expérience personnelle".
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