Au sujet de l’IVG dans la ConstitutionJe ne peux pas ne pas revenir ici sur l’inscription dans la constitution française de la « liberté garantie » du droit à l’interruption volontaire de grossesse. Car c’est peu dire qu’elle me navre.
N’édulcorons pas les choses : l’avortement consiste à interrompre une grossesse mais aussi une vie humaine, même si beaucoup sont dans le déni à ce sujet. La vie d’un être, d’un nouvel individu doté de tout son patrimoine génétique, commence à la fécondation, comme on peut l’apprendre dans tout cours de sciences naturelles de classe de 4 ème . Prétendre le contraire relève de la désinformation, celle-là même que l’on déclare pourtant vouloir combattre.
La loi Veil visait avant tout à donner un cadre et à réguler les avortements qui se faisaient jusqu’alors dans des conditions dramatiques. Tous ceux qui se réclament de Simone Veil devraient reprendre la nature de ses déclarations devant l’Assemblée Nationale, notamment quand elle disait avec conviction que l’avortement, qui est un drame, doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue. A mon avis, le principal échec de cette loi est de ne pas avoir permis de diminuer le nombre des avortements.
Je n’ignore pas que, dès 1974, il s’agissait aussi de répondre aux revendications féministes qui s’exprimaient dans le slogan « Mon corps m’appartient ». On a ainsi voulu faire de l’avortement un symbole de la libération de la femme. Dans la réalité, il est aussi trop souvent
une violence faite aux femmes. Les statistiques le montrent : les femmes ont d’autant plus recours à l’avortement qu’elles sont démunies, en situation de fragilité financière ou sociale.
Nombreuses sont celles qui avortent contre leur gré, estimant ne pas avoir d’autre choix, sous la pression de leur entourage, notamment masculin. Combien de temps encore faudra-t-il pour qu’on lève cet impensé collectif, comparable à celui qui a entouré les abus sexuels ?
Alors, oui, je suis choqué par les célébrations unanimistes, la pompe républicaine qui a entouré cette modification de la constitution. On est allé jusqu’à faire scintiller la Tour Eiffel !
Va-t-on faire de l’avortement un must du mode de vie à la française, comme l’illustre, de manière très très caustique la dernière une de Charlie Hebdo 1 ? Où est le « respect de l’être humain dès le commencement de la vie » inscrit pourtant dans le Code civil et rappelé dans la loi Veil en 1975 ?
Comment ne pas y voir un nouveau progrès de la culture de mort que dénonçait déjà Jean- Paul II, ou en tout cas d’une sorte de nihilisme, de renoncement aux formes les plus élémentaires de la solidarité humaine, qui nous vaudra aussi la prochaine loi sur l’aide active à mourir, ou pour mieux dire l’euthanasie, annoncée par Emmanuel Macron.