Aujourd’hui, dans le monde occidental, les chrétiens traitent les rites de pénitence de façon un peu désinvolte, observe le Père Michel Quesnel. Pourtant, avec les cendres ou le jeûne, il y a toute une symbolique très forte autour du Carême, qui nous vient du judaïsme.
Le pape François a lancé un appel à prier et jeûner pour la paix en Ukraine, le jour de l'entrée en Carême, soit le mercredi des Cendres. D’où vient cette symbolique de la cendre ? On la retrouve dans l’Ancien Testament, dans le Livre de Jérémie notamment, qui ordonne à la ville de Jérusalem : "revêts-toi de sac et roule-toi dans la cendre" (Jr 6, 26). Et quand le prophète Ezechiel s’adresse au roi de Tyr, roi pécheur et ennemi d’Israël, il lui dit : "Je fais sortir du milieu de toi un feu qui te dévore ; sur la terre, je te réduis en cendres" (Ez 28, 18).
Symboliquement, la cendre c'est la poussière du sol. "L’homme vient de la poussière, de la glaise, de tout ce qui est sale, d’une certaine façon, et donc c’est un retour à l’origine fragile de la personne humaine", explique Michel Quesnel. Ainsi, s’asseoir sur des cendres, en mettre sur la tête, mais aussi porter un sac de toile rugueuse en guise de vêtement : c’est ce que l’on fait, dans la tradition juive, lorsqu’on veut demander pardon, faire pénitence ou évoquer la fragilité de la personne humaine.
Dans le judaïsme, "il n’y a pas l’équivalent du ramadan ou du Carême", rappelle le Père Quesnel. Certes, sur le plan individuel, les personnes qui veulent implorer pour une cause forte, demander pardon ou manifester leur repentir pratiquent le jeûne. Sur le plan collectif, le jour de Kippour est célébré dans le monde entier par toutes les communautés juives. Or, c’est un jour "très nettement marqué par le jeûne", précise Michel Quesnel. Il a lieu le dixième jour du septième mois de l’année – soit dans le courant du mois d’octobre – et l’on demande pardon pour les péchés personnels et les péchés collectifs.
Le Carême dure 40 jours : un chiffre très symbolique, qui revient plus de 90 fois dans la Bible ! "C’est le chiffre des préparations pénibles de choses joyeuses", explique le Père Quesnel. Le Carême est en effet un temps de pénitence tourné vers Pâques et la joie de la résurrection. Aujourd'hui, ce temps long de préparation aux grandes fêtes se retrouve plus chez les chrétiens et les musulmans que chez les juifs.
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