Hauts-de-France
À Lille, il est relativement difficile de se loger. La demande est forte et l’offre insuffisante. Face à ce problème, une solution se dégage : la reconversion d’anciennes usines en logement. Certaines font l'objet d'une vive opposition.
"Présidentielle : la voix des régions", c'est une série d'émissions spéciales à l'occasion de l'élection présidentielle pour donner la parole aux Français. Du 31 janvier au 8 avril, durant six semaines spéciales, des journalistes du réseau RCF vont sillonner six grandes régions françaises à la rencontre des citoyens, pour entendre leur voix sur des sujets essentiels de la campagne.
Du 4 au 8 avril, la région Hauts-de-France est à l'honneur. Chaque jour dans la Matinale RCF, découvrez un reportage de 7 minutes (à 7h12). Rendez-vous le vendredi 8 avril pour une matinée spéciale (de 6h30 à 11h) en direct de Calais.
Il y a encore quelques dizaines d’années, Lille et ses alentours, Roubaix et Tourcoing entre autres comptaient beaucoup d’usines liées au textile. Depuis le début des années 1990 et les délocalisations à l’étranger, beaucoup d’entre elles ont fermé leurs portes.
D’autres l’ont fait plus tard, comme l’imprimerie Québécor-H2D, à Hellemmes près de Lille, qui a fermé en 2012. C’est aujourd’hui une friche de 5 hectares qui va être transformée en 700 logements et un parc à l’horizon 2025. Un bouleversement majeur, assez effrayant pour Marie-Christine. Elle habite face à l’ancienne usine depuis 35 ans et envisage aujourd'hui de déménager. "C'est un projet qui nous fait peur à tous. C'est énorme. On a déjà pas beaucoup de place de stationnement dans notre rue", soupire celle qui aurait préféré que soient construites des résidences seniors.
Il s'agira bien des logements classiques. Le sujet fait réagir sur le marché de la commune qui a des allures de village. La concertation entre élus et habitants est désormais terminée. Le projet va être lancé. "Pour le moment le terrain est libre, il vaut mieux faire des logements", estime Michel, qui travaille sur ce marché depuis 25 ans.
À Lille, un projet de reconversion est devenu particulièrement emblématique. La friche Saint-Sauveur, site acquis par la mairie en 2017. 23 hectares entièrement dédiés autrefois à une usine ferroviaire. Aujourd’hui cela ressemble plutôt à un terrain vague, avec des potagers et des arbres plantés récemment. Différentes associations ont planté leur drapeau dans cette "ZAP", "zone à protéger".
Elles occupent quelques hectares à l'extrémité de cette friche pour la protéger d’un très grand projet de 2400 logements, de commerces et d’une piscine olympique porté par la mairie et la métropole de Lille. "Ça nous semble aberrant de détruire ce lieu de nature. C'est le dernier endroit où on peut aider la nature à se développer. Si on met à plat tous les arguments, on en arrive à la conclusion qu'on ne peut pas construire ici", assure Bénédicte Vidaillet, coprésidente de l’association PARC (protection aménagement réappropriation collective) de Saint-Sauveur.
Le projet est pour l’instant arrêté. Plusieurs associations ont engagé une procédure de référé en 2018. En octobre dernier, le tribunal administratif de Lille a annulé pour vice de procédure deux délibérations de la métropole de Lille, notamment car l’étude d’impact sur la qualité de l’air a été jugée insuffisante. La mairie de Lille n’a pas dit son dernier mot. "Ce pour quoi les terrains ont été acquis c'est la mobilisation du foncier public pour le logement. La responsabilité politique c'est d'offrir une réponse à ce droit légitime au logement et d'offrir un cadre de vie de haute qualité", souligne Stanislas Dendievel, adjoint en charge de l’urbanisme et de la nature.
La mairie soutient l’idée de créer un éco-quartier, sans voiture, avec une majorité de logements sociaux. Il y a aussi depuis plusieurs années un espace de concert et des entreprises installées dans les bâtiments de cette ancienne gare.
C’est l’argument n°1 brandi par les élus : la reconversion permettrait de pallier le manque de logements disponibles dans la métropole lilloise. "À partir du moment où il y a un besoin de logement, et qu'on a une matière, il est important de pouvoir la reconvertir. Cela permet de répondre aux besoins en matière de logement", explique Emmanuel Chambat, président de l'antenne Nord de la Fédération nationale des agents immobiliers (FNAIM).
L'Etat contribue à ce développement avec son "Fonds Friches" : 600 millions d’euros pour aider à la renaissance de ces anciennes usines. 12 projets ont été sélectionnés dans la métropole lilloise.
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