"Quels visages d'Église pour demain ?" C'est le thème de la table-ronde animée par Amaury Guillem, de RCF Marseille, à l’occasion du rassemblement de la famille ignatienne, du 30 octobre au 1er novembre. Au regard de tous les événements qui la bouleversent, on peut se poser la question du devenir de l'Église catholique. Mais parle-t-on d’une institution qu’il faudrait relooker pour qu’elle ait une image plus correcte ou qu’il faudrait réformer pour qu’elle soit adaptée au monde ? Ou bien est-elle une réalité spirituelle qui nous dépasse et que l’on ne peut réellement appréhender ?
On ne se pose plus la question de savoir si l’Église doit changer mais plutôt comment elle peut le faire. Elle doit changer, déjà parce que le monde change : la pasteure Anne-Laure Danet rappelle "le contexte de déchristianisation de la France et de l’Europe". Plus spécifiquement, la remise du rapport de la Ciase le 5 octobre dernier coïncide avec l’ouverture du synode sur la synodalité. "La conjonction des deux est providentielle", pour François Euvé. "Nous sommes face à des questions absolument décisives" qui obligent à "repenser une Église synodale".
Sœur Nathalie Becquart rappelle la formule que le pape François dit souvent : "On n’est pas dans un monde qui change on est dans un changement de monde." Pour la sous-secrétaire du synode des évêques, "l’Église doit changer pour aller vers, c’est maintenant très clair, cette vision d’une Église synodale, peuple de Dieu, où tous sont acteurs protagonistes, appelés à être disciples missionnaires."
Pour le journaliste Benoît Hervieu-Léger, de la revue Projet, le "premier principe de la synodalité c’est de saisir en quoi ce monde est en train de changer". Il pointe du doigt "la question démocratique : où est-ce qu’on gouverne ensemble ?" Selon lui, ça s’applique à l’Église et ça s’applique ailleurs". Communion, participation et mission sont les trois axes du synode sur la synodalité. Pour la sous-secrétaire du synode, il s’agit de "renforcer la communion" et de "faire en sorte que tous participent, y compris ceux qui ne sont pas entendus…"
Parmi les différents chantiers à mener, il y a celui de "traverser le fossé qui sépare l’Église enseignante, le clergé, et l’Église enseignée, ceux qui écoutent", considère François Euvé. Ce rapport entre les clercs et les laïcs est central à la fois dans la perception que l’on a de l’Église à l’extérieur. Mais aussi au sein même de l’Église. "On souffre de cette image d’une Église polarisée entre les clercs et les laïcs, confie sœur Agnès, c’est une image qu’on trouve partout et qu’on ne veut plus."
Le désir de changement impose de se poser à nouveau la question : à quoi sert l’Église ? Quelle est sa mission, au fond ? Nathalie Becquart explique : "L’Église n’a pas sa finalité en elle-même, elle a pour vocation d’être signe et sacrement de l’unité du genre humain et de servir la maison commune, le monde." La pasteure Anne-Laure Danet rappelle que "pour les protestants l’Église c’est un événement, qui est la proclamation de la parole de Dieu à la fois dans des mots et en gestes." Pour elle, "les Églises ont la responsabilité d’aider les croyants à devenir adultes dans leur foi pour rendre compte de l’espérance". Une responsabilité qui revient à chacun.
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