Vins et vignobles

La communauté vigneronne s’est toujours rassemblée autour de fêtes.
Soit à la fin des vendanges, soit le jour des saints patrons protecteurs soit à d’autres occasions comme la Percée du vin jaune, la Pressée du vin de paille ou l’incontournable fête du Biou.

Est-ce synonyme de résurrection du vignoble franc-comtois ?
Face à la concurrence mondiale, l’excellente qualité des vins et la mise en valeur des divers goûts du terroir sont des atouts, face à des clients de plus en plus exigeants.

Après avoir gravi la colline de Château-Chalon, la Route des vins du Jura poursuit son tracé vers le nord du département du Jura.
Via Poligny, avec son église des jacobins, de style gothique flamboyant, son lycée hôtelier…

Puis vers Saint-Lothain et la capitale des vins du Jura Arbois, où Pasteur a vécu et mené des expériences sur la vigne.
Nous terminons par Salins-les-Bains où le vignoble a presque disparu mais où se trouve le grand ensemble des Salines, classé au patrimoine mondial de l’Unesco.

Comme tous les vignobles de France, celui du Jura a sa Route des vins.
Elle est estampillée « Vignoble et découvertes », une distinction délivrée par les ministères du Tourisme et de l’Agriculture.

Cette route est idéale pour les touristes, curieux de découvrir toute la gamme des vins jurassiens et le patrimoine de ce département.
Elle fait notamment étape à Château-Chalon, connu pour son vin jaune AOC, son titre de plus beau village de France et pour sa riche histoire.

Dans le Doubs, des entrepreneurs se sont lancés dans la viticulture à Vuillafans, à Moutherot, à Ornans en s’inspirant des tableaux de Courbet.
Dans le Jura, seul le village d’Offlanges produit du vin de pays, car les AOC ont la mainmise sur le vignoble.

Mais cet engouement peut-il perdurer ?
Les vins de pays surfent aujourd’hui sur la vague du tout local, mais qu’en sera-t-il demain ?

La dénomination de « vins de pays » a permis la renaissance de la viticulture en Haute-Saône.
L’entreprise Guillaume en est le principal symbole.
Vient également Champlitte où Albert Demard crée un musée et se lance dans la culture de la vigne, suivi par cinq autres familles.

La viticulture, à petite échelle, est aussi relancée dans le Doubs.
C’est le cas à Vuillafans grâce à l’association Ruranim, qui malgré des difficultés, retrouve un certain dynamisme.

En Franche-Comté, seul le vignoble du Jura compte quatre AOC, Appellations d’origine contrôlée : Arbois, Château-Chalon, Côtes du Jura et L’Etoile.

A ces quatre aires géographiques s’ajouteront beaucoup plus tard deux AOC de produits, c’est-à-dire qu’ils ne dépendent pas d’une aire géographique précise : le crémant et le macvin.

Dans les années 80, d’autres productions viticoles apparaissent qui ne sont pas labélisés et qui s’appuient sur le patrimoine : les vins dits de pays.

Ce sont les vins du Jura qui ont été les premiers en France à bénéficier du label AOC, c’est-à-dire Appellation d’origine contrôlée.
D’abord, les vins d’Arbois et les Château-Chalon en 1936.
Son attribution correspond à des critères très précis : origine garantie du terroir et vinification de qualité.

En étant considérés comme AOC, les vins du Jura ont acquis une qualité et une renommée nationale et internationale, même si la surface d’exploitation ne représente que 0,3% du vignoble français.

La renaissance du vignoble franc-comtois et particulièrement jurassien est due à plusieurs facteurs comme le remembrement, pour créer de véritables domaines viticoles.

La recherche scientifique autour de la connaissance des cépages, l’amélioration de la vinification grâce aux recherches du savant jurassien Louis Pasteur y participent également.
Ainsi, s’est créée une nouvelle discipline scientifique : l’œnologie.

En 1970, le vignoble franc-comtois est en train de mourir.
Il ne reste plus beaucoup de vignes dans le Doubs et en Haute-Saône.
La surface viticole du Jura s’est fortement réduite.

Mais un renouveau se dessine et le vignoble change d’aspect.
40% des vignes sont désormais reconnues par des Appellations d’origine contrôlée.

Après l’oïdium et le mildiou, le vignoble franc-comtois est frappé de plein fouet par l’arrivée d’un insecte, le phylloxera.
Une nouvelle calamité pour les vignes, forçant des milliers d’exploitants à la faillite et à l’abandon de leurs domaines aux 19ème et 20ème siècles.

La Première guerre mondiale et ses conséquences, la concurrence des vins du midi et d’Algérie, le manque de main-d’œuvre vont également accélérer le déclin de la viticulture dans trois des quatre départements de Franche-Comté.

Dès la moitié du 19ème siècle, des maladies vont fragiliser le vignoble franc-comtois.
L’oïdium puis le mildiou.

La bouillie bordelaise mise au point par le Jurassien Alexis Millardet va permettre de combattre efficacement ce parasite, dès le moment où les vignerons ont été convaincus de son efficacité.
Mais un autre fléau va arriver : le phylloxéra.

Après la Révolution française, le vignoble franc-comtois retrouve sa superficie d’avant 1789.
Il prend même de l’importance par rapport aux cultures nourricières.
Mais d’une façon générale, la qualité de la production était médiocre.

La consommation reste cependant accrue même si les vins régionaux n’arrivent pas à se vendre à l’extérieur.
Il subissait la concurrence des vins du Midi, surtout avec l’apparition du chemin de fer.

En Franche-Comté, le 18ème siècle est caractérisé par une expansion économique très forte.
Aucune guerre n’est venue contrarier cette expansion.

La vigne, elle aussi, a prospéré au détriment de la qualité des vins et des cultures céréalières.
Tout au long de ce siècle, les autorités locales et régionales ont essayé de limiter voire de réduire les surfaces viticoles, au grand dam des viticulteurs.

Pendant plus de 130 ans, le vignoble franc-comtois a pu se développer paisiblement.
Mais au 17ème siècle, un coup terrible est donné à cette expansion, avec la guerre de Dix ans en Franche-Comté.

La région est envahie par les troupes françaises de Louis XIII.
Plus de la moitié de sa population disparait entre 1634 et 1644.
Les conséquences humaines et économiques sont considérables.

Comme saint Vernier, saint Vincent était considéré comme un protecteur des vignerons en Franche-Comté, mais uniquement en Haute-Saône.
Aujourd’hui, il existe toujours la fête de la Saint-Vincent en Bourgogne.
C’est la Saint-Vincent Tournante, car chaque année, un village est chargé d’organiser cette fête.
La confrérie de Saint-Vincent va se propager au 16ème et 17ème siècle dans le Doubs et le Jura.

Au 16ème et 17ème siècle, le Parlement de Franche-Comté dresse un classement qualitatif des plants de vignes utilisés.
Les bons plants étaient le poulsard, le pinot noir, le savagnin et le chasselas.
A l’inverse, les mauvais plants étaient le gamay et le melon, en tête.

A cette époque également, les vignerons les moins aisés commencent à se regrouper en confrérie, afin de mieux se faire entendre des grands propriétaires terriens.
La première de Franche-Comté, fondée à Besançon en 1584, était dédiée à saint Vernier.

Au 16ème et 17ème siècle, la vigne n’a cessé de s’étendre sur tous les coteaux bien exposés et même en plaine, au détriment parfois des cultures céréalières.

Une situation qui a amené les municipalités à réguler ces extensions.
La culture de la vigne n’a guère changé depuis le Moyen-âge, mais on connaît maintenant les cépages qui étaient plantés, grâce au Parlement de Franche-Comté.

A la fin du Moyen-âge, il y avait deux catégories de vins.
Les vins dits vieux et les vins nouveaux.
Généralement, la qualité de ces liquides était très médiocre, selon les textes de cette époque.
La plupart des appréciations rédigées étaient négatives.

Comment mesurait-on les quantités de vin au Moyen-âge ?
Le système métrique n’existait pas encore.
Et les mesures étaient différentes d’une région à une autre, et même à l’intérieur d’une région comme la Comté, d’une chatellenie à une autre et même à l’intérieur d’une châtellenie.
La plus grande était le muid, du latin « modius », qui était une mesure de capacité servant surtout pour les graines.

Contrairement à la Bourgogne, les cépages de vigne utilisés en Franche-Comté au Moyen Âge restent inconnus.
Le classement des vins dans les registres financiers est tout autre.

Avec trois catégories : les vins de réserve ou de garnison, les vins amassés et la garde de Luye.
En ce qui concerne la vinification et le stockage, les termes employés recouvraient diverses fonctions selon les lieux et les époques.