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Le Mot de l'Administrateur du diocèse RCF - page 3

Émission présentée par Didier-Marie de Lovinfosse

La parole est donnée à Don Didier-Marie de Lovinfosse. Chaque semaine, il propose son regard sur l'actualité.

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Episodes

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    10 novembre 2023

    Assemblée plénière

    2 min
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    3 novembre 2023

    La fête des défunts

    3 min
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    27 octobre 2023

    La Communion des saints

    3 min
    Le 1er novembre nous fêtons la Toussaint.
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    20 octobre 2023

    Le Kerygme

    3 min
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    6 octobre 2023

    Les Archanges

    3 min
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    29 septembre 2023

    Transmettre le trésor de la Foi contre vents et marées

    4 min
    Rendez-vous au Congrès Mission à Tours ce samedi et dimanche, le salon des innovations chrétiennes.
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    22 septembre 2023

    Comment est élu un évêque ?

    3 min
    Question souvent posée à l'Administrateur du diocèse : quand aurons-nous un nouvel évêque ? Voici une explication sur le choix et l'élection d'un évêque.
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    15 septembre 2023

    La croix une boussole pour chaque chrétien

    3 min
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    8 septembre 2023

    Le souhait d'une belle rentrée

    2 min
    "Que le Seigneur vienne bénir notre début d'année à chacun."
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    23 juin 2023

    La Mission et les vocations

    3 min
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    16 juin 2023

    Le sacré coeur de Jésus

    3 min
    En 1675, Jésus apparaissait à Sainte Marguerite Marie et lui révélait son Sacré Cœur. Aidée par le Père Claude La Colombière, elle transmettrait au monde la demande du Christ lui-même d’instaurer une fête du Sacré Cœur le vendredi suivant l’octave de la fête de son Corps et de son Sang.
    Ces révélations, survenues en pleine efflorescence du jansénisme, étaient un véritable coup d’État spirituel : un de ces coups de force qu’accomplit Dieu lorsque des vérités qui fondent la foi chrétienne sont menacées de tomber dans l’oubli. La vérité menacée par le jansénisme à l’époque de Sainte Marguerite Marie était celle de la miséricorde, qui dépasse sans la supprimer la justice de Dieu.
    Dans la vie spirituelle, il est important de bien distinguer ce qui relève de la dévotion et ce qui relève du culte. Les dévotions sont légitimes mais non nécessaires, parce qu’elles ne touchent pas aux éléments centraux, fondateurs de la foi. Le culte, au contraire, en fait intrinsèquement partie : la vénération du Cœur de Jésus n’est pas une dévotion, mais un culte.
    Essayons de préciser en quoi consiste ce culte. Il est bien sûr lié à l’amour de Dieu, car « Dieu est amour ». Mais il ne s’agit pas de l’amour de Dieu en général, ce qui serait une banalité. Il s’agit de l’affirmation inouïe que cet amour a pris chair dans une vie humaine, avec l’incroyable richesse de ses sentiments et de ses volontés. Le Sacré Cœur, c’est le culte de l’amour incarné.
    Un culte qui s’enracine avant tout dans le mystère de la Croix. Le Sacré Cœur est le Cœur du Crucifié, d’où ont jailli l’eau du baptême et le sang de l’eucharistie. C’est aussi le Cœur du Ressuscité, dans lequel saint Thomas a été invité à entrer (« entre dans mon côté » dit Jésus) pour s’abîmer dans l’océan de la miséricorde. C’était déjà le Cœur de cet homme qui pleurait son ami Lazare, qui exultait devant la grâce de la connaissance de Dieu accordée aux tout-petits plutôt qu’aux savants et aux sages, qui était saisi de pitié devant la détresse des foules sans berger, ou encore d’admiration devant la foi du centurion. C’était déjà le Cœur du nouveau-né de la crèche qui palpitait contre le sein de sa Mère, ou de l’enfant de Nazareth qui observait avec application et tendresse le savoir-faire de Joseph, qui priait avec ferveur le Dieu Père d’Israël avec les mots de son peuple, ou qui s’attardait dans le Temple pour écouter les paroles des scribes sans à peine se rendre compte que ses propres questions les réduisaient au silence par la profondeur de leur sagesse.
    Désormais, depuis l’Ascension à la droite du Père, le Cœur du Christ ressuscité ne cesse plus de battre dans la vie trinitaire. Et chacun des battements de ce Cœur nous rapproche de la fin de toutes choses, quand l’œuvre immense de la création sera enfin récapitulée dans le brasier de l’amour de Dieu.
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    9 juin 2023

    Un bicentenaire pour le diocèse de Blois

    3 min
    Nous célébrons cette année le bicentenaire du diocèse de Blois ! Je sais qu’en m’entendant dire cela, beaucoup d’entre vous se récrieront : « Mais le diocèse de Blois a été créé en 1697, et on a fêté ses 300 ans en 1997 ! » C’est exact, mais en réalité le diocèse de Blois a été créé à deux reprises, en 1697 et en 1823.
    Tout cela est lié à l’héritage révolutionnaire. Les Constituants de 1789 avaient d’abord voulu faire coïncider, peu ou prou, les limites des diocèses avec celles des départements qui remplaçaient les anciennes provinces. Ils décidèrent aussi, sans même consulter le Pape de l’époque, que les évêques seraient élus par la population de leur diocèse. C’est ainsi qu’un prêtre lorrain, l’abbé Henri Grégoire, se fit élire évêque « du Loir-et-Cher », comme on disait à l’époque. Or Blois possédait déjà un évêque, Mgr Alexandre de Thémines, installé en 1776 et que Grégoire fit chasser de son poste en 1791.
    Passons sur la tourmente révolutionnaire, au cours de laquelle le clergé constitutionnel (et en principe légal) fut aussi persécuté que le clergé réfractaire (qui avait refusé son nouveau statut et le serment qu’il imposait). Lorsque le général Bonaparte accède au pouvoir avec le coup d’État du 18 Brumaire (9 novembre 1799), il se préoccupe de rétablir la paix de l’Église, non par conviction personnelle mais par calcul politique, et il signe en 1801 un concordat avec le Pape. Au passage, afin de s’assurer un meilleur contrôle de l’Église de France où les évêques ont désormais un statut de fonctionnaires dévoués au pouvoir en place, il supprime ou regroupe un nombre important de diocèses. C’est ainsi que le diocèse de Blois disparaît, et se retrouve rattaché à celui d’Orléans.
    Cette situation durera jusqu’en 1823. À cette date le roi Louis XVIII décidera, en accord avec le Pape, de rétablir le diocèse de Blois. Le premier évêque nommé à sa tête sera un prêtre déjà âgé, Philippe de Sausin qui, effrayé du manque de prêtres qui affectait déjà notre diocèse, s’emploiera à développer le grand séminaire et ordonnera jusqu’à 16 nouveaux prêtres par an. Depuis cette date, en dépit des soubresauts de l’histoire comme la loi de séparation en 1905 ou les deux guerres mondiales, le diocèse de Blois a continué à exister.
    Le dimanche 25 juin, après l’office de vêpres à 15 heures 30, deux effigies seront inaugurées dans la cathédrale Saint-Louis : l’une représente Mgr de Thémines, l’autre l’abbé Grégoire. La mémoire de Mgr de Sausin sera aussi évoquée. Il est important, au-delà des fractures qui ont marqué notre histoire nationale, de retisser notre mémoire pour nous souvenir en premier lieu non pas des péchés et de la versatilité des hommes, mais de la fidélité de Dieu.
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    2 juin 2023

    Fratellino

    4 min
    « Fratellino », petit frère. C’est le nom qu’Ibrahima donne à son frère cadet. Dans leur langue maternelle, cela se dit « Minian ». Et le petit frère appelle son grand frère « koto ». C’est la coutume dans leur pays, la Guinée.
    Le vrai prénom du petit frère, qui n’a que treize ans, c’est Alhassane. Alhassane a un rêve : aider son grand frère et sa mère restée veuve avec deux autres enfants, deux filles à élever. Alors un jour Alhassane disparaît. On le cherche partout sans le trouver. Au bout de plusieurs mois, il appelle au téléphone : il est en Lybie.
    Qu’est donc allé faire cet enfant en Lybie ? Poursuivre un rêve, celui de passer en Europe pour, de là, secourir sa famille. Mais quand il téléphone de Lybie, avant que la communication soit coupée, on comprend que le rêve a tourné au cauchemar. Alhassane pleure et dit : « maintenant, il n’y a plus que Dieu qui puisse m’aider ».
    Alors Ibrahima, qui travaille et gagne sa vie à Conakry en conduisant et réparant des camions, n’a plus qu’une idée en tête : retrouver Minian, retrouver Alhassane son frère. Il rassemble toutes ses économies, se met d’accord avec un conducteur de camion et part pour un voyage qui le conduit à Bamako. À Bamako il trouve un car qui va à Gao au Mali – encore 9000 francs CFA à débourser. Mais à Gao, c’est un piège qui l’attend : celui de la traite de migrants organisée avec l’aval des terroristes islamistes à qui elle rapporte de l’argent, un vrai trafic d’esclaves auquel il ne réussit à échapper qu’en s’évadant de nuit avec un compagnon d’infortune qui, lui, sera repris.
    Ensuite, il faut marcher. Marcher à travers le désert sous une température insupportable et sans rien à manger ni à boire. Ibrahima sera sauvé de la mort par un motard qui passait par là et qui aura pitié de lui. Et il finira par arriver en Lybie.
    Il résume la Lybie en une phrase : « la Lybie est un autre monde, fait pour souffrir ». Mais c’est de Lybie que le fratellino a téléphoné : même si tout le monde dit à Ibrahima de ne pas y aller, il y va quand même. Et là, c’est un autre enfer pire que les enfers qu’il a connus jusqu’ici. Partout il tombe dans des traquenards, partout il en réchappe, partout il montre la photo d’Alhassane en demandant qui l’a vu passer. Jusqu’au moment où il apprend un nouveau mot français qu’il ne connaissait pas jusque-là : ce mot, c’est naufrage.
    Naufrage. Tu ne comprends pas, Ibrahima ? Alhassane a fait naufrage. Tu ne le reverras plus, il est mort dans un naufrage. Quand il sera remis de la profonde dépression causée par cette nouvelle, Ibrahima n’aura plus qu’une seule solution : embarquer à son tour. Et les passagers de l’embarcation de fortune seront sauvés in extremis au large de Tanger.
    Qui m’a raconté son histoire ? C’est le Pape, le Pape François à l’occasion d’une rencontre où j’étais présent avec les évêques italiens. L’histoire a été écrite sous la dictée d’Ibrahima par un écrivain journaliste. Elle s’appelle « Fratellino », petit frère. J’ai eu envie de la résumer pour vous, sans autre commentaire.
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    26 mai 2023

    Les marcheurs de Compostelle

    3 min
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    12 mai 2023

    Donc tu es roi ?

    3 min
    Dans la fable de La Fontaine bien connue, les grenouilles demandent un roi. Jupin, alias Jupiter, leur en donne un très débonnaire. Mais elles le trouvent trop calme, justement, et en réclament un autre qui « se remue » davantage. On leur envoie alors une grue qui « les croque, les tue » et « les gobe à son plaisir », et bien sûr les grenouilles se plaignent sur-le-champ d’être ainsi maltraitées. Mais on leur répond qu’elles ont eu tort de ne pas se contenter de ce qu’elles avaient, et qu’à chercher mieux on risque toujours de trouver pire. La leçon de la fable est claire : les peuples sont versatiles et grégaires, la popularité de leurs dirigeants est soumise à des variations sans fin, et il faut se garder de calquer les systèmes politiques sur cette versatilité.
    Nos voisins d’outre-manche viennent d’installer sur le trône non pas d’abord un homme, mais avant tout un principe de stabilité, un symbole de continuité. À la question « à quoi sert un roi », quelqu’un aurait répondu : « à éviter que le gouvernement ne se prenne pour le roi ». Sage réponse, qui met à leur place l’un et l’autre : le roi n’est pas là pour exercer un pouvoir, mais seulement pour symboliser une continuité ; le gouvernement n’est pas là pour se croire inamovible, mais seulement pour exercer le pouvoir pendant un temps déterminé, jusqu’à ce que de nouvelles élections le reconduisent ou le congédient. Le problème de fond n’est pas d’être monarchiste ou républicain, mais de tisser ensemble continuité et changement, stabilité et adaptation à la variabilité des circonstances – et ce même problème se pose toujours et partout, dans tous les pays et pour tous les régimes.
    La première question n’est donc pas de savoir à quoi sert un roi, ou un président, mais d’abord ce qu’il incarne – et les problèmes commencent quand il n’incarne plus rien du tout. À la question de Pilate « donc tu es roi ? » Jésus a répondu sans hésiter : « Tu l’as dit, je suis roi ! Je suis venu dans le monde rendre témoignage à la vérité » (Jean 18, 37). Jésus incarne la vérité, il est la Vérité en personne. Sa royauté manifeste la vérité et démasque le mensonge. Il n’a pas besoin d’exercer un autre pouvoir ni de revendiquer une autre légitimité.
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    5 mai 2023

    Jérusalem et Antioche

    3 min
    Pendant le temps pascal on lit les Actes des Apôtres, cette épopée de l’Église naissante qui commence pour saint Luc par le don de l’Esprit Saint le jour de la Pentecôte. La Pentecôte est un tournant majeur, l’acte de naissance de l’Église.
    Mais de quelle Église s’agit-il ? Il s’agit de l’Église de Jérusalem, celle qui prend naissance parmi des Juifs et qui ne comprend que des Juifs. On oublie trop souvent que la foule rassemblée en ce jour à Jérusalem n’est constituée que de pèlerins venus, certes, d’une multitude de nations, mais qui appartiennent tous au peuple juif.
    Il faudra attendre quelques chapitres pour que les choses changent. Il y aura d’abord, au chapitre 10, l’improbable visite de Pierre dans la maison du centurion Corneille, une visite qui est un véritable coup de force de l’Esprit Saint. Pierre sera d’ailleurs contraint de se lancer ensuite dans une longue explication pour se justifier : « Si Dieu a accordé [aux païens] le même don qu’à nous, pour avoir cru au Seigneur Jésus-Christ, qui étais-je, moi, pour faire obstacle à Dieu ? » (11, 17).
    Tout de suite après cet épisode, nous trouvons celui de la fondation de l’Église d’Antioche, fruit de la grande dispersion qui avait suivi à Jérusalem la mise à mort d’Étienne, le premier martyr. Là aussi, c’est en quelque sorte contraints et forcés que les apôtres se tournent vers les païens pour leur annoncer la Bonne Nouvelle. Mais Barnabé et Paul viennent leur prêter main forte et ils restent sur place « toute une année durant » en « instruisant une foule considérable » (11, 26). Et tout s’achève par un nom nouveau donné aux disciples de Jésus, celui de « chrétiens » : nouveau nom inventé par des païens et qui est sans doute d’abord un sobriquet (« la bande à Chrestos »), mais qui pointe une caractéristique essentielle. Les chrétiens sont disciples de Celui que Dieu a marqué de l’Esprit Saint (le Christ), et sont eux-mêmes marqués de ce même Esprit.
    Jérusalem et Antioche sont deux figures de l’Église. Mais la communauté de Jérusalem, centrée sur « l’enseignement des apôtres, la communion fraternelle, la fraction du pain et [les] prières » (2, 42) et dans laquelle les biens sont mis en commun, est plutôt une communauté monastique avant la lettre, attirant à elle d’abord par son mode de vie. La communauté d’Antioche sera bien davantage une communauté de plein vent, très présente sur la place publique, et particulièrement inventive pour faire en sorte qu’une « foule considérable s’adjoigne au Seigneur » (11, 24).
    Il est clair que Jérusalem et Antioche sont tous deux essentiels à la vie de l’Église. La communauté de Jérusalem n’est pas dépassée lorsque naît celle d’Antioche : la vie de prière et de contemplation, dans la pauvreté, la chasteté et l’obéissance, est le creuset de toute véritable évangélisation. L’une et l’autre sont suscitées par l’Esprit Saint. Dans notre diocèse comme partout ailleurs, l’une et l’autre seront toujours indispensables.
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    28 avril 2023

    Moins on est croyant, plus on est crédule

    3 min
    Il y a quelques mois, un hebdomadaire publiait les résultats d’une enquête très sérieuse sur ce que les enquêteurs appelaient dans leur jargon la « porosité des jeunes de 11 à 24 ans aux contre-vérités scientifiques au regard de leur usage des réseaux sociaux » - en clair, sur leur crédulité entretenue par ces mêmes réseaux sociaux. Les résultats de cette enquête étaient pour le moins préoccupants.
    On y apprend par exemple que pour un jeune sur six (16%), il va de soi que la terre est plate, et que ce pourcentage double pratiquement, pour atteindre 29%, chez les habitués de Tik Tok. De même, 19% d’entre eux attribuent à des extraterrestres la construction des pyramides d’Égypte ; et 20% croient que les Américains ne sont jamais allés sur la Lune.
    Quand on en vient au registre métaphysique, les chiffres ne sont pas plus rassurants. Presque la moitié des jeunes interrogés (49%) estiment que l’astrologie est une science, et 35% croient en la réincarnation. 44% croient au mauvais œil et 23% aux fantômes. Il en va de même pour la sorcellerie, la cartomancie et les envoûtements.
    Enfin, et c’est peut-être le plus inquiétant, 41% des sondés utilisant Tik Tok comme moteur de recherche sont persuadés qu’un influenceur « qui a un nombre important d’abonnés a tendance à être une source fiable ». Jamais n’est soulevée la question de la vérité ou de la fausseté de ses affirmations.
    Mais venons-en maintenant au sondage lui-même. Ses auteurs, qui ont écouté plus de 2000 jeunes de 11 à 24 ans, ont bien raison de s’alarmer des énormités qu’ils ont entendues. Mais ils ont l’air de considérer que le choix est entre la crédulité, qui fait adhérer à n’importe quoi, et le scientisme, qui tient pour acquis que les seules réponses valables sont de nature scientifique. C’est ainsi qu’ils s’étonnent que plus d’un sondé sur quatre souscrive à l’idée que les êtres humains ont été créés, et qu’ils en déduisent que cette idée est incompatible avec les données de la science sur l’évolution des espèces. Pour eux manifestement, Dieu et la science s’excluent mutuellement.
    Sommes-nous vraiment condamnés à choisir entre la science et Dieu, entre la raison et la foi ? La vérité est que beaucoup, parmi les jeunes générations, sont en plein désarroi et tentent de se raccrocher, sans le moindre discernement, à tout ce qui passe à leur portée. Or ce n’est pas la science à elle seule qui leur donnera des raisons d’espérer. Si si ces raisons d’espérer reposent sur la foi et non sur la crédulité, elles les délivreront de l’irrationnel pour les introduire dans la cohérence d’un monde que Dieu a voulu à la fois déchiffrable par la science et interprétable à partir de sa Parole et de ses promesses. « La foi et la raison sont comme deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité », a écrit saint Jean-Paul II (encyclique Fides et Ratio, 1998).
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    21 avril 2023

    Vous avez dit miséricorde ?

    3 min
    Dimanche dernier était le dimanche de la miséricorde. Mais la miséricorde, qu’est-ce que c’est ? On peut dire en première approche que c’est le cœur qui se laisse toucher. Selon le pape François, c’est « le deuxième nom de Dieu », ou encore sa « carte d’identité ». Et saint Jean-Paul II qui a voulu ce dimanche et qui a canonisé sœur Faustine, disait que la miséricorde est le « deuxième nom de l’amour ». Une surenchère d’amour en quelque sorte ; un amour plus grand que l’amour, un amour qui franchit l’abîme de l’impardonnable et qui pardonne.

    C’est à ce niveau que la miséricorde nous interpelle. Car nous aimons facilement ceux qui nous aiment. Mais si nous nous disputons avec eux, malgré l’amour que nous leur portons, nous avons quand même du mal à pardonner. Et que dire de ceux qui ne nous aiment pas, ceux qui nous veulent du mal et qui nous en font ? Alors, avouons-le, notre capacité d’aimer se dérobe sous nos pieds. Aimer, d’accord, mais si l’autre est aimable ; pardonner, on veut bien essayer, mais si l’autre est pardonnable. Mais s’il ne l’est pas ? Il nous arrive de dire : ce qu’a fait telle personne, c’est impardonnable ! Et il nous arrive aussi de dire : ce que j’ai fait, je ne me le pardonnerai jamais !

    Et nous voilà dans un cercle. Le cercle du ressentiment, le cercle de la culpabilité. Alors parfois nous essayons autre chose : nous tentons d’oublier. Mais l’oubli n’est pas le pardon, l’oubli n’est pas la miséricorde. Dans la vie publique, cela s’appelle l’amnistie. Amnistier quelqu’un, c’est passer l’éponge sur ce qu’il a fait et se comporter comme s’il n’était pas coupable, alors que nous savons pertinemment qu’il l’est. Oublier, amnistier, c’est « faire comme si ». Rien à voir avec la miséricorde.

    Ce qui est extraordinaire dans la Résurrection, c’est que Dieu ne perd pas la mémoire et ne cherche pas à oublier. D’ailleurs, s’il est Dieu, comment oublierait-il ? Et cela se traduit par quelque chose d’extraordinaire : le Ressuscité conserve ses plaies, qui sont les traces indélébiles de sa passion. Mais Dieu, s’il est tout-puissant, ne pourrait-il pas les effacer ? Il le pourrait sans doute, mais il ne le veut pas.

    Car les plaies du Ressuscité sont devenues les fissures de la miséricorde. Il les montre à ses disciples pour se faire reconnaître d’eux, il nous les montre jusqu’à la fin des temps. Et ces plaies qui devraient nous accuser pour l’éternité d’avoir mis Dieu à mort, deviennent au contraire l’attestation de son pardon. « Avance ton doigt, avance ta main… » N’aie pas peur de ces plaies, elles sont le signe de mon amour pour toi, par-delà tout péché et par-delà la mort. Approchons-nous de la miséricorde.
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    7 avril 2023

    Entrons dans la grâce des jours saints

    4 min
    Tous les chrétiens qui prennent leur foi au sérieux sont bien convaincus que la Semaine sainte est porteuse d’une grâce particulière. Je l’ai senti cette année encore lorsque nous avons vécu la liturgie des Rameaux avec tous les mouvements scouts du diocèse, à Notre-Dame de la Trinité. Il est très impressionnant de voir à quel point les rites liturgiques, lorsqu’ils sont déployés avec soin, prennent tout leur sens et sont compris par tous, des plus petits jusqu’aux plus grands. En présence de ces enfants et des ces adolescents, on revivait la parole de Jésus : « si les disciples se taisent, les pierres crieront ! » Personne ne peut faire taire les enfants de Dieu, et les pierres elles-mêmes, c’est-à-dire tout l’univers, s’associe à leur acclamation.
    Puis, après la vision magnifique de l’Église irradiée d’Esprit Saint que nous offre la messe chrismale, arrive le Jeudi Saint. En instituant l’eucharistie dès avant la Passion, Jésus devrait logiquement prononcer ses paroles au futur : « ceci est mon Corps qui va être livré pour vous ; ceci est mon Sang qui va être versé pour vous. » Or, il ne dit pas cela : il parle au présent, non pas le présent de sa passion qui est encore devant lui, mais le présent de sa décision. C’est dès cet instant, dans la chambre haute du Cénacle, qu’il se détermine de façon irrévocable à livrer son Corps et à verser son Sang : « ma vie, personne ne la prend, mais c’est moi qui la donne. » Même l’effroi de Gethsémani n’aura pas raison de cette résolution.
    Ce qui suit, l’arrestation et le Vendredi Saint, n’est donc pas un triste accident, et pas davantage le seul fait des ennemis de Jésus. Si leur liberté se fourvoie dans l’injustice de sa condamnation, c’est d’abord la liberté de Jésus qui conduit les événements. Derrière la passivité apparente de l’Agneau qu’on mène à l’abattoir, il y a la folie de l’amour. C’est ce que nous révèle la grande prophétie d’Isaïe qui sert de première lecture le Vendredi Saint : le Serviteur paraît totalement passif, comme l’indique le mot « passion », mais « s’il remet sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours. » Voilà qu’on nous annonce qu’il « prolongera ses jours » après nous avoir dit qu’il avait été conduit à la mort ! Déjà commence à briller la lumière de la résurrection.
    Et qu’elle est belle, cette lumière, quand s’embrase le feu nouveau et qu’on y allume le cierge ! Miracle de Pâques si bien signifié par la liturgie : tout à coup, la croix est devenue le cierge. La croix était plantée dans le temps, mais le cierge défie le temps : chaque année, il se revêt d’un nouveau millésime ! Derrière la croix il y avait le tombeau, mais au-dessus du cierge brille la lumière. Elle entre dans l’église, sombre comme un tombeau, et voilà que des lumières s’allument par dizaines, par centaines, illuminant la nuit. Lumière des croyants qui escortent le cierge, lumières qui bientôt seront remises aux nouveaux baptisés, passés à travers l’eau pour renaître de l’Esprit ! Oui, qu’il est grand, le mystère de la foi ; qu’il est beau, le mystère de Pâques ; qu’elle est désirable, cette Vie éternelle qui jamais plus ne sera vaincue et dont nous faisons déjà partie ! Dans un monde de ténèbres, la lumière a brillé. Jamais plus elle ne s’éteindra.
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    31 mars 2023

    À Lourdes collégialité et synodalité

    3 min
    Jusqu’à il y a une vingtaine d’années, l’assemblée plénière des évêques de France se tenait seulement une fois par an. Mais l’abondance des sujets a conduit à créer une deuxième assemblée plus courte, qui a lieu toujours à l’approche de la Semaine Sainte.

    L’assemblée plénière est un moment de collégialité, c’est-à-dire de travail en commun d’une même catégorie de personnes, à savoir les évêques. Tout en lui gardant ce caractère collégial, il paraît de plus en plus naturel d’y inclure un temps de synodalité, avec la présence active de membres baptisés du peuple de Dieu. Collégialité et synodalité ne vont pas l’une sans l’autre.

    Ce moment synodal a commencé à exister en 2019, lorsque nous avons décidé un travail en commun sur la conversion écologique. On a vu alors converger vers Lourdes non seulement des experts de ces questions, mais aussi des représentants de tous les diocèses de France, invités par leurs évêques à raison de deux par diocèse.

    Une deuxième occasion de vivre la synodalité au cœur de la collégialité nous a été donnée par le douloureux et indispensable devoir de prendre ensemble des mesures contre les abus sexuels dans l’Église. Commencé dès avant le rapport de la CIASE, ce travail a pris un tour plus systématique depuis novembre 2021 : huit groupes de nature synodale ont été constitués à partir des préconisations faites dans le rapport. Ils portaient sur les points suivants : le partage de bonnes pratiques, la confession et l’accompagnement spirituel, le suivi des auteurs de violences sexuelles, les vérifications à faire dans la formation des futurs prêtres, l’accompagnement du ministère de l’évêque, l’accompagnement du ministère des prêtres, la manière d’associer les laïcs aux travaux de la Conférence des évêques, l’analyse des causes des violences sexuelles dans l’Église. À ces huit groupes s’en ajoute un neuvième, chargé de réfléchir à un lieu de mémoire consacré à ceux et celles qui ont été victimes d’abus ; et de son côté, la Commission doctrinale des évêques de France s’est vu confier une réflexion sur les exigences morales liées au célibat sacerdotal et sur la morale sexuelle en général.

    Cette énumération permet de saisir l’amplitude des travaux entrepris et de deviner le foisonnement de suggestions qui en découlent. Toutes ne pourront pas être mises en œuvre dès maintenant, mais un processus de purification et de vérité est engagé que rien ne peut désormais arrêter. Le Christ aime son Église et veut se la présenter à lui-même, comme le dit saint Paul, « sans tache ni ride, mais sainte et immaculée » (Éphésiens 5, 27). Il nous revient d’y investir toute notre énergie, par amour pour lui et pour nos frères humains.

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