Le lien entre alimentation et environnementNos modes alimentaires ont beaucoup de conséquences dans plusieurs domaines. Par exemple, si l’on parle du changement climatique, il faut garder à l’esprit que le quart des émissions de gaz à effet de serre en France provient de nos assiettes. C’est autant que le transport ou le logement !
Bonjour Anne-Sophie, aujourd’hui, nous allons parler des conséquences de nos modes alimentaires
sur notre environnement. On en parle de plus en plus, mais pourtant, le lien ne semble pas direct…
Pourtant, nos modes alimentaires ont beaucoup de conséquences dans plusieurs domaines. Par
exemple, si l’on parle du changement climatique, il faut garder à l’esprit que le quart des émissions de
gaz à effet de serre en France provient de nos assiettes. C’est autant que le transport ou le logement !
De la production des aliments jusqu’à leur consommation, notre modèle alimentaire très industrialisé
et très dépendant de transports internationaux contribue au réchauffement de la planète à cause des
consommations d’énergie, des pollutions et des gaspillages… Même si les pratiques évoluent en même
temps que les prises de conscience, on voit qu’il y a des impacts à toutes les étapes.
Parlons d’abord de la production des aliments. En France, l’agriculture utilise beaucoup d’engrais et de
pesticides. La dégradation des sols par l’utilisation d’engins mécaniques lourds et de produits
chimiques a de multiples conséquences : perte de la fertilité des sols, érosion, pollution des nappes
phréatiques… Le malaise des agriculteurs qui s’est exprimé fortement ces derniers mois vient en partie
de leur déconnexion avec les rythmes et les fonctionnalités de la nature. Le système agro-chimique ne
pourra pas durer très longtemps, car il est directement lié à l’industrie pétrolière.
De plus, l’eau devient un enjeu majeur, non seulement pour la production agricole, mais aussi pour la
transformation des aliments qui consomme aussi beaucoup d’eau. Le transport essentiellement
routier des denrées pollue l’air et émet des gaz à effet de serre, sans compter l’impact des
importations par avion, parfois pour des produits à contre-saison. Le stockage et la distribution des
aliments imperméabilise de vastes surfaces autrefois agricoles et les chambres froides consomment
beaucoup d’énergie. Dans les grandes surfaces alimentaires, la réfrigération représente à elle seule 40
% de la facture énergétique.
Au bout de la chaîne, il y a nous, les consommateurs. Les produits sont de plus en plus transformés et
les emballages individuels de plus en plus demandés. Il faut les produire, souvent à partir du pétrole
pour faire les plastiques, les façonner puis quand ils ont été utilisés, il faut les collecter, traiter, recycler
ou incinérer. Aller faire ses courses, garder ses aliments au frais…Tout cela consomme encore de
l'énergie. Et le pire, c’est sans doute le gaspillage : des denrées qui ont été très couteuses à produire
en termes de ressources sont parfois jetées à la poubelle simplement à cause d’une date dépassée. En
France, nous jetons environ 20 kg de nourriture par an et par habitant.
Il faut pourtant bien manger chaque jour. Ce type de préoccupation semble très occidental, dans nos
sociétés trop bien nourries, mais ce n’est pas le cas du monde entier…
Oui et non, car la paysannerie est en train de disparaître à l’échelle mondiale. Quelques sociétés
agraires continuent à exister en Afrique et en Asie notamment, mais toujours à côté de systèmes agro-
industriels qui gagnent du terrain chaque jour dans l’esprit d’une exploitation minière de la nature : on
l’exploite au-delà de son seuil de renouvellement, puis on va plus loin. C’est le cas de l’Amazonie.
La production agricole est responsable de 70 à 80% de la déforestation dans le monde, via l’élevage
intensif, la production de soja, ou d’huile de palme si on regarde du côté de l’Asie. Les grands
écosystèmes naturels mondiaux disparaissent peu à peu. Les forêts, les zones humides