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Le Mot de l'Administrateur du diocèse RCF - page 5

Émission présentée par Didier-Marie de Lovinfosse

La parole est donnée à Don Didier-Marie de Lovinfosse. Chaque semaine, il propose son regard sur l'actualité.

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Episodes

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    6 octobre 2022

    La communion aux malades

    3 min
    En ces premiers jours d’octobre, les personnes qui participent à la Pastorale de la Santé se retrouvent pour une journée de rentrée et de formation. Parmi elles se trouvent les personnes chargées de porter la communion aux malades un service qui, dans la plupart des diocèses, porte le nom de « service évangélique des malades ».

    L’Eucharistie n’est pas une chose (une sorte de « relique » à conserver dans un reliquaire) : l’eucharistie est un acte qui engage toute l’Église. La célébration de la messe suit un déroulement précis et réunit depuis la plus haute antiquité l’assemblée chrétienne le jour du Seigneur (puis les autres jours de la semaine au fur et à mesure que l’on prenait conscience que le Corps de Jésus est notre « pain quotidien »). Mais l’eucharistie est aussi un sacrement unique en son genre : à la différence de ce qui se passe dans les autres sacrements, la matière du sacrement (le pain et le vin consacrés) demeure après sa célébration. Le pain ne redevient pas du pain, le vin ne redevient pas du vin. De là découle la prise de conscience très précoce de la possibilité de porter aux malades le pain eucharistique consacré à la messe. C’est l’origine de la réserve eucharistique. Le culte eucharistique en-dehors de la messe ne se développera que plus tard.

    Nous possédons des récits de martyrs de l’eucharistie : le plus célèbre est saint Tarcisius, jeune martyr sous Valérien (263-275), dont l’existence est connue par son inscription sur un tombeau gravée sur l’ordre du pape Damase : « Tandis que le vertueux Tarcisius portait le Sacrement du Christ, une main impie s'avança pour l'exposer au mépris des profanes ; mais lui-même préféra être battu à mort et rendre l'âme plutôt que d'exposer à des chiens enragés les membres célestes. »
    Récit légendaire bien sûr, mais qui souligne que l’acte de porter la communion est tout sauf anodin. Une hymne mariale dit en s’adressant à Marie « tu portes Celui qui porte tout » : on peut appliquer cette apostrophe à la personne qui porte l’eucharistie.

    La communion aux malades concerne enfin toute la communauté chrétienne. Le Pape Benoît XVI le soulignait en écrivant : « Je voudrais attirer l’attention de toute la communauté ecclésiale sur la nécessité pastorale d’assurer l’assistance spirituelle aux malades… Il faut faire en sorte que nos frères et sœurs puissent s’approcher fréquemment de la communion sacramentelle. Renforçant de cette façon leur relation avec le Christ crucifié et ressuscité, ils pourront ressentir leur existence comme pleinement insérée dans la vie et la mission de l’Église1. »
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    30 septembre 2022

    Les Anges et leur mission

    3 min
    La fin de septembre et le début d’octobre sont marqués par la présence des anges. Ou plutôt par leur mémoire, car ils sont toujours présents ! Mais nous n’avons pas trop de deux fêtes pour nous souvenir d’eux et leur demander leur secours.
    Saint Grégoire le Grand nous rappelle que le nom d’anges désigne la fonction de ces créatures spirituelles : ce nom signifie en effet « envoyés », ce qui souligne d’emblée la solidarité qui unit les anges à tous les humains, car c’est bien vers nous qu’ils sont envoyés pour nous servir. Étrange chose que de purs esprits soient mis par Dieu au service d’êtres de chair et de sang ! Il semble même que ce paradoxe soit à l’origine de la révolte de Lucifer, le chef des anges déchus : il aurait dit à Dieu son refus catégorique de servir, considérant qu’il était indigne de lui de s’abaisser à secourir les hommes. Pour les bons anges, c’est tout le contraire : chez eux, aucune trace d’amertume ou de jalousie. Comme le dit saint Jean Chrysostome, « ils se réjouissent de notre bien, comme ils souffrent quand nous en sommes privés ».
    Le 29 septembre, nous fêtons les archanges Michel, Gabriel et Raphaël. Toujours selon saint Grégoire, leurs noms désignent leur action. C’est ainsi que Michel signifie « qui est comme Dieu ? », Gabriel « Force de Dieu » et Raphaël « Dieu guérit ». Le premier est donc chargé de rappeler la grandeur de Dieu, le second de manifester sa puissance, et le troisième de guérir en son Nom.
    Le 2 octobre, quand ce jour ne tombe pas un dimanche, c’est la fête des saints anges gardiens. Des auteurs de l’Église primitive affirment que chacun de nous possède un ange et un démon qui s’occupent de lui ! L’ange attire l’âme vers le bien, le démon vers le mal. Il y a, écrit Hermas, « deux anges pour l’homme : l’ange de la justice et l’ange du mal. L’ange de la justice est délicat, réservé, doux paisible. Quand il entre dans ton cœur, il te parle aussitôt de justice, de sainteté, de tempérance, de toute œuvre juste. Lorsque ces pensées s’élèvent dans ton cœur, sache que l’ange de justice est avec toi. L’ange du mal est au contraire irascible, plein d’aigreur. Reconnais-le à ses œuvres. »
    De cette doctrine sur les anges, la tradition de l’Église n’a voulu retenir que les bons anges, les anges gardiens. Nous sommes tellement experts à nous tenter nous-mêmes que nous n’avons guère besoin d’un démon pour cela. Mais est-ce que nous pensons suffisamment à prier nos anges gardiens ? Et si nous n’y pensons pas, qu’attendons-nous pour le faire ?
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    23 septembre 2022

    Le privé est-il politique ?

    3 min
    Au cours d’une dispute, un homme se laisse aller à gifler sa femme. Celle-ci dépose une main courante, sans intention de médiatiser l’affaire. Mais cet homme est un homme politique, et le monde médiatique s’empare aussitôt du sujet qui occupe en 24 heures autant de place que la guerre en Ukraine. À ceux qui jugent qu’on en fait un peu trop, on répond qu’il le fallait car aujourd’hui « le privé est politique ».
    Ce qui est très étonnant dans cette affaire et dans quelques autres de même nature, c’est que la société en vient aujourd’hui à faire ce qui était violemment reproché à l’Église il n’y a pas si longtemps : s’immiscer dans la vie privée des personnes et légiférer sur les secrets d’alcôves.
    Que la société ait un rôle supplétif à jouer quand la famille est déficiente et quand des drames s’y produisent, c’est l’évidence même. Le principe de subsidiarité, clef de voûte de la doctrine sociale, demande à la fois de ne pas se substituer aux corps intermédiaires – en premier lieu la famille – et de les assister quand ils sont déficients. C’est ainsi que l’État prendra lui-même en charge des enfants dont la vie dans leur propre famille est trop difficile ou dangereuse pour eux. Le rôle de l’État dans l’éducation relève du même principe : le premier lieu de l’éducation est la famille, et c’est seulement pour des raisons pratiques qu’il existe une « éducation nationale ».
    Mais le phénomène auquel nous assistons aujourd’hui est tout autre que supplétif. Par les moyens de communication et la force publique, l’objectif n’est plus de réguler les relations familiales, mais de les transformer de fond en comble. Les restrictions apportées au libre choix par les parents de l’éducation de leurs enfants en sont un signe inquiétant. L’usage du mot « systémique » pour qualifier les violences conjugales en est un autre : celles-ci relèveraient non de comportements individuels répréhensibles, mais d’une conception « patriarcale » et inégalitaire de la famille qui les provoquerait de façon quasi mécanique. Et par voie de conséquence, une caste de nouveaux inquisiteurs serait en droit de revendiquer les pleins pouvoirs pour modifier les règles de la vie familiale et pour sanctionner les manquements à ses injonctions.
    Dès 1951, dans L’homme révolté, Albert Camus mettait en garde contre l’avènement d’une société d’« asservissement intellectuel » tentant d’édifier une nouvelle Église qui s’arrogerait un rôle prescriptif et punitif sans s’embarrasser de références à Dieu. Reprenant la formule célèbre de Marx selon laquelle, dans la cité communiste, le gouvernement des personnes céderait le pas à l’administration des choses, il dénonçait un régime dans lequel ce passage « du gouvernement des personnes à l’administration des choses » avait été réalisé « en confondant la personne et la chose. » L’idéologie soviétique avait fini par chosifier les personnes, créant une caricature d’Église qui, au lieu de les faire grandir en humanité, les transformait en esclaves. Ce qu’une idéologie a fait, d’autres idéologies peuvent le faire à leur tour.
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    16 septembre 2022

    Une nouvelle offensive de la culture de mort !

    3 min
    Notre société est ainsi faite qu’elle ne renonce jamais à une évolution dite « sociétale » tant qu’elle ne l’a pas obtenue. La stratégie se déploie toujours en deux temps : un temps long et un temps court. Le temps long consiste à préparer l’opinion à accepter, et même à désirer, un changement législatif qui est en réalité un renversement copernicien dans le domaine moral. On procède alors par petites touches sur le mode compassionnel : prenez par exemple la Gestation pour Autrui, jusque-là réprouvée pour ce qu’elle est, une pratique révoltante qui instrumentalise les êtres humains. On vous explique qu’il y a des GPA « éthiques » (en se gardant bien de vous dire pourquoi certaines seraient éthiques et d’autres non), et on vous fait écraser une larme sur les dizaines de bébés qui attendent en Ukraine leurs parents d’intention… En propagande, cela s’appelle de l’intox. Ensuite vient le temps court : on organise une « large consultation nationale » en expliquant qu’on en tiendra le plus grand compte, mais on ne tient compte en réalité que des lobbies qui poussent toujours dans le même sens, après quoi la loi est votée dans un touchant consensus. Et on vous assure qu’on a fait très attention à bien « encadrer » une pratique. Mais les « encadreurs », comme c’est leur métier, ne sont là en définitive que pour mettre en valeur le tableau.
    C’est ce qui est en train de se passer à propos du suicide assisté. Aucun doute n’est permis sur le but recherché, mais le même processus hypocrite est mis en marche. Aussi vaut-il la peine de réfléchir aux inquiétudes que viennent d’exprimer courageusement huit membres sur les 47 du Comité national d’éthique. Ces inquiétudes, les voici : 1/ quel message enverrait le suicide assisté à la société ? 2/ quel message enverrait-il aux personnes gravement malades, handicapées ou âgées, qui souffrent déjà d’une exclusion sociale et qui seraient encouragées à penser que certaines vies ne méritent pas d’être vécues ? 3/ quel message enverrait-il enfin au personnel soignant, en contradiction totale avec le serment d’Hippocrate et dans la situation alarmante où se trouve notre système de santé ?
    Une fois de plus, il appartiendra à chacun de nous d’engager toutes ses forces dans le combat pour le respect de toute vie, de la conception à la mort naturelle.
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    2 septembre 2022

    Une rentrée pontificale

    3 min
    Une rentrée qui ne soit pas sous le signe de la morosité ambiante, est-ce possible ? Oui c’est possible, et c’est ce qu’ont vécu pendant la semaine du 22 au 27 août près de trois mille jeunes servants d’autel venus de toute la France pour un pèlerinage à Rome.
    À vrai dire, ce pèlerinage national, il y avait longtemps qu’on en parlait. Mais la crise du Covid était passée par là et avait contraint à le reporter plusieurs fois d’une année sur l’autre. Beaucoup s’étaient découragés, mais d’autres s’étaient déclarés partants, et dans notre diocèse une trentaine de jeunes ont finalement pu s’embarquer pour Rome sous la houlette des Pères Lanchet et Riès, accompagnés de deux mamans et de deux servants aînés.
    L’évêque de Blois était aussi de la partie, et il ne s’était pas trop fait prier, ravi de retrouver pour quelques jours cette ville où il avait jadis fait ses études. J’ai donc eu la joie de servir de guide au groupe pendant les temps libres dont nous disposions, c’est-à-dire en général durant les après-midis. Les matinées étaient consacrées chaque jour à la découverte d’une basilique majeure pour y célébrer la messe et méditer sur la manière dont son saint patron avait répondu à l’appel du Christ : nous sommes donc passés par saint Jean de Latran, puis par saint Paul hors-les-murs, puis par sainte Marie Majeure, et enfin par saint Pierre, avec des catéchèses et des liturgies qui ont beaucoup touché les jeunes.
    Mais le moment sans doute le plus marquant a été la rencontre avec le Pape, d’où le titre de cette chronique : « une rentrée pontificale » ! Le Saint-Père nous est apparu fatigué, ayant de plus en plus de mal à marcher, mais visiblement très heureux de rencontrer tous ces jeunes français qui le saluaient avec enthousiasme, et aussi très attentif à leur donner un enseignement à la fois simple et nourrissant pour leur vie de foi et leur croissance en humanité. À la sortie de la salle des audiences se tenaient des journalistes, et le hasard a voulu que la télévision catholique KTO jette son dévolu sur nos jeunes blésois, très heureux et honorés de pouvoir raconter à d’autres ce qu’ils avaient vécu.
    En terminant, un merci tout particulier aux généreux paroissiens qui ont aidé financièrement à la réalisation de ce pèlerinage dont nos jeunes loir-et-chériens se souviendront certainement longtemps encore.
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    1 juillet 2022

    Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ?

    3 min
    Le bon sens est-il la chose du monde la mieux partagée ? On est contraint de mettre un point d’interrogation à la fameuse réflexion de Descartes quand on observe ce qui est en train de se passer aux États-Unis et l’onde de choc que cela provoque en France.
    Le bon sens paraît en effet gravement atteint chez toute une frange de la population de ce pays qui se dit hostile à l’avortement, au motif tout à fait fondé qu’il s’agit de la suppression d’une vie humaine, et qui exige en même temps que les armes restent en vente libre, avec la perspective inéluctable de la mort de centaines d’innocents à la merci du premier tueur venu.
    Mais le bon sens ne semble pas plus répandu dans le camp opposé, qui milite à juste titre pour une règlementation sévère du commerce des armes, voire même pour sa suppression, mais considère en même temps comme un progrès majeur de la civilisation le fait de pouvoir tuer des enfants dans le sein de leur mère.
    Les premiers se réclament de leur droit de se défendre et de protéger leurs biens, sans avoir conscience que ce droit insulte les droits les plus élémentaires dès lors qu’il précarise la vie d’autrui. Les seconds proclament haut et fort le droit de disposer de son corps, sans se rendre compte qu’en l’occurrence il s’agit d’abord du corps d’un autre, le plus faible et le plus petit, celui qui n’a aucun moyen de plaider sa cause et de se défendre contre l’agression visant à le supprimer.
    Et pour couronner le tout, nos politiques en mal de consensus, qui ont grandi de l’autre côté de l’Océan au pays de Descartes, voient dans ce débat biaisé l’aubaine qu’ils cherchaient en vain. Incapables de se mettre d’accord pour chercher ensemble le bien commun, les voilà prêts à un grand vote de salut public, où, le cœur sur la main et l’écharpe tricolore en bandoulière, ils déclareront « droit fondamental » et graveront dans le marbre de la Constitution ce que la loi Veil de 1976 appelait une « dépénalisation ». Si vous cherchez ce mot dans le dictionnaire, vous trouverez qu’il s’agit de renoncer à sévir contre un délit que l’on punissait jusque-là : en aucun cas de se mettre tout à coup à appeler « droit fondamental » ce qui était auparavant regardé comme un acte de mort.
    Me sera-t-il permis d’exprimer un souhait ? Si seulement un sujet comme celui-là pouvait cesser de rendre tout le monde hystérique et si les uns écoutaient les arguments des autres, on aurait lieu d’être un peu plus fier de notre humanité. Oui la détresse des femmes est une réalité ; oui l’avortement sera toujours un acte de mort. N’est-il donc pas possible de n’entendre dans les médias qu’un seul et unique son de cloche ? N’est-il donc pas possible d’arrêter de considérer a priori que ceux d’en face sont des monstres ou des fascistes ? « Descartes, reviens, ils sont devenus fous ! »
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    24 juin 2022

    Gouvernable, ingouvernable

    3 min

    Un pays sans majorité absolue à l’assemblée est réputé « ingouvernable ». Mais qu’on franchisse le Rhin, les Alpes ou les Pyrénées, on trouvera d’autres pays également sans majorité absolue et qui sont malgré tout gouvernés.

    Sans faire de facile jeu de mots, on peut dire que « gouvernable » et « ingouvernable » sont des notions… relatives et non pas absolues. Elles dépendent de la culture politique du pays où l’on se trouve : culture de l’hégémonie chez les uns, culture du compromis chez les autres. Nous autres français souffrons peut-être d’une incapacité native à concevoir l’art de gouverner autrement que comme une quasi dictature de la majorité. Cela pourrait être à l’origine de la sacralisation typiquement française du scrutin majoritaire, dont la principale vertu est de gonfler les majorités, de les rendre monstrueuses jusqu’à ce que, comme la grenouille de la fable, elles finissent par crever de leur propre enflure en se fissurant au gré de l’apparition de frondeurs en leur sein.

    Le moment si particulier que traverse la France est sans doute un des symptômes de la crise profonde de notre démocratie. Il invite à réfléchir à frais nouveaux sur les impasses de notre société individualiste et libertaire.

    Dans ce contexte de crise, les politiques sont fréquemment confrontés aux sautes d’humeur des électeurs (par exemple quand ceux-ci leur refusent une majorité juste après les avoir reconduits dans leur charge) : ils peuvent alors méditer sur les mérites d’une culture du compromis. Mais il me semble qu’ils devraient aller plus loin et plus profond : se demander s’ils ont su respecter les bases non démocratiques sur lesquelles doit être établie la démocratie. Car les fondements les plus essentiels des sociétés humaines ne peuvent pas être démocratiques : la vérité n’est pas démocratique, ni la beauté, ni le bien et le mal – d’où l’absurdité de la phrase de Jacques Chirac : « pas de loi morale qui prime la loi civile ». Pour que perdure la démocratie, il faut nécessairement qu’il y ait en elle du non démocratique, reconnu et accepté par tous. Et c’est en référence à ce non démocratique – l’intérêt supérieur du pays et le bien commun par exemple – que des majorités de compromis pourront effectivement gouverner. Il n’est plus besoin alors de majorité absolue : il faut et il suffit que l’absolu soit reconnu là où il est vraiment : dans ce qui transcende les volontés et les caprices individuels et relie les hommes ensemble. C’est là que redevient possible ce qui, selon Aristote, constitue la base de la cité : la philia, l’amitié entre les personnes. Car la vie en commun est un fait de nature : de la famille au village et du village à la cité, les communautés naturelles s’emboîtent les unes dans les autres. Selon Rousseau, l’individu est « un tout parfait et solitaire » ; mais vingt et un siècles plus tôt, Aristote avait déjà réfuté cette affirmation en rappelant que l’homme est « incapable de se suffire à lui-même, il n’existe que comme partie d’un tout ».

     

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    17 juin 2022

    Encore le synode

    3 min
    Une étape importante du processus synodal voulu par le Pape François vient d’être franchie : la phase nationale vient de se conclure avec une assemblée plénière extraordinaire des évêques de France qui s’est tenue à Lyon ce mardi et ce mercredi 14 et 15 juin.
    Une assemblée d’évêque n’est pas un événement synodal, mais collégial : c’est une même catégorie de personnes (les évêques en l’occurrence) qui y participe. Mais l’assemblée que nous venons de vivre aurait manqué son but si elle avait été seulement collégiale : puisqu’il y était question de synodalité, il fallait que des représentants du peuple chrétien n’appartenant pas au clergé y participent. C’est ce qui s’est fait avec l’invitation des référents, hommes et femmes, que chaque diocèse avait désignés pour piloter le processus. Dans notre diocèse c’était Sophie Rogez qui avait accepté cette responsabilité.
    À Lyon, nous avons commencé par nous mettre à l’écoute de l’Esprit Saint. Cela s’est fait mardi matin sous la forme d’un pèlerinage sur la colline de Fourvière. Nous avons prié devant la maison de Pauline Jaricot, béatifiée le 22 mai dernier ; puis nous avons médité sur la portée spirituelle du synode et célébré l’eucharistie dans la basilique de Fourvière. Le travail débutait ensuite l’après-midi dans les superbes nouveaux locaux de l’Université catholique de Lyon, sur le site de l’ancienne prison Saint-Paul. Travail en grand groupe (entrecoupé de témoignages impressionnants, comme celui de personnes handicapées), et travail en ateliers.
    On aurait tort d’imaginer que ce travail était purement formel et le consensus déjà acquis : ce fut tout le contraire ! C’est ainsi que l’« avant-projet de résolutions » qui avait été préparé a été rejeté en bloc, aussi bien par les évêques que par les autres participants. Nous avons donc remis notre ouvrage sur le métier, après quoi une équipe a travaillé jusqu’à 2 heures du matin pour mettre en forme un nouveau texte. De quoi s’agissait-il ? De permettre aux évêques d’exercer leur mission de discernement à propos de la collecte des contributions au Synode venues de tous les diocèses. Le nouveau document d’accompagnement issu de ce travail sera envoyé à Rome en même temps que la collecte, constituant notre synthèse nationale.
    Et maintenant, que va-t-il se passer ? Maintenant va être enclenchée une phase continentale du processus, prélude à la phase universelle qui se tiendra à Rome en 2023 avec le synode des évêques proprement dit. Mais il n’est pas question de se laisser vivre d’ici là : le travail de réflexion entrepris partout constitue un formidable réservoir d’idées et de suggestions stimulantes pour nos Églises diocésaines. Comme l’exprime le document d’accompagnement, « Les désirs, les rêves, les regrets, les reproches que nous avons entendus sont nourris de la volonté d’être une Église plus transparente à son Seigneur et servant mieux les femmes et les hommes auxquels nous sommes envoyés. »
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    10 juin 2022

    Confirmation des adultes

    3 min
    « Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés de joie », dit Jésus dans son discours d’adieu (Jn 15, 11). La joie dont il parle, c’est Quelqu’un, dont le nom est Esprit Saint. Il est donné gratuitement à qui le demande : « demandez et vous recevrez, pour que votre joie soit complète » (16, 24).

    Il est impressionnant de voir à quel point le don de l’Esprit Saint est désiré, dès que ceux qui l’ignorent en entendent parler. Ce qui parfois leur pose problème, c’est que ce don doive passer par la médiation de l’Église, à qui Jésus a dit : « recevez l’Esprit Saint » (Jn 20, 22) – sous-entendu : non pour le garder, mais pour le donner. Mais ceux qui cherchent sans préjugés se rendent compte que l’Église est en quelque sorte la Maison de l’Esprit Saint, qu’elle ne se comprend que comme mystère d’habitation de Dieu au milieu des hommes. Alors, cette Église dont ils étaient parfois si loin auparavant, ils se mettent à l’aimer. À l’aimer et à comprendre que sa vie, sa beauté, sa croissance dépendent d’eux aussi. Alors, ils ont envie d’en être des membres vivants, et de donner à leur tour de leur temps et de leur peine pour qu’elle soit belle et attirante, et pour que l’humanité privée d’espérance voie briller une lueur de l’espérance qui ne déçoit pas.

    Ces hommes et ces femmes, brûlés d’un feu qui ne consume pas, baptisés dans l’Esprit Saint et le feu, ils sont encore parmi nous comme au temps des apôtres. Ils se lèvent là où on ne les attendait pas, et souvent sans s’y être eux-mêmes attendus. Ils disent que leur vie a été transformée, le jour où, le plus souvent à l’improviste, ils ont rencontré des témoins eux-mêmes brûlés de ce feu. Le témoin peut avoir été tout simplement le conjoint : en se préparant à bâtir leur vie avec lui ou avec elle, les confirmands ont décelé un mystère, un amour enraciné plus profond, une relation antérieure à tout autre relation, et ils ont décidé, comme Moïse, de « faire un détour » pour mieux voir cette chose étonnante, ce buisson qui brûle, et qui pourtant « ne se consume pas » (Ex 3, 3).

    Ils étaient là, rassemblés dans la cathédrale Saint Louis de Blois, le samedi 4 juin veille de Pentecôte. Entourés par des chrétiens venus de tous les coins du diocèse, ils étaient signes pour cette assemblée, et cette assemblée était signe pour eux : signe humble mais évocateur de ces croyants issus de toutes les nations qui sont sous le ciel, présents à Jérusalem le jour de la Pentecôte.

    C’est ainsi que, chaque fois que l’Esprit Saint est reçu dans le sacrement de confirmation, nous sommes témoins à la fois de la naissance de l’Église et, déjà, de son accomplissement. C’est de là que vient notre joie, cette joie dont Jésus nous a dit que personne ne pourrait jamais nous la ravir (Jn 16, 22).
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    3 juin 2022

    Tous invités le 4 juin

    3 min
    Malgré le pont de Pentecôte qui peut inciter à prendre le large, tout le monde est invité ce samedi 4 juin à la basilique Notre-Dame de la Trinité pour un retour diocésain du chemin synodal parcouru par près de 80 groupes qui représentent près de 600 personnes à travers tout notre diocèse.
    Cette démarche synodale commencée le 17 octobre 2021 venait juste après l’année Laudato si’ que nous avions vécue sous le signe de la conversion écologique, et on pouvait se demander si le lancement d’un nouveau sujet ne se heurterait pas à des réactions de lassitude. Cela n’a pas été le cas, et on ne peut que s’en réjouir : notre Église diocésaine est bien vivante !
    Trois questions avaient été proposées aux membres des groupes qui se constituaient spontanément : « dialoguer dans l’Église et la société », « coresponsabilité dans la mission », « autorité et participation ». Les groupes se sont saisis de ces trois thématiques et ont échangé dans une totale liberté. Plusieurs groupes ont veillé à intégrer des personnes peu familières de la pratique dominicale, voire même assez éloignées de l’Église, et ces personnes ont été respectées dans leur cheminement propre et assurées que leurs questions et remarques seraient prises en compte au même titre que celles des chrétiens plus engagés.
    Sans trahir de secret, on peut dire qu’en général les personnes se sont dites heureuses de l’accueil qu’elles recevaient quand elles entraient en contact avec les communautés paroissiales. Beaucoup d’entre elles ont tenu à dire leur reconnaissance aux prêtres qui sont à leur service et leur souci de les soutenir dans leur ministère et de veiller à ce qu’ils ne soient pas seuls. Pour autant, les questions et interpellations ont été fréquentes et incisives à propos de la place des femmes dans l’Église, ou encore de l’attitude de l’Église face aux questions de société. Même si tout ne se ramène pas à des questions de communication, une meilleure communication est souvent souhaitée, aussi bien à l’intérieur des communautés chrétiennes qu’entre l’Église et la société.
    Si vous voulez en savoir plus, vous êtes les bienvenus ce samedi de 15 heures à 17 heures 30, sans oublier les confirmations des adultes qui concluront la journée à la cathédrale à 18 heures 30.
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    27 mai 2022

    L'Ascension pour le don

    3 min
    Comment rendre compte du mystère de l’Ascension du Seigneur ? D’abord en le prenant au sérieux. Quoi qu’on puisse penser du terme « ascension », il s’agit en premier lieu de quelque chose qui arrive au Christ ressuscité, et non d’un simple procédé pédagogique destiné à faire comprendre aux disciples que désormais ils ne le verront plus.
    L’Ascension est le terme de la glorification de Jésus. Sans elle, cette glorification ne serait pas complète, car c’est l’Ascension et elle seule qui lui confère la souveraineté sur toutes choses. C’est elle qui permettra aux Apôtres de dire : « Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous avez crucifié » (Actes 2, 36).
    Par l’Ascension, celui qui dans sa mort était descendu « au plus bas », se trouve maintenant élevé « au plus haut ». Il n’y a donc pas de région de l’univers qui n’ait été visitée par lui ; plus rien qui ne soit touché par le rayonnement de sa puissance de salut, à laquelle les démons eux-mêmes rendent témoignage jusque dans leur refus d’être sauvés. « Dieu, dit l’épître aux Philippiens, l’a exalté et lui a donné le Nom au-dessus de tout nom, pour que tout, au nom de Jésus, s’agenouille au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers » (2, 9-10).
    C’est pourquoi l’Ascension du Seigneur auprès du Père est la condition du don de l’Esprit. « Si je ne pars pas, disait Jésus, le Paraclet ne viendra pas vers vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai » (Jean 16, 7). L’Ascension est un départ pour une venue, un retrait pour un don. Et le signe qu’elle a porté son fruit, ce sont des vies qui accueillent ce don pour devenir à leur tour des vies données.
    Telle est la source de notre joie et de notre action de grâce dans toute la période entre Ascension et Pentecôte. Le Seigneur monté aux cieux demeure en nous par le don de l’Esprit qui nous affermit dans l’espérance d’aimer à notre tour comme Il nous a aimés. Entre la foi pascale et la charité répandue en nos cœurs à la Pentecôte, la fête de l’Ascension tisse le lien de l’espérance.
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    20 mai 2022

    UN MIRACLE DE PAULINE JARICOT

    3 min
    Jean-Pierre Batut témoigne de la puissance de la prière

    Le futur papa et la future maman se réjouissaient d’avance de la naissance attendue du petit septième. Tout allait jusque-là du mieux possible. Mais ce soir de 2013, vers 23 heures, mon téléphone sonne. C’est lui Marc, le futur père, et il est en larmes. Sa femme est partie aux urgences, dans un état préoccupant. Et le verdict est tombé : c’est un cas très rare de grossesse à risque où le fœtus empoisonne le sang de la mère. Dans un tel cas, une IMG paraît être la seule solution et il faut la pratiquer au plus vite. Et d’ailleurs, ont ajouté les médecins, on est sûrs et certains que le fœtus n’est pas viable.
    Me voilà parti à l’hôpital. J’arrive dans la chambre, ils sont là tous les deux. Laure, recroquevillée sur son lit, m’adresse un sourire qui dissimule mal son angoisse. Je me veux rassurant, pacifiant, mais je n’en mène pas large : prions d’abord ensemble, puis je vous donne le sacrement des malades, et de toute façon il est trop tard ce soir pour prendre des décisions, on verra demain matin… Nous prions, Laure reçoit le sacrement, et juste avant de partir, mû par une inspiration, je lui dis : « il faut prier Pauline Jaricot ! »
    J’ai rarement passé une aussi mauvaise nuit, me réveillant tous les quarts d’heure. Le matin arrive, je me lève aussi peu en forme que possible et j’essaie de prier. Pas d’appel téléphonique. Je n’ose prendre l’initiative. La matinée s’avance, les heures passent : toujours rien. Je vais finir par appeler…
    Tout à coup mon téléphone sonne. Je me précipite : c’est Marc. Sa voix a complètement changé, si bien que je suis tout étonné. Il me dit : « ça y est ! » Ça y est quoi ? « Mais Pauline, Pauline Jaricot ! » Mais que s’est-il passé avec Pauline Jaricot ? « Eh bien ce matin très tôt les médecins ont examiné ma femme, elle n’a plus aucun symptôme. Ils ont dit qu’ils n’y comprenaient rien, mais que la médecine n’a pas réponse à tout, et qu’il ne lui restait plus qu’à rentrer chez elle et à rester allongée le plus possible jusqu’à la naissance. »
    Voilà une nuit dont je me souviendrai. Je me précipite à l’hôpital et je trouve la future maman rayonnante. On l’aide à préparer ses affaires pour repartir. Je lui dis : « vous avez bien prié Pauline Jaricot ? » Elle me répond : « j’étais tellement affolée que j’ai prié aussi tous les saints du paradis, mais j’ai prié surtout Pauline Jaricot ! »
    Quelques mois plus tard naissait un beau petit garçon, qui a 8 ans et demi aujourd’hui et qui est plein de vie. Il aime bien Pauline Jaricot dont il connaît la vie par cœur.
    Pauline Jaricot, fondatrice de la Propagation de la Foi et du Rosaire vivant, sera béatifiée à Lyon ce dimanche 22 mai.
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    6 mai 2022

    Jeanne d'Arc a encore beaucoup de chose à nous dire

    3 min
    À Orléans ce dimanche, à Rouen le 22 mai, seront célébrées les festivités en l’honneur de Jeanne d’Arc. Une sainte qui a fait la guerre, voilà quelque chose qui n’est pas banal, et qui peut même heurter nos mentalités modernes.
    Mais comment Jeanne d’Arc a-t-elle fait la guerre ? Cette question est plus importante que jamais dans le contexte où nous vivons. Elle a fait la guerre sans l’expérience qu’on pensait nécessaire pour la faire et pour mener les armées à la victoire : elle ne l’a pas faite en guerrière, mais en visionnaire et en prophète. Non seulement parce qu’elle a obéi à ses « voix », mais aussi parce qu’elle a vu, comme tous les vrais prophètes, ce qui était caché aux yeux de l’opinion publique – comme on ne disait pas encore : l’injustice faite à un pays et la soumission du droit à la force. C’est ce qui lui a donné d’emblée une supériorité morale évidente devant les intrigues de cour et l’opportunisme des puissants qui, la voyant plus tard dans l’adversité, se sont empressés de l’abandonner.

    On pourrait même dire, sans forcer le paradoxe, que Jeanne a fait la guerre avec amour. Amour des faibles et des humbles d’abord, qui sont toujours les premières victimes des guerres ; mais aussi amour des ennemis comme Jésus le demande. Lorsqu’elle prend la tête des armées du Dauphin Charles, elle n’a aucune hostilité de principe contre les Anglais. Elle ne cherche pas à puiser sa force dans une haine qu’elle attiserait dans ce but. Elle ne s’oppose aux ennemis que dans la mesure où ils usurpent une terre à laquelle ils n’ont pas droit : qu’ils rendent les places dont ils se sont emparés, qu’ils restituent « les clefs des bonnes villes qu’ils ont prises et violées en France », comme elle le leur demande solennellement dans la lettre qu’elle leur adresse avant Orléans, et les choses rentreront dans l’ordre. Entre les deux pays, les rapports redeviendront ce qu’ils n’auraient jamais dû cesser d’être : cordiaux et fraternels.
    Bien des gens s’égarent aujourd’hui – à commencer hélas par le président des États-Unis – en s’imaginant qu’un Poutine écrasé et humilié rendra facilement les armes. C’est le contraire qui est vrai. Un ennemi humilié est beaucoup plus dangereux encore qu’il ne l’était auparavant. Il devient prêt à jouer son va-tout, et en l’occurrence nous savons ce que ce va-tout pourrait être. Dans les guerres modernes, nous oublions trop facilement que la volonté d’humilier l’ennemi, si haïssables que soient ses méthodes, contient en germe les conflits à venir, et ne démontre au fond qu’une seule chose : que ceux qui défendent le droit ne valent pas mieux, que ceux qui le bafouent. Puisse le ciel nous préserver de tomber dans ce piège mortel – à la prière de sainte Jeanne d’Arc.
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    29 avril 2022

    Est-ce que tu m'aimes vraiment ?

    4 min
    Ce dimanche 1er mai, troisième de Pâques, retentit dans l’évangile la question de Jésus ressuscité adressée à Pierre : « Est-ce que tu m’aimes vraiment ? » C’est le thème des quatrièmes « JDJ », les Journées diocésaines de la jeunesse du diocèse de Blois, qui ont lieu à Pontlevoy samedi et dimanche avec des jeunes collégiens et lycéens venus des quatre coins du département. Les premières JDJ s’étaient faites à Saint-Aignan en 2017, les deuxièmes à Muides et à Saint-Dyé sur Loire en 2018, les troisièmes à La Ferté Saint-Cyr en 2019, avec à chaque fois un doublement des effectifs. Mais le Covid est arrivé, qui a brisé ce bel élan et nous a contraints à deux années de jachère : cette année est donc une année de reprise, dans le cadre somptueux de l’abbaye de Pontlevoy.

    Lorsque Jésus apparaît à Pierre et aux six autres disciples au bord du lac de Galilée, on a l’impression d’un retour au quotidien : « Je m’en vais à la pêche » dit Simon-Pierre, et les autres le suivent. On est ramenés à la case départ, comme si tout ce que les disciples avaient vécu à la suite de Jésus était une simple parenthèse dans leur vie. Le plus étonnant est qu’ils savent que Jésus est ressuscité, qu’il leur a donné rendez-vous en Galilée (cf. Marc 16, 7), mais rien de tout cela ne semble encore en mesure d’opérer en eux un changement définitif.
    Tout va repartir d’une pêche miraculeuse qui rappelle étonnamment celle à l’issue de laquelle Simon avait été appelé par Jésus en ces termes : « ne crains pas, désormais ce sont des hommes que tu prendras » (Luc 5, 10). Alors, ramenant sa barque à terre et laissant tout, Simon-Pierre avait suivi Jésus, et ses compagnons avaient fait de même.

    Il arrive que le film de notre vie se rembobine ainsi, après que nous avons régressé dans l’amour du Christ. Nous sommes ramenés par grâce à un moment-clef où nous avons fait une rencontre décisive du Seigneur, où nous lui avons dit oui, et il nous regarde à nouveau à partir de ce point de départ. « Est-ce que tu m’aimes vraiment ? » Dans ce « vraiment », on peut bien sûr lire en creux notre infidélité, car pendant tout ce temps où nous avions promis d’être disciples nous ne l’avons pas été totalement, et parfois dans l’usure des jours nous avons renié. Mais ce « vraiment » est aussi une promesse : promesse d’un pardon qui nous ramène au premier jour, promesse d’une force neuve qui nous rendra enfin capables de vivre jusqu’au bout dans le temps la promesse que nous avons faite dans l’instant.
    Les jeunes dont le cœur ne s’est pas endurci ont la grâce d’être encore au contact du premier jour, ouverts à la rencontre, disposés à la réponse qui fait tout quitter pour suivre Jésus. Quand on est jeune on est capable de « donner sa vie comme on jette une fleur », selon la belle expression de Madeleine Daniélou. Nul ne peut savoir à l’avance dans quelle mesure il sera fidèle ; mais nous savons tous que le Ressuscité est capable, parce qu’il croit toujours en nous, de nous reconduire à la grâce du premier jour.
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    22 avril 2022

    L'entre 2 tours

    4 min
    C’est une banalité de dire que notre pays ne va pas bien, et le fait qu’il ne soit pas seul à aller mal ne saurait être une consolation. Il ne va pas bien moralement, il ne va pas bien institutionnellement. Sa vie politique se démarque de plus en plus des institutions qui sont censées la réguler. L’élection du président de la République devient un instrument de protestation contre le pouvoir plus que de délégation de pouvoir. C’est un indice parmi d’autres d’une manière nouvelle et inquiétante de vivre les conflits : avec l’aide des réseaux sociaux où tous les coups paraissent permis, les détestations se moquent de la bienséance et vont parfois jusqu’à s’affranchir des lois elles-mêmes, dégénérant en condamnations à l’emporte-pièce, quand ce n’est pas en insultes et en discours de haine.
    Trop de citoyens font usage de leur droit de vote au moment des élections présidentielles pour protester contre ce qu’il est convenu d’appeler le « système », alors qu’il n’est rien de moins systématique qu’une société humaine avec ses complexités. Qu’importe : on vote pour protester, après quoi on vote pour « faire barrage », c’est-à-dire pour neutraliser les conséquences de sa protestation antérieure. Selon la formule convenue, « au premier tour on choisit, et au second on élimine. » Dès lors, qui s’étonnera qu’à peine la période électorale passée, on retourne bien vite à la protestation et qu’on fasse tout pour empêcher d’agir ceux que l’on a élus ? C’est le retour des « bonnets rouges », des « zadistes », des « gilets jaunes » et autres « antivax » et disciples en tous genres de tribuns et de charlatans de rencontre. Jusqu’à la prochaine échéance électorale où le même processus recommencera, un peu plus aggravé encore que la fois précédente dans un corps social un peu plus délité.
    Les institutions humaines sont à la fois le garde-fou et le produit de l’humanité. En tant qu’elles sont produites, elles manifestent notre génie et notre capacité de sociabilité, voire de fraternité. En tant qu’elles sont un garde-fou, elles mettent en lumière notre versatilité et leur propre fragilité, toujours à la merci des coups que nous leur portons dans des comportements auto-destructeurs. Mais « s’il n’y a plus de représentation, écrit l’auteur des réflexions qui m’inspirent cette chronique1, s’il n’y a plus de médiations, l’alternative est soit le vide, soit la confrontation dans la rue, sur les ronds-points et non dans les assemblées [régulièrement] élues ; sur les réseaux sociaux, et non dans l’espace de discussion et de confrontation organisé par les professionnels de l’information ». Ajoutons aussi : par ceux qui ont mission d’élever les débats et de placer les citoyens devant les grandes questions philosophiques auxquelles personne ne peut échapper. Afin que la parole, créatrice de liens, ne soit pas remplacée par la violence aveugle et surtout désespérée.
    Quand donc nos politiques aborderont-ils la question du sens ? Quand donc cesseront-ils de ne parler que du pouvoir d’achat et de s’écharper sur des programmes sans âme ? Peut-être quand ils auront cessé de parler et d’agir comme si le sens n’intéressait pas leurs électeurs. Ce moment pourrait être plus proche qu’on ne le pense ; mais en attendant, le débat de l’entre-deux-tours est révélateur par les sujets qu’il passe sous silence plus encore que par ceux qu’il aborde.
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    15 avril 2022

    Saint Thomas dans tous ses états

    3 min
    Dans les documentaires, les journalistes ont souvent l’habitude de suivre un personnage pour nous présenter les événements à travers sa vie quotidienne : ce sera un médecin pendant la crise du Covid, un soldat pendant la guerre en Ukraine, un candidat à une élection…
    Pourquoi ne pas faire de même pendant la Semaine Sainte ? Je vous propose la figure de saint Thomas. Vous savez, celui qui fait reprendre la sempiternelle ritournelle « moi je suis comme saint Thomas, je ne crois que ce que je vois ! » Comme si saint Thomas se résumait à sa prétendue incrédulité, de même que saint Antoine se ramènerait aux objets perdus !
    Thomas vaut bien mieux que cela. Matthieu, Marc et Luc se contentent d’en faire mention, mais saint Jean est plus prolixe. Dans l’épisode de la résurrection de Lazare, il nous le montre courageux, avec un certain panache. Lorsque Jésus décide de se rendre auprès de son ami malade, en dépit des dangers qui le menacent, Thomas dit à la cantonade : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! » (Jn 11, 16).
    À son courage, voire sa témérité, Thomas ajoute une grande curiosité. À la fin du dernier repas, quand Jésus se met à parler du chemin qui conduit là où il va aller, Thomas brûle d’en savoir plus et il interroge Jésus sans détours : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas : comment connaîtrions-nous le chemin ? » Admirable spontanéité qui nous vaut une admirable réponse : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6). Merci Thomas pour ta belle question !
    Et puis, bien sûr, il y a le rendez-vous manqué du soir de Pâques : ils sont tous là, et Thomas n’est pas là. Quelle idée d’être absent le soir où Jésus apparaît ressuscité ! Oui, mais s’ils sont tous là, c’est parce qu’ils sont morts de peur et qu’ils ont barricadé le Cénacle. C’est donc une autre confirmation que Thomas n’a pas peur. Que fait-il dans les rues de Jérusalem à cette heure tardive ? Nous n’en savons rien, mais il est courageux, c’est tout.
    « Oui, oui, dira-t-on, mais il a douté, et ce n’est pas bien de douter ! » Vous trouvez vraiment que les autres étaient des modèles de foi ? Thomas a voulu vérifier, c’est sûr. Mais il a été beaucoup plus loin que cela : il est le premier, dans le Nouveau Testament, à affirmer haut et fort la divinité de Jésus. « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20, 28) : ce n’est pas un acte de foi, ça ? Et quel acte de foi, que personne n’avait fait avant lui !
    En plus de tout cela, Thomas était un bon marcheur : une tradition très ancienne fait de lui l’évangélisateur de l’Inde. Mieux encore : tout récemment, un chercheur nommé Pierre Perrier a pensé trouver des traces de son passage en Chine, où il se serait introduit jusqu’à la cour de l’empereur. Cela n’a pas été du goût du régime très libéral de ce pays, qui l’a interdit de séjour après avoir infesté de virus ses ordinateurs. Mais ceci est une autre histoire.
    Pendant ces fêtes pascales, soyez comme saint Thomas : des amoureux du Christ, votre Seigneur et votre Dieu.
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    8 avril 2022

    MENSONGE ET PROPAGANDE

    4 min
    Dans ma chronique de la semaine dernière, je soulignais qu’un des effets collatéraux des guerres était de faire disparaître la notion même de vérité en recourant sans cesse au mensonge. C’était juste avant la découverte des crimes de guerre commis dans les régions qui viennent d’être reprises par l’armée ukrainienne, et je ne croyais pas, hélas, si bien dire. L’ignominie du mensonge d’État de la part de l’envahisseur russe a dépassé toute mesure, comme si le droit des victimes à vivre était nié une deuxième fois. Selon les autorités russes en effet, les assassinats commis ne sont rien d’autre qu’une « provocation du régime de Kiev », une mise en scène macabre qu’il aurait fabriquée de toutes pièces.
    Ici s’effectue le passage du mensonge à la propagande, qui est elle aussi une forme de mensonge, mais sur une bien plus grande échelle. Le mensonge, dans le cas présent, a pour but de se disculper en accusant faussement l’adversaire de crimes qu’on a soi-même commis. La propagande poursuit un but analogue, mais bien plus large : substituer à une vision du monde fondée sur des constats une autre vision totalement fantasmée, mais cohérente, un semblant de réalité qui se substitue au réel et lui dénie toute pertinence. La propagande des autorités russes aura atteint son but si les citoyens de ce pays sont finalement convaincus non seulement que des Ukrainiens sont les véritables auteurs des crimes de masse commis à Boutcha, mais que les Ukrainiens pris collectivement sont des meurtriers, des barbares et des nazis.
    Il est intéressant de se rappeler la dérive de sens qu’a connue le mot « propagande ». À l’origine il désigne une congrégation romaine, la Congrégation de la Propagande, créée à la fin du 17e siècle ad fidem propagandam, ce qui se traduit « pour propager la foi ». Cet organisme, aujourd’hui appelé « Congrégation pour l’évangélisation des peuples », avait donc pour but de soutenir les œuvres missionnaires dans le monde. Ce sont les régimes dictatoriaux du 20e siècle qui modifieront le sens du mot lorsque, tant du côté nazi que du côté communiste, ils transformeront l’information en bourrage de crâne. C’est ainsi que le régime hitlérien s’était doté d’un ministère de la propagande, sous l’autorité du tristement célèbre Joseph Goebbels.
    Une caractéristique fondamentale de la propagande est de chercher à susciter la haine en proposant une caricature entièrement négative de ceux qu’elle combat. C’est pourquoi l’Évangile est l’exact contraire de la propagande : non seulement parce qu’il exige l’amour des ennemis, mais aussi parce qu’il révèle, derrière les apparences, la vérité de notre condition humaine. Si pécheurs et pervertis que nous soyons, nous sommes aimés d’un amour qui ne nous sera jamais refusé : « je t’aime d’un amour éternel, c’est pourquoi je te conserve ma miséricorde », déclare Dieu par la bouche de Jérémie (31, 3).



    CHRONIQUE RCF 1er AVRIL 2022



    VÉRITÉ ET MENSONGE


    Au moment où Hitler prenait le pouvoir en Allemagne, fin janvier 1933, Fritz Gerlich, rédacteur en chef du journal catholique Der gerade Weg (« le droit chemin ») écrivait ceci : « Le peuple allemand aura honte un jour qu’un chancelier allemand ait pu prononcer à haute voix un programme de gouvernement qui fasse une telle violence objective à la vérité. »
    Pour avoir parlé à propos des discours d’Hitler et des nazis de « violence objective faite à la vérité », Fritz Gerlich sera mis à mort le 30 juin 1934 après 15 mois passés au camp de Dachau. Sa veuve recevra en guise d’avis de décès une boîte en carton contenant ses lunettes maculées de sang.
    « Dans notre pays, écrivait Soljenitsyne à propos de l’Union soviétique, le mensonge est devenu non seulement une catégorie morale, mais aussi un pilier de l’État. » Dans ce pays, le premier précepte du KGB était le suivant : « Tout agent a un cerveau pour surveiller sa langue et dissimuler sa pensée. » Un certain Vladimir Poutine, jadis agent du KGB, a bien retenu la leçon. Et comme il a au
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    31 mars 2022

    Vérité et mensonge

    3 min
    Au moment où Hitler prenait le pouvoir en Allemagne, fin janvier 1933, Fritz Gerlich, rédacteur en chef du journal catholique Der gerade Weg (« le droit chemin ») écrivait ceci : « Le peuple allemand aura honte un jour qu’un chancelier allemand ait pu prononcer à haute voix un programme de gouvernement qui fasse une telle violence objective à la vérité. »
    Pour avoir parlé à propos des discours d’Hitler et des nazis de « violence objective faite à la vérité », Fritz Gerlich sera mis à mort le 30 juin 1934 après 15 mois passés au camp de Dachau. Sa veuve recevra en guise d’avis de décès une boîte en carton contenant ses lunettes maculées de sang.
    « Dans notre pays, écrivait Soljenitsyne à propos de l’Union soviétique, le mensonge est devenu non seulement une catégorie morale, mais aussi un pilier de l’État. » Dans ce pays, le premier précepte du KGB était le suivant : « Tout agent a un cerveau pour surveiller sa langue et dissimuler sa pensée. » Un certain Vladimir Poutine, jadis agent du KGB, a bien retenu la leçon. Et comme il a aujourd’hui en face de lui un Joe Biden dont on ne sait s’il dissimule sa pensée mais dont on est sûr qu’il ne surveille pas bien sa langue, la partie n’est pas égale entre les deux.
    On aurait pu croire que le mensonge disparaîtrait avec le régime communiste : mais il n’a pas disparu car il s’accommode très bien du capitalisme, ce dernier se nourrissant de multiples mensonges et dissimulant le vol et le pillage pratiqués sur des millions de personnes derrière le mirage d’un partage des richesses qu’engendrerait mécaniquement la croissance économique.
    L’éducation à la vérité, c’est-à-dire à ne pas pactiser avec le mensonge et à en assumer les conséquences, est la pierre d’attente de toute vie morale : l’essentiel de l’éducation est donc d’apprendre à ne pas mentir. Car le mensonge ne constitue pas une faute morale parmi d’autres, mais une faute qui pervertit la conscience et qui blesse la dignité humaine.
    La guerre est toujours quelque chose de terrible. La guerre justifiée par des mensonges, comme c’est le cas la plupart du temps, ajoute une mort spirituelle aux morts humaines qu’elle entraîne. C’est pourquoi il est si difficile de se relever d’une guerre : il ne suffit pas d’enterrer les morts, il ne suffit pas de rebâtir les villes, il faut aider l’humanité à croire à nouveau en elle-même. Et c’est le défi le plus difficile à relever quand elle a montré jusqu’où peut aller sa capacité de se mentir sur ses pires comportements.
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    25 mars 2022

    CONSÉCRATION AU CŒUR IMMACULÉ DE MARIE

    3 min
    Consacrer une personne ou un pays, c’est le vouer à Dieu de manière toute particulière pour qu’il lui appartienne. C’est le sens de l’initiative du pape François pour les nations en conflit en cette fête de l’Annonciation du Seigneur, marquée cette année par la terrible guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine.

    En accomplissant ce geste le Pape ne prend pas parti, et ce n’est pas sa mission de le faire. Il souligne lui-même sa volonté de prier pour tous les belligérants : « J’entends accomplir un acte solennel de consécration de l’humanité, et particulièrement de la Russie et de l’Ukraine, au cœur immaculé de Marie ». Plus loin il ajoute qu’il s’agit là d’un « geste de l’Église universelle qui, en ce moment dramatique, porte à Dieu, par sa Mère et notre Mère, le cri de douleur de tous ceux qui souffrent et implorent la fin de la violence. » C’est pourquoi tous les évêques du monde sont priés de s’y associer, afin que cet acte du successeur de Pierre apparaisse vraiment comme un acte de l’Église tout entière.

    Cette consécration revêt une dimension pénitentielle car ce qui est à reconnaître en premier lieu, c’est notre complicité universelle dans le péché qui engendre la guerre. C’est pourquoi l’acte de consécration invite à faire le lien entre le péché de la guerre et les péchés contre la création et contre notre prochain : « Nous avons mutilé par la guerre le jardin de la Terre, nous avons blessé le cœur de notre Père qui nous veut frères et sœurs. Nous sommes devenus indifférents à tous et à tout, sauf à nous-mêmes. Et avec honte nous disons : pardonne-nous, Seigneur ! »

    Mais puisque le Cœur de Marie est à la fois tout proche de nous et tout proche du Cœur de son Fils, la prière de consécration est fondamentalement une prière d’espérance. « Répète à chacun de nous, écrit le Pape : "Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta Mère ?" Tu sais comment défaire les nœuds de notre cœur et de notre temps. Nous mettons notre confiance en toi… Nous avons un besoin urgent de ton intervention maternelle. »

    Comme à Cana, nous sommes sûrs que cette intervention maternelle ne peut pas nous faire défaut. La seule chose qui peut nous faire défaut, c’est la foi. Et c’est bien pour cette raison que Marie, à Fatima, s’est fait si pressante pour que nous nous réfugions dans son Cœur immaculé qui supplée à tous nos manques de foi et d’espérance.
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    18 mars 2022

    LA JOURNÉE MÉMORIELLE DU 20 MARS ET LE 25 MARS

    3 min
    Cette année, partout dans notre pays, les communautés catholiques célébreront la première journée mémorielle sur les abus sexuels. Cette journée est prévue chaque année le vendredi de la troisième semaine de Carême, mais pour marquer la célébration inaugurale la date choisie est à titre exceptionnel le troisième dimanche, c’est-à-dire ce dimanche 20 mars.
    Cette commémoration pourra prendre des formes différentes en fonction des conditions locales, par exemple un chemin de croix. Mais dans la majorité des cas, elle sera incluse dans la messe dominicale qui nous propose, entre autres textes splendides, le récit de la rencontre de Dieu par Moïse à l’Horeb (Exode 3). Lorsque Moïse s’approche pour mieux voir « cette chose extraordinaire » qu’est le Buisson ardent, Dieu lui demande d’ôter ses sandales, car le lieu où Dieu se trouve est « une terre sainte ». On peut en dire autant de ce que Thérèse de Lisieux appelait le « sanctuaire des âmes » : l’intimité de chaque personne est un sanctuaire où Dieu habite et où l’on ne pénètre pas n’importe comment et sans y être invité (comme c’est le cas, par exemple, dans l’accompagnement spirituel). C’est cette présence divine elle-même dans le sanctuaire de l’âme qui est profanée lorsque la confiance d’un être humain, enfant ou adulte, est trahie par un abuseur.

    Dans les cinq diocèses de notre Province (Tours, Chartres, Orléans, Bourges et Blois), nous aurons vécu le 19 mars un grand pèlerinage des pères de famille et des familles à Saint-Joseph : ce pèlerinage sera l’occasion de méditer sur l’exercice de la paternité. Qu’elle soit charnelle ou spirituelle, elle est toujours un mystère d’effacement devant la paternité de Dieu « de qui toute paternité au ciel et sur la terre tire son nom » comme le dit l’épître aux Éphésiens (3, 14). Il ne peut s’agir en aucune manière de supprimer ou de réduire la fonction paternelle ou maternelle, avec ses diverses variantes éducatives, car elle est essentielle à la croissance de tout être humain en responsabilité et en liberté. Mais il s’agit de purifier sans cesse cette mission afin que l’exercice de l’autorité ne cesse jamais d’être interrogé et purifié pour demeurer un service de la croissance des personnes.

    J’ajoute un post-scriptum à cette chronique. Le Pape François renouvellera le 25 mars la consécration de la Russie au Cœur immaculé de Marie, en y ajoutant l’Ukraine. Je redis en terminant la prière que saint Paul VI avait prononcée en 1964 dans les mêmes circonstances :

    «O Mère des hommes et des peuples, Tu connais toutes leurs souffrances et leurs espérances, Tu as un sentiment maternel pour toutes les luttes entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres qui secouent le monde : accueille notre cri adressé dans l'Esprit Saint directement à Ton cœur et… prends sous Ta protection maternelle toute la famille humaine… Que le temps de la paix et de la liberté, le temps de la vérité, de la justice et de l'espoir s'approche pour tous.»

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