Hauts-de-France
À Oignies (Pas-de-Calais), un ancien site minier a été restauré sous l'impulsion de programmes dédiés. Il y a 10 ans, le bassin minier a été inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Un passé et un patrimoine ouvrier aujourd'hui revalorisés.
"Présidentielle : la voix des régions", c'est une série d'émissions spéciales à l'occasion de l'élection présidentielle pour donner la parole aux Français. Du 31 janvier au 8 avril, durant six semaines spéciales, des journalistes du réseau RCF vont sillonner six grandes régions françaises à la rencontre des citoyens, pour entendre leur voix sur des sujets essentiels de la campagne.
Du 4 au 8 avril, la région Hauts-de-France est à l'honneur. Chaque jour dans la Matinale RCF, découvrez un reportage de 7 minutes (à 7h12). Rendez-vous le vendredi 8 avril pour une matinée spéciale (de 6h30 à 11h) en direct de Calais.
Au 9-9 bis, un des sites de la mémoire minière du Pas-de-Calais, le paysage ne trompe pas. Le terril, colline emblématique de résidus miniers, et le chevalement, qui permettait aux mineurs de descendre au fond, sont là pour nous rappeler que c’est ici qu’en 1842 le charbon a été découvert pour la première fois en France.
Les lieux sont presque intacts. Notamment la "salle des pendus", "un grand ensemble qui permettait d'accueillir 2000 mineurs", explique Nicolas Joly, le directeur technique de l’établissement public de coopération culturelle du 9-9 bis, qui travaille dans les anciens locaux des mineurs. "On a conservé les cintres qui permettaient d'accrocher les vêtements des mineurs pour faciliter le stockage et le séchage. L'extraction charbonnière s'est arrêtée au début des années 1990 et tout est resté là un peu en plan", retrace-t-il.
L’année 1990 signe la fin d’une période prospère dans le Nord-Pas-de-Calais. Une fin synonyme de déclin pour toute une population. Dans ce territoire, le taux de chômage est supérieur à la moyenne nationale, environ 10 % contre moins de 8 % en moyenne en France.
Mais depuis 10 ans, le bassin minier connaît un nouvel essor. Il a été inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco en 2012. De quoi faire changer le regard des habitants sur leur patrimoine du quotidien. "C'est la redécouverte de la valeur d'une histoire humaine, la restauration d'une dignité. On a eu l'image parfois d'un paysage repoussoir avec les friches industrielles, cette longue histoire douloureuse de la reconversion qui chez nous n'est pas achevée", explique Catherine Bertram, directrice de la mission Bassin Minier, qui œuvre à l’aménagement de ce territoire.
Plusieurs années plus tard, en 2017, l’engagement pour le renouveau du bassin minier (ERBM) est acté. Un programme sur 10 ans qui vise à réhabiliter et revaloriser les cités minières, grâce à un fonds de 100 millions d'euros. 35 cités sont concernées, environ 23.000 logements. Certaines rénovations étaient déjà en cours depuis les années 1970, avec des mises aux normes assez classiques.
L’inscription au patrimoine mondial a permis de penser autrement les travaux. "Est-ce qu'on considère qu'une maison est une passoire thermique ? Qu'une cité est un ghetto ? Ou est-ce qu'on considère que c'est une cité-jardin qui nécessite une attention particulière ? [...] Il faut se poser des questions sur la manière dont on habite son logement. L'inscription à l'UNESCO a permis de reposer toutes ces questions", se souvient Raphaël Alessandri, architecte et directeur d’études à la mission bassin minier.
"C'est aussi un patrimoine exceptionnel. C'est un livre ouvert sur toute l'histoire de l'habitat patronal. Il y a une valeur sociale, environnementale, culturelle. C'est surtout assumer le fait qu'on apporte la qualité architecturale au cœur des quartiers sociaux", insiste Raphaël Alessandri.
Mais au-delà de la seule question des logements, c’est tout l’espace public qui fait peau neuve. Sur le site du 9-9 bis, une salle de concert a vu le jour en 2013 : le Métaphone. Elle reçoit des artistes de musiques actuelles. Plus qu’une simple salle de concert d’ailleurs puisque le bâtiment lui-même produit de la musique grâce à des instruments installés sur sa façade.
"Dans des territoires comme celui-ci, c'est toujours un peu compliqué d'amener les gens vers la culture. Il y a une nécessité aujourd'hui pour toutes les collectivités d'apporter un service culturel pour les habitants parce que ça contribue à l'attractivité des lieux", détaille Nicolas Joly.
Un autre exemple emblématique est bien sûr l’ouverture du Louvre-Lens, il y a 10 ans. Mais les retombées économiques se font toujours attendre. C’est ce qu’on appelle communément "l’effet Bilbao", du nom de la ville espagnole dans laquelle a été ouvert le musée Guggenheim. L’idée qu’une installation culturelle peut redresser la vie économique locale. Un effet ici discuté.
"Le musée et l'inscription ont provoqué des chocs d'image. Par contre, on ne peut pas leur demander de tout faire. C'est ce que vous en faites qui est important. Nous, ça a été pensé comme un levier de développement. Cela donne une idée, mais pas le chemin", estime Catherine Bertram.
Même si certaines retombées économiques sont là, avec le tourisme notamment, il reste du chemin à parcourir pour le bassin minier. Catherine Bertram espère notamment du prochain président ou de la prochaine présidente de la République des avancées côté transports. Plus particulièrement un lien rapide entre métropole lilloise et bassin minier, sujet sur la table depuis 2001.
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