Les grands noms de l'histoire lorraine

Martyrs quasi mythiques issus de l'Antiquité tardive, fondateurs d'évêchés et d'abbayes durant le Haut Moyen Âge, dirigeants ecclésiastiques inspirants, missionnaires et protecteurs exemplaires... Les saintes et saints de Lorraine représentent des personnalités à l'historicité toujours questionnée mais dont l'empreinte se constate toujours dans la culture populaire. En quoi ces noms nous parlent-ils encore aujourd'hui ?
Invité : Frédéric Tixier, maître de conférences en histoire de l'art médiéval à l'Université de Lorraine.

L'Alliance provinciale des Industries d'art créée en 1901 entend promouvoir une forme réinventée d'Art Nouveau autour de quelques industriels, artisans et artistes dans les environs de Nancy. La vitalité de la production de ce mouvement artistique majeur du tournant des XIXe-XXe siècles se déploie dans un contexte bien particulier : celui de l'annexion de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine par l'Empire allemand. Des membres emblématiques de l'École de Nancy sont des hommes venus des provinces perdues ; est-ce alors un mouvement nationaliste ou régionaliste ? Et comme dit la chanson, où sont les femmes ?

Invité : Lylian Étienne, doctorant en histoire contemporaine à l'Université de Lorraine (thèse sur Les femmes artistes dans les expositions des beaux-arts en Lorraine entre 1860 et 1914 : modèles sociaux, stratégies et identités individuelles).

Connue pour être la première femme lauréate du baccalauréat en 1861, Julie-Victoire Daubié est un nom connu de tous les livres d'histoire. Ses revendications pour l'égalité femmes-hommes et pour l'émancipation par l'instruction et le progrès social sont des causes moins connues. Intégrée aux Commémorations nationales par France Mémoire, cette dame de la petite bourgeoisie vosgienne du XIXe siècle apparaît autant comme une pionnière que comme une figure radicalement engagée. Peut-elle être considérée comme un exemple de remise en cause des normes de son temps ?

Invitée : Véronique André-Durupt, membre de l’association des Amis du Vieux Fontenoy (autrice de la biographie « Julie-Victoire Daubié, la première bachelier »).

Depuis deux siècles, l'héritage de Napoléon Bonaparte fait l'objet d'une controverse balançant entre légende noire et légende dorée.
Durant tout son parcours, il a été entouré par des grands noms de l'histoire lorraine ; ces cadres de l'armée, de l'administration, dans les institutions politiques, voient leur renommée étroitement associée aux fortunes du régime impérial. Les noms de ces personnalités constituent des marqueurs de lieux bien identifiés dans la région, à l'image du général Duroc à Pont-à-Mousson. Mais à être trop proches de la lumière napoléonienne, ces figures sont-elles vouées à demeurer dans l'ombre de l'Empereur ?

Invité : Marin Menzin, doctorant en histoire moderne à l'Université de Lorraine, préparation de thèse sur le général Duroc, grand-maréchal du Palais, diplomate et confident de Napoléon Ier.

De nos jours, la restauration d'un duché lorrain indépendant paraît une absolue absurdité. Néanmoins, en parcourant les quatre départements, on constate aisément l'héritage architectural et culturel de ses dirigeants de l'époque médiévale et moderne. De la rue Gérard d'Alsace de Châtenois au château de Sierck-les-Bains, des places et des palais de Nancy à Bar-le-Duc, les noms sont marqués par une empreinte ducale symbolique forte. Est-elle indélébile pour autant ?

Invitée : Chloé Dagnolo, doctorante en histoire moderne à l'Université de Lorraine (thèse sur étude comparative des grandes rues, du patrimoine et de ses représentations : Bordeaux, Grenoble, Nancy - XVe-XXIe siècle).

Ardents promoteurs de la foi catholique dans la Lorraine au tournant des XVIe et XVIIe siècles, Alix Le Clerc et Pierre Fourier se sont distingués pour leur action sociale, leur croyance en l'instruction et leur piété inébranlable. Dans un contexte de crise spirituelle, ces personnalités ecclésiastiques, oeuvrant pour une société meilleure malgré les misères du temps, sont-elles passées à la postérité ?

Invité : Gaëtan Dechoux, doctorant en histoire moderne à l'Université de Lorraine, en préparation de thèse sur Religions et coexistence confessionnelle au sein des armées du roi de France (XVIIe-XVIIIe siècle).

L'histoire de cette jeune fille originaire d'un milieu paysan, au succès fulgurant et à la chute tragique, a été racontée de bien des manières.
En Lorraine, son parcours exceptionnel a suscité une abondante reprise mémorielle, de son village natal de Domremy, à ses rencontres avec d'éminentes personnalités de son temps, comme le duc Charles II ou le capitaine Robert de Baudricourt à Vaucouleurs.
Cependant, pour parvenir à cerner l'identité de Jeanne d'Arc, il faut parcourir les tourments de la terrible Guerre de Cent Ans et de cet espace de frontière singulier. Quelles mémoires la Pucelle d'Orléans laisse-t-elle dans son environnement d'origine ? Éléments de réponse avec notre invitée, Catherine Guyon, Maître de conférences en histoire médiévale à l'Université de Lorraine.

Aux confins de la Lorraine et de la Champagne, le petit village de Domrémy a vu naître, au début du XVe siècle, une des héroïnes les plus populaires de l'Histoire de France. Jeanne y est née et a grandi, parmi ses frères et sœurs : Jacquemin, Jean, Pierre et Catherine.

Au cœur de ce village vosgien, et à seulement 13 ans, la destinée de cette simple fille de laboureur, a pris un tour inattendu, exceptionnel... légendaire.

Des voix qu'elle dit avoir entendu "dans le jardin de son père", Jacques d'Arc, à sa détermination à prendre les armes pour son futur roi, tous les ingrédients de sa célèbre épopée se trouvent ici, à Domrémy, "là où tout a commencé" et où les visiteurs peuvent aujourd'hui visiter sa maison natale et un centre d'interprétation.

Entretien avec Pierre Suaire, agent d'accueil sur le site de la maison natale de Jeanne d'Arc.