Le livre des Psaumes

Sans doute, un seul psaume car ayant le même refrain.
Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, le croyant de la Bible et le croyant d’aujourd’hui cherchent Dieu. Ils sont blessés par la même question que les humains d’autrefois et ceux d’aujourd’hui lui posent : ‘Où est-il ton Dieu ?’
Blessés, mais pas anéantis : qu’ils soient loin ou proches de Jérusalem, ils font monter vers Dieu une offrande qui s’unit à celle qui est présentée dans le Temple. Peut-être même, à l’offrande d’encens qui est dans le coeur de tous les chercheurs de Dieu. Le prophète Malachie, dans son premier chapitre en parlait déjà... Jésus aussi, invitant la samaritaine à adorer en Esprit et en Vérité...

Dieu appelle le roi de Jérusalem à ‘siéger à sa droite’.
A ce titre, il recevra l’onction d’huile comme David son ancêtre. Il sera considéré comme le ‘fils de Dieu’, engendré par lui au jour de son intronisation. Cf Ps 2. Mais il sera aussi ‘prêtre selon l’ordre de Melchisedec que Gn 14 présente comme contemporain d’Abraham. Melchisedec ‘roi de Salem’, donc
hors descendance de Jacob (Israël) et Lévi, puisque Jacob est présenté en Gn comme petit fils d’Abraham. Abraham le reconnaît comme ‘prêtre’ en lui payant la dîme...
Ce psaume 110 est le texte le plus souvent cité dans le NT : dès le début de l’Église et peut-être par Jésus lui-même pour faire comprendre ce qu’il est lui-même. Les plus anciens textes du NT lisent dans ce psaume l’annonce de la résurrection de Jésus. La lettre aux hébreux, plus tard, souligne son ‘sacerdoce’ : non selon la lecture de Melchisedec faite à Qumran : le prêtre Melchisedec, figure quasi angélique du sacerdoce. Le lettre aux hébreux présente Jésus prêtre selon l’ordre de Melchisedec, car il n’est pas de la
tribu de Lévi ni descendant d’Aaron. Il est prêtre en partageant avec toute l’humanité les moments les plus durs, et, éternellement, en offrant cela au Père du ciel, avec l’amour infini que cela suppose .

Difficile de vivre le moment où un roi cède la place à un autre, même si c’est son héritier, un descendant de David... Les nations autour s’agitent. Mais le Dieu d’Israël déclare à ce roi qu’il est son fils. Au jour de son investiture, Dieu l’enfante ! Sans doute ce roi devra encore se battre et briser des têtes pour que son règne soit affermi : mais cela est admis par les mœurs du temps. On continuera de prier avec ce psaume même quand il n’y a plus de fils de David pour gouverner à Jérusalem : certains prophètes ont parlé d’un Messie Roi ; certains ont même invité des païens à fêter le Dieu d’Israël qui est le Dieu de toute la terre et à honorer le roi qu’il donnera. La conclusion de ce psaume y invite : ‘Heureux tout ceux dont IaHVH est le refuge’. Le NT reprendra cet hymne pour parler de la résurrection du Christ : Luc, dans le livre des Actes rapporte le discours de Paul à Antioche de Pisidie qui annonce avec ce psaume Jésus victorieux de la mort. La parole du ciel lors du baptême de Jésus, selon Luc, est aussi une citation de ce psaume. L’Eglise actuelle a même l’audace de nous le faire chanter à Noël, comme chant d’entrée de la messe de minuit !

L’auteur du psaume, (peut être aussi sa communauté), est sorti vivant d’une grande détresse, où il s’est senti rejeté : il y voit une épreuve venant de Dieu, mais il remercie Dieu pour le salut qui lui a été donné. Il prend l’image de la pierre rejetée par les bâtisseurs qui devient en définitive la pierre indispensable pour la solidité de l’édifice. La louange qui monte alors vers Dieu, est collective : rameaux en main, beaucoup chantent la louange de Dieu, comme en procession, vers l’autel du Temple. Le Nouveau Testament reprend plusieurs fois ce psaume. Jésus lui-même dans la parabole des vignerons homicides selon Mt Mc et Luc. L’Église aussi dans la liturgie de la messe : à chaque célébration, au moment du sanctus : Celui qui vient au nom de Dieu, celui qui va venir au moment de la consécration, c’est Celui qui a été rejeté et méprisé par les bâtisseurs. Celui que Dieu a ressuscité. Lors de la liturgie des rameaux, nous faisons cortège jusqu’à l’autel du Seigneur en chantant l’hosanna et comprenant mieux sa signification. Merci pour le salut qui vient de Dieu.

Ce psaume commence par une lamentation personnelle et un appel à Dieu dans une terrible épreuve que vit le psalmiste, mais la prière du psaume se prolonge par une louange de Dieu avec et dans 'la grande assemblée'. Elle continuera aussi dans la 'descendance' du psalmiste, car il n'est pas encore question de résurrection ni de vie après la mort. Quand Jésus, dans l'évangile de Marc et Matthieu, reprend le premier verset de ce psaume sur la croix, il sait qu'il va mourir, mais il a déjà annoncé sa résurrection. Sa confiance dans le Père demeure, même si, dans ces évangiles, elle n'est pas exprimée à ce moment-là. Marc et Matthieu soulignent que Jésus partage totalement notre angoisse devant la mort. Et aussi notre solitude, jusqu'à la sensation d'être abandonné par Dieu.

Au coeur de multiples difficultés, y compris avec ses voisins, l'auteur de ce psaume remet sa vie entre les mains de Dieu, dont il souligne la fidélité, la solidité et la tendresse. Il reçoit de Dieu réconfort, et aussi la capacité d'interpeler tous les croyants : ce qu'il fait avec vigueur en fin de psaume. Jésus, au témoignage de l'Evangile de Luc (Lc 23, 46) a repris une phrase de cette prière avant de mourir : lui s'adresse au 'Père', qu'il va rejoindre avec le crucifié d'à coté qui lui a exprimé sa confiance. Etienne, le premier martyr chrétien, reprendra la même parole, mais en s'adressant au 'Seigneur Jésus'. Tous les disciples sont invités à faire de même, au coeur des souffrances quotidiennes, surtout quand on méprise leur témoignage, selon la 1ère lettre de Pierre (1 Pi 4,19).

Les déportés ou migrants juifs, mais aussi les hommes et femmes de ces régions, s’adressent à Sion. Pour lui dire quoi ? Selon ce psaume, ils reconnaissent en elle leur source. Certes, ils sont des humains, ils ont leur culture. Dieu le sait : ‘chacun est né là’. Mais ils devinent quelque chose de l’alliance scellée par Dieu avec Sion. Elle correspond à ce qu’ils portent de meilleur en eux, au fond de leur cœur. Elle est pour eux aussi une espérance : c’est en dansant et chantant qu’ils s’adressent à Jérusalem… Le Nouveau Testament parlera de la ‘Jérusalem d’en haut’, tous sont appelés à en faire partie. Selon Apocalypse 21, elle ‘descend du ciel’, car, qui que nous soyons, c’est par la grâce de Dieu, par son amour infini, que nous pouvons chercher le bien et y conformer notre vie.

Ce long psaume rejoint un problème majeur que nous rencontrons souvent dans l’existence encore aujourd’hui : comment se fait-il que les ‘artisans de fausseté’ (v 2) réussissent dans la vie ? Le psaume répond : cette réussite ne dure pas. Est-ce si sûr ? Le psaume parle souvent au futur. Quand ce futur arrivera-t-il ? Avant notre mort ou après ? Ça changera pour nous ? Ou pour notre descendance, notre postérité ? Ce psaume aide à réfléchir. Il ne dit pas tout. Jésus verra plus loin. Mais que veut-il dire, en Mt 5,4, quand il affirme : ‘Heureux les doux, ils auront la terre en héritage’.. ?

C’est la conviction de ce psaume, c’est aussi celle de Jésus qui annonce, pour aujourd’hui et pour demain, le ‘Règne de Dieu’. Mais entre ce psaume et Jésus, Israël a encore beaucoup de souffrances à traverser. En particulier, la persécution par Antiochus Epiphane. A ce moment là, Daniel, au chap 7 de son livre, montre que Dieu donne la victoire au peuple d’Israël qui est représenté par ‘comme un fils d’homme’ qui s’avance vers l’Ancien des Jours (7,13). Jésus se désignera comme ‘le fils de l’homme’. Une manière d’indiquer qu’il n’est pas un messie violent, mais Celui en qui Dieu est frère du plus méprisé : l’innocent qui va être crucifié, ressuscité. Celui devant qui nous devrons nous présenter.

L’auteur de ce psaume s’en prend aux juges qui, en Israël, n’ont pas su libérer le faible et le pauvre de la main des coupables. Il prolonge ainsi le message des prophètes. En même temps, il reconnaît la valeur de la responsabilité de ces juges qu’il qualifie même de divine... Il se rappelle sans doute que Moïse, sur les conseils de Jéthro, son beau père païen, a eu raison de partager la responsabilité qui était la sienne. Si ce psaume dit à ces juges : ‘vous êtes des élohim (Dieux)’, il leur rappelle surtout qu’ils ont à se laisser interroger par la Parole de Dieu. Dans l’Evangile de Jean (10,34), Jésus cite ce psaume pour faire comprendre la mission qui est la sienne et le secret de sa personne.

Le v 5 peut amener à penser que ce psaume est pour la prière des lévites, membres de la tribu de Lévi, 3ème fils de Jacob : ils sont chargés d’organiser le culte et n’ont aucune région attribuée, contrairement aux 11 autres tribus. Mais ils ne sont pas nommés ! Aussi tout israélite, et même tout prosélyte peut sans problème faire sien ce psaume. La deuxième partie exprime l’espérance de ne pas être abandonné aux enfers : que comprendre ? Soit Dieu accorde une longue vie à ses fidèles, soit il donne vie après la mort.
Dans le livre des Actes des Apôtres, Luc voit dans ces mots l’annonce prophétique de la résurrection de Jésus.

Voici une prière personnelle : au début, nous comprenons que le psalmiste est un juste, il se reconnaît protégé par Dieu et le loue. Puis, à partir du v 13, nous voyons qu’il a conscience de ses fautes. Il reprend même l’appel à Dieu dans la détresse que nous trouvons au Ps 70. Au centre du psaume, les sacrifices d’animaux prescrits par les premiers livres de la Bible sont relativisés par rapport à la loi inscrite au fond du coeur de chacun (v 9). Nous sommes proches de ce que Jérémie annonçait en 31,31. Pour l’auteur de la lettre aux Hébreux (10,4), Jésus a prié ce psaume en entrant dans ce monde. Dés le début (Ps 40,8) il a offert au Père son corps et toute sa vie donnée pour nous.

Après la 1ère partie du psaume qui est une louange à Dieu donnant la victoire à son peuple, la 2ème nous parle d'une grande défaite humiliante. A la fin, contrairement à de nombreux passages dans la Bible où les chutes, déportations, massacres sont présentés comme la conséquence ou la punition des fautes d'israël, ici, le psaume 44 expose son incompréhension face à ce qui est vu comme une injustice. Une réponse peut être donnée par la lettre de St Paul aux Romains (8, 31-39) et aussi Col (1,24) et Col (2,1). Finalement, c'est une prière qui jaillit à la fin du psaume "Seigneur, secours-nous".

Nous sommes maintenant dans la période de la déportation et longue captivité à Babylone, qui se fera en 3 temps par le roi Nabukodonosor. Explications historiques nécessaires pour le comprendre, notamment la fin du psaume pleine de violence.

Après avoir cherché à situer dans le temps ce psaume qui est un cri vers Dieu lié à la destruction du Temple, nous pouvons y trouver une lecture actuelle, une liberté d'expression, un rappel du 1er récit de la création et enfin à la fin, une prière confiante mais aussi à rapprocher du langage des apocalypses.

Chaque fois, ces détresses mettent en danger de mort et chaque fois, le psaume invite à la louange : certains ne sont égarés dans les solitudes mais Dieu les a guidés vers la ville habitée, certains étaient en prison mais Dieu les a délivré, certains étaient dégoûtés de la nourriture mais Dieu les a guéri, certains étaient pris dans une tempête en mer mais Dieu l'a apaisée. Le bien, le mal : pourquoi tout cela? à méditer avec ce psaume.

Dans le 1er livre de Samuel, nous découvrons Anne, la femme stérile d'Elqana, qui, après avoir supplié le Seigneur, enfanta Samu-El traduit par 'Dieu (El) a écouté' et l'offrit pour le consacrer à Dieu. Voici son cantique d'action de grâce que l'on rapproche du Magnificat.

Dans le 1er livre de Samuel, nous découvrons Anne, la femme stérile d'Elqana, qui, après avoir supplié le Seigneur, enfanta Samu-El traduit par 'Dieu (El) a écouté' et l'offrit pour le consacrer à Dieu. Voici son cantique d'action de grâce que l'on rapproche du Magnificat.

Aujourd'hui, nous nous centrons sur la société, le peuple et même la capitale Jérusalem. C'est la gloire de Dieu qui éclate à travers son temple mais aussi dans toute la ville de Sion.

Malgré leur âge - qui doit nous aider à remettre dans son contexte historique notamment la place donnée à la femme - ces psaumes peuvent encore nous parler : Dieu est au fondement de tout être. Servir la création se fait avec Dieu, qui, à la fois, crée notre liberté, nous met en responsabilité et nous invite à le reconnaître à l'oeuvre avec nous. L'homme vit du travail de ses mains et les richesses, comme les enfants, sont signe de bénédiction.