Depuis son entrée dans les ordres il y a une vingtaine d’années, Sœur Patricia Béduchaud suit les préceptes de saint François d’Assise, le fondateur de sa congrégation. C’est à Francheville, une ville aux portes de Lyon, qu’elle accomplit sa mission auprès des personnes "à la marge" et plus particulièrement auprès des sans-abri.
Rien ne la prédestinait à devenir religieuse. Il aura fallu un défi lancé par une amie : participer à une marche, au cours de laquelle a été célébrée l'eucharistie. Patricia Béduchaud a alors été "saisie". Avec "une grande paix et une grande joie", elle a reçu comme une "révélation".
"Je suis une recommançante dans la foi, témoigne Soœur Patricia, j'avais tout fait : baptême, communion, confirmation et puis à l’adolescence j’ai laissé tomber", raconte-t-elle. Ce n’est donc qu’à l’âge de 40 ans que cette ancienne parisienne travaillant dans l’informatique s’est décidée à frapper à la porte de l’Institut des sœurs de Saint-François d’Assise de Montpellier.
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En choisissant l'Institut des sœurs de Saint-François d’Assise, Patricia Béduchaud a opté pour la vie apostolique, c’est-à-dire non cloîtrée et au service des autres. Très vite, la dimension sociale de sa mission lui est apparue comme une évidence. C’est à La Chardonnière, un écrin de verdure située à Francheville, près de Lyon, que cette vocation auprès des personnes "à la marge" s'est concrétisé. Là, les trois sœurs de la congrégation cohabitent avec le foyer Notre-Dame des Sans-abri, qui accompagne et héberge les personnes en détresse.
Dans le foyer, "il y a beaucoup de gens cabossés, qui ont été dans la rue et qui trouvent ici un lieu pour se poser, c’est important", explique sœur Patricia. Et d'ajouter : "On les accueille et on les prend tels qui sont et ça, ça rejoint l’évangile et notre vocation franciscaine." Tous les quinze jours, les religieuses accueillent à leur table un "passager", comme les appelait le fondateur du foyer, Gabriel Rosset-Boulon. "C’est vraiment un temps gratuit, un accueil fraternel entre voisins", pendant lequel l’alcool est prohibé bien sûr.
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Au fil des rencontres, certains "passagers" se laissent aller à quelques confidences, d’autres restent discrets quant à leur parcours chaotique. Mais toujours sœur Patricia les accueille "sans jugement" et avec bienveillance. "On n’est pas là à leur dire il faudrait peut-être arrêter [l’alcool ou la drogue]", assure la religieuse qui est reconnaissante de la confiance que leur accordent ces personnes. Avec humilité, sœur Patricia a également réalisé qu’elle pourrait être à leur place, que "la dégringolade va très très vite" mais "que ce n’est une fatalité".
Je suis émerveillée de cette force de vie qu’ils ont malgré tout ce qu’ils ont vécu
À leur contact, la religieuse dit apprendre à "être vraie". "Ce sont des gens cash, qui ne vont pas cacher leurs addictions... Et je suis émerveillée de cette force de vie qu’ils ont malgré tout ce qu’ils ont vécu", sourit-elle. Une force de vie qui tient d’après elle à la présence de Dieu en eux. Elle ne cesse d’ailleurs jamais de leur rappeler de garder espoir et prie chaque matin et soir pour obtenir l’aide du Seigneur dans sa mission.
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