Ils sont dans les versets de la Bible comme un trio inséparable : l’immigré, la veuve et l'orphelin. ‘Protégés’, ‘soutenus’ par le Seigneur, ces figures de l’Ancien Testament appellent la compassion chez ceux qui les rencontrent. Parmi les histoires de migration, celle de Ruth la moabite mêle audace, fidélité, et respect de la Loi.
« Le Seigneur protège l’étranger. Il soutient la veuve et l’orphelin, il égare les pas du méchant » dit le psaume 145. Dans l’histoire de Ruth, un livre situé dans l’Ancien Testament, les personnages sont tour à tour l’autochtone puis l’étranger, l’accueillant puis l’émigré cherchant l’abri. Ces renversements sont provoqués par la faim et les soubresauts de la vie. Ils disent la migration comme une nécessité – « il y eut une famine dans le pays » - et une audace - « se rendre chez un peuple que tu n’avais jamais connu de ta vie » déclare Booz, étonné de la témérité de Ruth qui a fui son pays pour rester fidèle à sa belle-mère Noémie. Les deux femmes sont tour à tour l’étrangère et l'autochtone.
La Bible en les liant tous les trois, nous dit de dépasser nos réticences naturelles devant ce qui est ‘étrange’ à nos yeux, pour considérer l’étranger d’abord comme un pauvre, à l’image de la veuve et de l’orphelin
Or, il y a dans la Bible et selon les textes, « une tension entre deux messages : ‘tu accueilleras l’étranger’ et ‘tu ne te laisseras pas changer ou influencer par l’étranger’, qui vient avec sa culture, sa civilisation » explique Antoine Nouis, théologien protestant, en soulignant ce que les commentateurs ont remarqué. « Quand le peuple se sent fort dans son identité, dans ce qu’il est, alors c’est le message d’accueil qui domine. Mais quand le peuple se sent fragilisé, alors il a tendance à développer des réactions identitaires, moins favorables à l’étranger ».
Parallèlement à ces aventures, la Bible rappelle la Loi de Dieu. Dans la Torah, trois catégories de personnes sont systématiquement associées car elle nécessite une protection : la veuve, l’orphelin et l’immigré. « Assez vite, la veuve et l’orphelin suscite une pitié et une compassion. L’immigré, moins. La Bible en les liant tous les trois, nous dit de dépasser nos réticences naturelles devant ce qui est ‘étrange’ à nos yeux, pour considérer l’étranger d’abord comme un pauvre, à l’image de la veuve et de l’orphelin ».
A cette époque, le droit de glanage va autoriser Ruth et sa belle-mère à récupérer les légumes dans les champs. La Loi du rachat va réinscrire Ruth dans une histoire en donnant à Boaz de pouvoir racheter le champ. Enfin, Ruth sera inscrite dans la généalogie de Jésus parmi les quatre femmes y figurant. Comme Moabite, elle en était pourtant maudite. « Mais elle a renversé la malédiction grâce à sa loyauté envers sa belle-mère, quittant tout pour l'accompagner. C’est ce qui en fait une femme combattante ».
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